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Orne. 80 ans de la Libération : un engouement populaire inégalé

Commémoration. 80 ans après la Libération, la passion des habitants ne faiblit pas, avec, en toile de fond, la nécessité de transmettre.

Orne. 80 ans de la Libération : un engouement populaire inégalé
80 ans après la Libération, l'engouement populaire reste fort dans l'Orne.

Si chaque anniversaire est exceptionnel, cette année 2024 s'annonce unique. Le 80e anniversaire de la Libération représente certainement l'un des ultimes grands temps forts en présence des derniers vétérans et témoins de la Seconde Guerre mondiale. Et l'Orne souhaite célébrer l'événement comme il se doit. La libération du territoire ne débute qu'en août, mais le département se met au rythme du 80e D-Day dès le 6 juin. Non pas pour le Débarquement, à plusieurs dizaines de kilomètres, mais pour des bombardements qui ont touché ce même jour des communes telles qu'Ecouché ou Argentan. "Les événements qui se sont déroulés dans l'Orne sont un peu pris entre le Débarquement et la libération de Paris, mais ne sont pas moins importants", appuie Magali Ozouf, directrice départementale de l'Office national des anciens combattants (ONAC). "C'est un enchaînement d'événements qui mènent à la libération de Paris, de la France et mènent à la fin de la guerre", ajoute-t-elle.

Des nouveautés pour le 80e D-Day

Les communes, le Département, les associations… Tous se mobilisent pour "marquer le coup pour le 80e", comme le dit Mathieu Mostel, membre de l'Adrasec de l'Orne. L'Association de radioamateurs au service de la sécurité civile s'installe sur chaque stèle érigée en hommage aux aviateurs tombés dans le département. Comme l'Adrasec, d'autres ont profité de la date anniversaire pour lancer de nouveaux projets, à l'instar de Damien Roger, maire de la commune de Saint-Gervais-du-Perron, entre Alençon et Sées. Le village, libéré le 12 août 1944 par la 2e Division Blindée, fait partie du circuit de la route Leclerc, emprunté chaque année par l'association Vive la Résistance. "Tous les ans, on commémore la Libération. On trouvait que c'était bien de mettre une borne Leclerc pour le 80e anniversaire", précise l'édile. 80 ans plus tard, la mémoire se transmet toujours. C'est le cas également à Saint-Ellier-les-Bois, où une stèle a été érigée en hommage à un aviateur américain abattu. L'instigatrice de ce projet n'est autre que la petite-fille de Maurice Bastien, l'habitant qui a retrouvé le corps de l'aviateur.

Solennelles, culturelles, festives… Les commémorations à l'occasion 80e D-Day vont prendre différentes formes avec une ampleur un peu exceptionnelle au regard de l'anniversaire, à l'image du Mémorial de Montormel. Le site va accueillir des commémorations internationales le samedi 24 août en fin de matinée avec, pour la première fois, la participation de l'Allemagne en plus des délégations américaine, canadienne, polonaise, néerlandaise, belge et britannique. Puis, place à la fête avec l'Appel de la Liberté, événement phare mêlant histoire et moments ludiques. "C'est important que tout le monde se sente concerné", note Magali Ozouf. "La Bataille de Normandie a fait 2 000 victimes civiles", rappelle-t-elle. Ainsi, "chaque événement mérite d'être rappelé". C'est une des raisons qui a poussé Terres d'Argentan à travailler comme un seul territoire avec ses communes pour la création d'un programme partagé afin de ne laisser aucun village sur la touche.

Un hommage original aux aviateurs

Orne. Un hommage original aux aviateurs
Une stèle à la mémoire de deux aviateurs britanniques à La Chapelle-près-Sées.

L'Adrasec de l'Orne se rend sur chaque stèle érigée en hommage à un aviateur pour joindre le monde entier à l'aide de radioamateurs.

L'Association des radioamateurs au service de la sécurité civile (Adrasec) de l'Orne s'est lancée dans un projet inédit à l'occasion du 80e anniversaire de la Libération. Elle veut activer en radioamateur toutes les stèles dressées en hommage aux aviateurs tombés dans le département. "L'idée est de se rendre une journée sur une stèle, on déploie notre matériel radio et on essaie de contacter des gens du monde entier pour rendre hommage aux avions et aux équipages qui ont participé à la Bataille de Normandie", présente Mathieu Mostel, membre de l'Adrasec depuis 22 ans. Pourquoi les stèles des aviateurs en particulier ? "L'Adrasec a une spécificité dans ses missions : la recherche d'aéronefs en détresse, explique le quadragénaire. Ces avions sont tombés il y a longtemps, mais on s'est dit que ça pouvait faire une analogie sympa."

Des échanges avec le monde entier

L'association a déjà commencé à se rendre sur les 68 stèles du département. Les échanges, succincts, sont majoritairement en anglais. "Le but est d'en faire le plus possible, souligne Mathieu Mostel. On explique ce qu'on fait, pourquoi on est là, puis le détail est envoyé dans une carte QSL, l'équivalent d'une carte postale. On y retrouve la photo de la stèle, si on peut une photo de l'appareil à l'époque, l'équipage, la mission et si l'équipage est décédé, a été fait prisonnier ou s'est évadé." L'Adrasec s'est rendu à Saint-Ellier-les-Bois le 25 mai, à l'inauguration d'une stèle pour un aviateur américain. "On a été en contact avec le Kosovo, la Biélorussie et la Géorgie", indique-t-il.

