Si à la fin de la guerre les combats au sol ont surtout sévi dans le Calvados avec la Bataille de Normandie, dont on célèbre en ce moment le 80e anniversaire, la capitale normande a été aussi le théâtre de féroces bombardements des Alliés durant ce qu'on a appelé "la Semaine rouge", du 30 au 5 juin 1944. Un nom rendu célèbre par le collaborationniste Journal de Rouen lui-même, qui en avait fait sa Une en 1944.
Une première vague
de bombardements le 19 avril
Mais cette semaine sanglante à Rouen succède à un autre raid des Britanniques, tout aussi ravageur, le 19 avril. "C'est le bombardement le plus massif subi par l'agglomération rouennaise", précise Paul Le Trevier, auteur du livre Rouen sous les bombes, retraçant de manière précise la quarantaine de bombardements essuyée par Rouen de 1940 à 1944. Cette première opération visait à détruire le triage ferroviaire de Sotteville-lès-Rouen. "Il s'agissait d'empêcher les Allemands de faire converger leurs renforts vers les plages du Débarquement", précise l'auteur normand. "A Rouen, chaque bombardement a un objectif et un mode opératoire précis", poursuit Paul Le Trevier. Pour la Semaine rouge qui débute donc un peu plus d'un mois après, l'objectif va être "l'encagement", consistant à empêcher les Allemands de franchir la Seine en détruisant les ponts de la ville. Les deux premiers jours seront les plus terribles et les plus intenses. "Ce sont des vagues successives de bombardiers."
A titre d'exemple, le 30 mai, 150 tonnes de bombes ont été larguées en moins d'une heure. Les ponts étant des cibles très réduites malgré le survol des bombardiers à basse altitude (1 500 mètres), ces derniers vont massivement manquer leur cible et "massacrer les quais et tous les bâtiments qui sont autour". L'éparpillement des projectiles ira jusqu'à la place Beauvoisine et des bâtiments emblématiques disparaîtront, tels que le Théâtre des Arts, le Palais des Consuls et même un bout de la cathédrale de Rouen, touchée par un violent incendie le 1er juin. Les Alliés reviendront dès le lendemain pilonner les ponts qui n'auront pas été touchés, notamment le viaduc ferroviaire d'Eauplet et deux autres ponts reconstruits en lieu et place des anciens ponts Boieldieu et Corneille. Au-delà du bilan matériel, le bilan humain est important. On estime à 320 le nombre de tués et 200 blessés graves. Malgré les moyens considérables mobilisés pour cette opération, les édifices ne seront pas totalement détruits et pourront être partiellement réparables, obligeant les Alliés à revenir à Rouen, fin juin et fin juillet, pour achever les trois principales cibles.
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