Un soupir de soulagement a parcouru la salle d'audience, mardi 4 juin, quand le tribunal maritime du Havre a rendu son jugement. Celui des très nombreux sauveteurs en mer venus soutenir l'un des leurs, poursuivi après le naufrage du Breiz, survenu pendant son remorquage par la SNSM, au large des côtes du Calvados, le 14 janvier 2021. Trois marins pêcheurs originaires du Cotentin, Quentin Varin, Jimmy et Steven Gibert, avaient péri dans ce drame.
Le capitaine de la SNSM relaxé
Philippe Capdeville, le capitaine du canot tout temps de Ouistreham, poursuivi pour négligence et faux dans le journal de bord, est en effet relaxé. "Seules les quelques secondes ayant précédé le naufrage posent question", a détaillé le président du tribunal lors du délibéré. Le remorqueur de la SNSM avait mis 46 secondes à réagir après le dernier appel de détresse du Breiz, qu'il avait pris en remorque. "Mais il n'est nullement démontré que l'absence de réaction dans l'instant a été la cause du naufrage" estime le tribunal. Pour rappel, le ministère public avait demandé à l'encontre du sauveteur en mer une peine de six mois de prison avec sursis et deux ans d'interdiction de naviguer.
Dix-huit mois de prison pour le coarmateur
Les deux agents de la Direction territoriale des territoires et de la mer (DDTM) sont également relaxés, tout comme l'expert maritime qui avait établi un rapport sur le Breiz peu avant le naufrage, contre qui le ministère public avait requis six mois de prison avec sursis.
En revanche, le coarmateur du Breiz, absent à l'audience ce mardi, a "manqué aux obligations de sécurité auxquelles il doit répondre", estime le tribunal. Il est condamné à dix-huit mois de prison avec sursis, une peine plus sévère que celle demandée par le parquet (six mois de prison avec sursis). Le tribunal lui reproche notamment d'avoir fait naviguer un équipage "irrégulièrement composé", puisque Quentin Varin, capitaine du chalutier, ne disposait pas encore du diplôme requis pour exercer cette fonction. Il lui est également reproché le poids du navire et de ses outils de pêche.
Les réactions
Bertrand Hudault, inspecteur général Manche Mer du Nord de la SNSM
"Nous pensons bien sûr aux familles des victimes pour qui cette décision doit être difficile et n'a probablement pas répondu à toutes leurs interrogations. C'est un vrai soulagement pour les sauveteurs, nous étions convaincus que Philippe Capdeville n'avait conduit aucune faute et agit au mieux, en essayant de sauver des vies. Cela a été très dur pour lui d'être soumis, pendant plus de trois ans, à cette angoisse, c'est une épreuve dont il va falloir se remettre. De grosses interrogations demeurent sur la responsabilité pénale des sauveteurs, ce procès a mis en évidence ce risque. Nous attendons beaucoup des responsables politiques pour mettre en place un dispositif permettant de mieux protéger les sauveteurs qui mènent une action bénévole."
Edouard Habrant, avocat de la famille de Quentin Varin
"Philippe Capdeville est relaxé, mais les familles Varin et Gibert ont pris perpétuité. Les débats nous paraissaient faire apparaître un certain nombre de responsabilités de manière assez claire. Il y a une incompréhension entre le délibéré et le déroulement des débats. On a le sentiment que l'on n'est pas allé au bout de ce procès, mais nous prenons acte de la décision du tribunal. Il est difficile, aussi, de comprendre les interventions de certains députés et du secrétaire d'Etat à la mer qui, pendant le temps du délibéré, n'ont pas hésité à faire valoir leurs positions sur ce procès alors qu'ils n'y participaient pas."
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