Un culte voué au général Leclerc et à la 2e DB

Alençon. Un culte voué au général Leclerc et à la 2e DB
L'historien Christophe Bayard est l'auteur du livre "Sur les traces de la 2e DB en Normandie et dans la Sarthe", aux éditions Schneider Media.

Le général Leclerc a libéré Alençon, où il a installé son quartier général durant seulement quelques heures. Mais quatre-vingts ans après, le mythe perdure.

Leclerc, c'est l'épopée d'un capitaine. Il aurait pu soutenir le gouvernement de Vichy mais, en juillet 1940, il préfère rejoindre De Gaulle à Londres. Le mythe est né sur les terres d'Afrique où il combat pendant quatre ans avec une poignée d'hommes déterminés, qui feront le serment de Koufra le 1er mars 1941 dans une oasis libyenne, promettant de "se battre jusqu'à ce que le drapeau français flotte à nouveau sur la cathédrale de Strasbourg". Après son débarquement le 1er août 1944 sur la plage de Saint-Martin-de-Varreville, sa 2e Division Blindée appartient à un corps d'armée américain sous les ordres du général Patton. Il met cap sur la Manche, la Mayenne, la Sarthe. Puis c'est la remontée vers le nord. Leclerc libère Alençon, première ville métropolitaine libérée par des troupes françaises. Durant quelques heures, il y installe son quartier général, au 31 rue du Pont-Neuf.

Quelques heures devenues mythiques

"Leclerc n'y a passé que quelques heures", souligne l'historien local Christophe Bayard, président de l'association Vive la Résistance et secrétaire général de la Fondation de la France Libre. Mais ce bref répit a contribué à toute la suite : les combats contre l'armée allemande en forêt d'Ecouves, la poche de Falaise/Chambois, la libération de Paris par Leclerc suivie de celle de Strasbourg avec le serment de Koufra qui est honoré puis, enfin, la prise du nid d'aigle d'Hitler à Berchtesgaden.

A l'été 1945, Leclerc revient à Alençon, y inaugure l'avenue qui porte son nom, la place de la 2e DB et la plaque qui est toujours sur la façade de la maison de la rue du Pont-Neuf. Aujourd'hui, ce QG est devenu le Black-Bear. "Ça reste un lieu chargé d'histoire, on a une responsabilité, il faut respecter ce lieu, explique son gérant Guillaume Bodé. Des visiteurs viennent régulièrement pour savoir ce qui s'est passé ici et, chaque fois que je rentre chez moi, je rentre dans un lieu mythique alençonnais." Il confie que dans le grenier de la maison, il reste toujours des objets : "des tableaux, des articles de presse, des drapeaux"…

"La relation entre Alençon et Leclerc a toujours été particulière", explique Christophe Bayard. En 1945, la tante du militaire habitait toujours à Alençon, où son oncle décédé avait commandé la caserne du 14e Hussard (où le Conseil départemental est aujourd'hui installé). "Pendant des années, les Alençonnais ont voué un véritable culte à Leclerc, dans beaucoup de maisons il y avait son portrait posé sur la cheminée." Quatre-vingts ans après, Leclerc est toujours vénéré dans l'Orne. D'abord avec la cérémonie qui, chaque 12 août, se perpétue au monument qui lui est dédié, face à l'endroit où il avait implanté son QG. Mais désormais, ce sont deux cents "bornes Leclerc" qui marquent la voie empruntée par la 2e DB dans les villages en 1944 et 1944. Chaque été, des cérémonies sont organisées dans ces villages, réunissant une nombreuse population. Des visites en bus sont aussi organisées par le Conseil départemental de l'Orne "Sur les pas de la 2e DB". Le culte du mythique général et de ses hommes perdure…

Les vestiges offerts par la population présentés au Blackwater Museum 

Berjou. Les vestiges offerts par la population présentés au Blackwater Museum 
Louis Bon est guide au Blackwater Museum de Berjou. Aux visiteurs, il présente les nombreux objets récupérés en 1944 par la population locale.

A Berjou, le Blackwater Museum présente des collections d'objets de la Seconde Guerre mondiale, récupérés à l'époque par la population locale.

Dans les années 2010, Romain Bon et son fils Louis cherchent des pièces d'or dans le nord du Bocage à l'aide d'un détecteur de métaux. Ils ne trouvent pas de pièce, mais ils déterrent des objets, vestiges de la Bataille de Berjou en août 1944. Lors de cette bataille qui a duré trois jours à la mi-août 1944, les assauts des soldats britanniques se succèdent. Grâce aux chars des Sherwood Rangers, ils réussissent à franchir la rivière Noireau et à gravir la colline de Berjou pour y déloger les forces allemandes qui s'étaient regroupées sur ce promontoire. Noireau, traduit par les Anglais, cela donne Blackwater, le nom donné à cette bataille. Ce fut l'un des derniers points de résistance de la Wehrmacht, avant son repli vers l'Allemagne. Autour d'eux, Romain Bon et son fils parlent des objets qu'ils ont déterrés. Rapidement, la population locale ressort des tas de vestiges, stockés dans les greniers depuis la guerre. Une première exposition en est faite, en 2011. Suivent une, puis deux, puis trois salles d'exposition. Un musée associatif, le Blackwater Museum, voit le jour.

Au début de cette année, il a doublé sa surface. Louis Bon y est guide : "Certains habitants avaient complètement oublié ce qu'ils avaient conservé dans leur grenier. Les Allemands étaient partis précipitamment et les gens de Berjou avaient conservé énormément de choses." Uniformes, armes, photos, objets divers sont à découvrir. Et même une banderole : "Merci de nous avoir délivré du nazisme."

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