Cosmo Danchin-Hamard semble être née un crayon à la main. "J'ai toujours dessiné, dès l'âge de 2 ans." Et il semble que dès l'enfance, la native d'Etretat, aujourd'hui âgée de 28 ans, forme son concept. Dans ses œuvres les plus précoces, des mots apparaissent. "Pour moi, ça a toujours été lié. Comme si l'image ne se suffisait pas. J'ajoutais un élément de texte pour être sûre que mon message soit correctement transmis. C'est la base de l'illustration."
L'artiste en herbe a été à bonne école. Sa mère est architecte d'intérieur et coloriste. "Elle a imaginé les couleurs du Tetris du Havre", indique Cosmo. Son père est producteur de musique, historien et grand amateur de BD franco-belge. De quoi nourrir son imaginaire. "Le bagage culturel avec lequel je suis partie a été déterminant. Mais j'ai eu le mérite, avec l'illustration, de transformer ce qui était ma passion en un métier et d'avoir réussi à ancrer mon travail dans une réalité économique tangible, à force d'efforts et d'investissement."
Son premier projet est familial. Elle illustre en 2019 l'histoire pour enfants écrite par son père Le Chat de l'aiguille, livre vendu par le passé dans une librairie d'Etretat. "C'était une façon de me jeter dans le bain. Et d'appréhender le marché littéraire. Et il y avait aussi le plaisir de faire ça avec mon papa."
Le front de mer havrais l'inspire
Au fil des années, Cosmo Danchin-Hamard affine son style. On y retrouve les lignes claires de la BD franco-belge, les aplats de couleurs du pop art. "J'adore Roy Lichtenstein. Ado, je m'amusais à reproduire ses œuvres", explique Cosmo, qui puise aussi, notamment pour son traitement sensuel des femmes, dans des œuvres plus anciennes. "Je m'inspire beaucoup de la peinture préraphaélite et néoclassique." Elle résume : "En fait, mon travail est un peu mash-up !" Difficile enfin de ne pas remarquer la présence dans ses œuvres de paysages maritimes. "Ça, c'est Le Havre. Après 10 ans à Paris, quand je suis revenue ici en 2021 avec mon mari, nous nous sommes installés dans un appartement au Ponant. Pendant cette période, j'ai produit beaucoup d'images maritimes, inspirées du défilé permanent des bateaux."
Ce ballet des embarcations n'a jamais quitté son esprit. L'an passé, elle contacte le directeur artistique d'Un été au Havre Gaël Charbau, avec une idée en tête : "Quand les paquebots quittent le port, la frontière entre la ville et la mer est très floue. Depuis les rues du Havre, on a l'impression que des immeubles bougent. J'avais envie de jouer là-dessus." Elle se voit alors proposer d'habiller les bus de LiA, partenaire de la manifestation.
Ravie, elle conçoit très rapidement des illustrations en hommage à la fonction maritime du Havre. "Il y a en dix : trois porte-conteneurs, trois paquebots de croisière, deux paquebots anciens, une drague et un ferry de la Britanny." Cependant, pas question de renier ses convictions écologistes. Alors, elle plaide l'honnêteté. "L'idée, c'était d'amener dans la ville les bateaux qui existent ici. Des bateaux qui polluent. Leur fumée est représentée. On n'est pas dans le déni. Le Havre est une ville portuaire. Le débat écologique existe, et c'est normal."
Cosmo Danchin-Hamard est enfin particulièrement fière de faire partie de la programmation d'Un été au Havre. "Je ne remercierai jamais assez Gaël [Charbau] pour sa reconnaissance de mon métier." Elle, qui ne se considère pas comme une artiste, voit aujourd'hui ses créations naviguer aux côtés de celle d'artistes plasticiens.
De retour dès le 22 juin, Un été au Havre explore l'identité de la ville
Un été au Havre 2024 propose 12 œuvres inédites et deux expositions.
Jusqu'au 22 septembre, la manifestation, avec près de 30 installations (dont 12 nouvelles œuvres et deux expositions), promet d'explorer les identités multiples du territoire de la ville, à la fois portuaire, maritime et industrielle.
La Lune se pose à nouveau au Havre
Les dix Bateaux-bus de Cosmo Danchin-Hamard en sont une parfaite illustration. Dans un registre plus mystique, la cabane No Reason to Move de Max Coulon, bâtiment de fortune doté de larges pieds en bois, installé quai Michel Féré, évoque le passé enfoui d'une cité qui renaît de ses ruines. Enfin, La Lune s'est posée au Havre d'Arthur Gosse, énorme succès de l'édition 2021, fait son retour de manière pérenne au square Saint-Roch (photo).
Pratique. Le programme complet est disponible sur le site : uneteauhavre.fr.
Les multiples univers traversés par Cosmo Danchin-Hamard
Dessin, mannequinat et défense de l'environnement stimulent l'artiste Cosmo Danchin-Hamard.
Née à Fécamp, Cosmo Danchin-Hamard passe ses jeunes années à Etretat. Scolarisée ensuite dans la Cité des Terre-Neuvas et au Havre, elle déménage, seule à Paris, pour son année de terminale, afin d'être au plus proche des opportunités dans son premier job : mannequin. Une parenthèse, de ses 14 à ses 23 ans : "Ce métier a peu influencé mon travail d'illustratrice", note la jeune femme.
Dès 2017, elle décide en effet de revenir à sa passion première : le dessin. "Je voulais aborder cette discipline avec un solide bagage scolaire." Elle reprend ses études à l'Ecole de création visuelle (ECV) à Paris, soutenue par ses parents et son mari.
Aujourd'hui Havraise, Cosmo mène aussi un combat écologiste face aux ravages du tourisme de masse sur les paysages de son enfance. En 2021, elle a co-fondé l'association Etretat demain, actuellement en pause, jusqu'à septembre.
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