Après un faux départ il y a une semaine, le procès de l'ex-maire de Canteleu Mélanie Boulanger, jugée avec 18 autres prévenus pour un vaste trafic de drogue dans sa ville, débute au fond mardi 4 juin au tribunal correctionnel de Bobigny, la journée du lundi ayant été consacrée à des questions de procédure. Le début du procès avait été décalé d'une semaine en raison d'un pourvoi en cassation encore en cours. Lundi matin, le président a lu l'ordonnance de la Cour de cassation qui rejette les requêtes des avocats, qui ont réitéré leurs demandes dans l'après-midi. Celles de renvoi et de suspension ont été rejetées par le président qui donnera sa décision sur les demandes de nullité en même temps que le délibéré.
L'examen au fond du dossier débute donc ce mardi 4 janvier. Le planning du procès, qui devait se tenir du 27 mai au 24 juin, sera plus condensé.
Un vaste trafic de drogue
Fruit de deux ans d'enquête, le tentaculaire dossier Canteleu, commune populaire de 14 000 habitants de l'agglomération de Rouen, illustre l'enracinement et la puissance grandissants des narcotrafics dans de petites et moyennes villes en France, dont s'inquiétait le mois dernier un rapport du Sénat. Elue maire en 2014 et figure du socialisme normand, Mélanie Boulanger est soupçonnée d'avoir fait pression sur les services de police pour qu'ils ne gênent pas les affaires du redoutable clan Meziani, réputé pour tenir le trafic de stupéfiants dans sa ville et y faire régner la terreur. Aux côtés de l'ancienne maire - elle a démissionné en début d'année -, le tribunal de Bobigny doit entendre les principaux acteurs présumés du réseau : les têtes, leurs lieutenants, des fournisseurs et des blanchisseurs. L'affaire avait débuté en septembre 2019 avec l'arrestation, sur un parking de Saint-Denis, de deux individus qui procédaient à une transaction de drogue. L'un était porteur de 50 000 euros en liquide, l'autre de 2kg de cocaïne pure à 80%. Les investigations sur l'acheteur avaient rapidement amené les policiers de Seine-Saint-Denis à Canteleu, base de la famille Meziani, soupçonnée d'être l'un des principaux acteurs du trafic de drogue en région rouennaise. Selon l'enquête, la fratrie a soufflé le chaud et le froid sur l'élue, via son adjoint Hasbi Colak, également poursuivi. L'enquête, riche en sonorisations et en écoutes, a mis au jour un important réseau d'importation et de vente de stupéfiants, aussi bien de cannabis que d'héroïne et de cocaïne. Selon les estimations des policiers, leur organisation a engrangé plus de 10 millions d'euros de bénéfices annuels rien que pour la cocaïne et l'héroïne.
Avec AFP
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