"Je n'en ai pas dormi de la nuit, j'étais branché sur les chaînes infos en permanence." L'émotion est toujours vive pour Richard Detrez, surveillant à la prison de Saint-Aubin-Routot, près du Havre. Comme lui, des dizaines d'agents du centre pénitentiaire étaient mobilisés, mercredi 15 mai, au lendemain de l'attaque mortelle qui a coûté la vie à deux agents et en a blessé trois autres, dans l'Eure. Dès 6 heures, pneus, palettes et poubelles ont été disposés devant l'entrée, symboliquement, à l'appel d'une intersyndicale nationale.
Les parloirs annulés
"Personne ne rentre ou ne sort. Pas d'avocat, pas de parloirs… C'est un blocage total, détaille Billy Dorilas, secrétaire local de l'Ufap Unsa Justice. L'objectif est avant tout de rendre hommage à nos collègues, d'avoir une pensée pour leur famille." Les drapeaux de la prison sont en berne. Aucun logo syndical ne flotte. "Le temps est à la solidarité. Cela aurait pu être n'importe lequel d'entre nous", remarque Richard Detrez, par ailleurs représentant du Syndicat pénitentiaire des surveillants. Il attend "un geste fort" des dirigeants politiques, alors que les syndicats doivent rencontrer le gouvernement dans l'après-midi. "Nous sommes la troisième force de sécurité en France, mais on travaille toujours dans l'ombre", poursuit le surveillant, qui pointe la surpopulation carcérale. "Ici, le taux est de 150%, c'est énorme. Dans certaines cellules, ils sont trois dans 12m2, cela crée des tensions".
Richard Detrez
"On fait sortir des détenus tous les jours"
Parmi les revendications des agents, il y a aussi la réduction du nombre d'extractions judiciaires, en ayant davantage recours à la visioconférence pour les profils dangereux. "On a su utiliser la visio pendant le Covid, mais le nombre d'extractions est faramineux, aujourd'hui, estime Billy Dorilas. On fait sortir des détenus tous les jours, ce qui met les personnels en insécurité."
Billy Dorilas
Au Havre, 250 personnes travaillent au centre pénitentiaire, qui compte environ 680 détenus. Les agents grévistes se disent prêts à tenir le blocage plusieurs jours, "si les annonces ne sont pas satisfaisantes". Le dernier gros mouvement de colère remonte à 2018. Le blocage avait duré une dizaine de jours, après l'agression de trois agents par un détenu de Vendin-le-Vieil, dans le Pas-de-Calais.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.