Depuis quelques années et face aux dérives de certaines structures, les micro-crèches ont mauvaise presse. Les rapports de l'inspection générale des affaires sociales, les émissions de télé ou la littérature se multiplient pour étrier ce secteur en pleine expansion. Dernier scandale en date à Rouen, celui de la structure "les Malicieux de Beauvoisine", fermée par la préfecture à la suite de plusieurs dysfonctionnements. Les Petits Colibris, réseau indépendant de quatre micro-crèches à Rouen, Maromme et Petit-Quevilly, font partie des structures ayant "récupéré" quelques enfants des "Malicieux de Beauvoisine". Arrivés en 2016 dans la région, leurs gérants veulent croire que tout n'est pas noir ou blanc et déplore que soit jeté l'opprobre sur le milieu, du fait des dérives de quelques grands groupes.
Un secteur qui représente moins de 7% de l'accueil
S'il reste minoritaire dans l'accueil de la petite enfance (6,7% de l'offre d'accueil en France), le secteur des micro-crèches est celui qui croît le plus ces dernières années d'après les chiffres de l'ONPE (Observatoire national de la petite enfance), par rapport aux autres crèches traditionnelles ou assistantes maternelles qui sont en recul. "Les micro-crèches représentent 87 000 places sur 1,3 million, on ne pèse pas grand-chose", remarque François Clément, cogestionnaire des Petits Colibris, ancien analyste financier qui a bien potassé le sujet. "Au contraire, les assistantes maternelles, ce sont 54% de l'accueil en France. Pour autant, elles n'ont pas besoin d'avoir de CAP complet, ni d'avoir une éducatrice de jeunes enfants", détaille le professionnel qui déplore la lourdeur administrative qui pèse sur le reste des EAJE (établissements d'accueil de jeunes enfants).
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Particulièrement décrié au moment de sa mise en application, le décret permettant d'intégrer la petite enfance sans diplôme sous condition d'une formation accélérée, est presque inapplicable selon François Clément. "Pour pouvoir recruter ces personnes, en fait, il faut publier une offre d'emploi et ne recevoir aucune candidature de personne diplômée pendant trois semaines voire plus, et après cela faire valider le profil de votre candidat sans diplôme auprès de la PMI (Protection maternelle et infantile), poursuit le gérant, autant vous dire que dans les faits, quand vous êtes sur une grande ville comme Rouen, vous mettez une annonce, vous avez forcément quelqu'un qui a un diplôme." Si bien que la structure rouennaise n'a jamais eu besoin d'avoir recours à ce type de profil.
Les Petits Colibris assurent être consciencieux car moins assujettis à une logique marchande comme celles des grands groupes. "Certains groupes subissent une forte pression financière du fait d'importantes dettes et il peut y avoir des tentations de réduire certains coûts : la quantité des repas servis, le renouvellement du personnel… Certains tentent de trouver des relais de chiffre d'affaires comme la réservation de berceau etc., nous, on ne fait pas cela, nos contrats ne sont pas renégociés à l'année par exemple."
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Malgré leur bonne volonté, les gestionnaires des Petits Colibris ont été confrontés à la défiance de certains parents. "Quand il y a eu le décès chez People & Baby à Lyon, les émissions à la télé, les bouquins etc., il y a eu six mois où c'était mort ! Et je le comprends, à ce moment, ce secteur d'activité n'a que ce qu'il mérite, continue François Clément. Après, oui, c'est vexant d'être noyé là-dedans, d'être traité de commerciaux ou de dire que dans les micro-crèches il n'y a pas d'éthique."
Que l'on soit pour ou contre, les micro-crèches devraient continuer de se développer si l'on en croit les ambitions du gouvernement en matière d'offre d'accueil. L'an dernier, celui-ci annonçait la création de 200 000 places d'ici à 2030.
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