Le Débarquement, ce sont des soldats blessés, d'autres tués. Mais aussi des soldats traumatisés. Deux semaines avant le 80e anniversaire du D-Day, l'université de Caen a accueilli un colloque international sur le trouble de stress post-traumatique (TSPT). "Ces troubles peuvent survenir au détour d'un choc émotionnel, lorsque l'on a été confronté avec le réel de la mort, explique le médecin psychiatre Thierry Vasse. Ils peuvent engendrer un certain nombre de difficultés secondaires, qui sont avant tout des troubles dépressifs, des complications liées aux conduites addictives ainsi qu'au suicide. A la Guerre du Vietnam, il y a eu deux fois plus de morts par suicide que de morts au combat", détaille-t-il. Diagnostiqué à partir des années 1980 seulement, le trouble de stress post-traumatique peut aujourd'hui se soigner. "On peut avoir une guérison en deux semaines mais, en France, certaines thérapies ne sont pas trop disponibles", affirme Eric Bui, professeur en psychiatrie et co-organisateur du colloque.
"Ça tombait sous le sens de faire ça ici"
Pour intégrer la France dans les projets de recherche sur le sujet, Eric Bui a rassemblé des experts du monde entier lors du colloque hébergé par l'université de Caen, du mercredi 22 au vendredi 24 mai. "Ça tombait sous le sens de faire ça en Normandie", confie-t-il. Mardi 21 mai, certains experts ont visité des sites emblématiques du Débarquement pour comprendre les conséquences psychologiques du D-Day sur les soldats. Au programme : le cimetière américain de Colleville-sur-Mer et la plage d'Utah Beach, des sites importants pour les vétérans. "Pouvoir revenir sur des lieux comme ça, ça permet de ressentir des choses de manière assez contenue. Cela permet de comprendre et digérer ce qu'on a vécu, de mettre des mots sur ce qu'on ressent", conclut le professeur Eric Bui.
Les informations pratiques à retenir.
Une première en France
C'est la première fois que le Conseil d'Administration de la Société internationale d'étude du stress post-traumatique (ISTSS) se réunit en France. Le colloque a également rassemblé des experts de la Société européenne d'étude du stress post-traumatique ainsi que des membres de l'organisme ABC psycho-trauma.
S'informer sur les avancées
Le colloque a proposé des conférences variées. Vendredi 23 mai, il s'est achevé par une session sur le concept de traumatisme collectif. Les participants ont ainsi pu s'informer sur les récentes avancées de la recherche tout en établissant un réseau avec les leaders mondiaux dans le domaine du psycho-traumatisme.
Quand le TSPT n'existait pas
Les premières traces écrites du trouble de stress post-traumatique remontent à l'Antiquité. En 1944, le TSPT n'existait pas encore, bien qu'il ait affecté de nombreux soldats. On parlait plutôt de "choc des obus". C'est en 1980 que le trouble a été officiellement diagnostiqué.
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