"Toutes les semaines, je dois revalider avec la police nationale les horaires des offices religieux", déclare Natacha Ben Haïm, présidente de la communauté juive de Rouen, qui est en contact régulier avec les autorités. Ce lien étroit avec les forces de l'ordre s'est renforcé dernièrement, depuis une note du ministère de l'Intérieur adressée aux préfets de région afin d'accentuer la présence des autorités aux abords des lieux de culte ainsi que devant les écoles confessionnelles de la communauté juive. Cette consigne intervenait à quelques jours des fêtes de Pessah, la Pâque juive, et surtout au lendemain de l'attaque menée par l'Iran contre Israël, faisant craindre une escalade de l'antisémitisme en France. "On se sent en sécurité à Rouen, du moins dans la synagogue… Cela rassure l'ensemble de la communauté", reconnaît Natacha Ben Haïm. Les forces de l'ordre restent ainsi une heure avant et après chaque office de Shabbat, le vendredi soir, le samedi matin et le samedi soir, afin d'assurer la protection de cette communauté qui représente environ 200 familles à Rouen.
Avant même les événements du 7 octobre en Israël, la synagogue de Rouen s'était équipée de caméras extérieures et intérieures avec enregistrement sur mouvement. Tout le dispositif va être rénové, car les menaces se poursuivent. "C'est un besoin, on retrouve des fois des crachats sur la porte de la synagogue, on avait mis des rubans jaunes en hommage aux otages, ils ont été arrachés."
Des menaces mais aussi des messages de soutien
Malgré toutes ces précautions, les menaces perdurent, les plus virulentes se cantonnant surtout aux réseaux sociaux, avec des messages souvent en provenance de pays étrangers. "Je ne sais pas comment la petite synagogue de Rouen peut avoir des menaces comme ça, de pays musulmans, c'est très choquant", s'interroge la Rouennaise. Heureusement, les soutiens sont là aussi et réconfortent une partie de la communauté. "Beaucoup de gens sont venus déposer des roses blanches après l'attaque du 7 octobre, se souvient la représentante de la communauté juive. On était très touchés, on pleurait tous dans la synagogue", même si ces fleurs ont disparu quelque temps après.
Des actes antisémites
En France, les actes antisémites sont en nette augmentation depuis le 7 octobre, d'après les chiffres du ministère de l'Intérieur. Un phénomène ressenti aussi à Rouen par la communauté juive et qui provoque de la peur chez certains fidèles.
Ce renforcement de la sécurité autour des lieux de culte de la communauté juive intervient dans un contexte de hausse importante des actes antisémites en France. Invité dernièrement au 38e dîner du Conseil représentatif des institutions juives de France, le Premier ministre Gabriel Attal faisait état de "366 faits antisémites" (entre janvier et mars), à savoir "une hausse de 300% rapport aux trois premiers mois de l'année 2023".
Des chiffres en forte hausse
Les chiffres pris du côté du ministère de l'Intérieur sont tout aussi inquiétants, puisque 1 676 actes antisémites ont été recensés sur l'année 2023, c'est-à-dire près de quatre fois plus que l'année précédente. "On voit bien que c'est complètement désinhibé", constate Natacha Ben Haïm. Sur le terrain, cela se traduit parfois par une invisibilisation de la religiosité chez certains fidèles. "On a fait une soirée de soutien pour le Magen David Adom, les ambulances israéliennes, se souvient Natacha Ben Haïm. On a pris beaucoup de photos et des gens ont voulu cacher leur visage, je n'ai jamais vu ça avant."
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