Créer du plastique à partir de sucre de blé : cela peut paraître étonnant, c'est pourtant l'activité de la société belge Futerro, qui ouvrira une bioraffinerie sur la zone industrielle de Port-Jérôme, en 2027.
Cette usine produira chaque année 75 000 tonnes d'acide poly lactique, une alternative naturelle au pétrole pour fabriquer des emballages, des fibres textiles, du film alimentaire, des pièces automobiles… Produit à partir de matières renouvelables d'origines agricoles, ce polymère est aussi biodégradable.
Un pipeline entre les deux usines
La matière première utilisée, le dextrose, du glucose issu de l'amidon de blé, sera fournie par la coopérative agricole Tereos, qui transforme déjà 800 000 tonnes de blé par an sur son site de Lillebonne. "Pour fournir 150 000 tonnes de dextrose à Futerro, ce sont quelques centaines de milliers de tonnes de blé supplémentaires que l'on fera venir à Lillebonne, issu principalement de Normandie, jusqu'aux alentours de Paris", annonce Olivier Leducq, directeur général de Tereos. "Du blé qui sera mieux valorisé que s'il était parti à l'exportation, ce qui est une bonne nouvelle pour la filière agricole."
Olivier Leducq, directeur général de Tereos
Tereos va investir 30 millions d'euros sur son site de Lillebonne, pour notamment aménager des espaces de stockage. Les deux sociétés cofinanceront un pipeline pour acheminer le dextrose produit par Tereos jusqu'au site de Futerro, situé à 1,5km. A terme, ce nouveau débouché pourrait permettre de créer une quinzaine de postes supplémentaires chez Tereos, où travaillent aujourd'hui 175 personnes. "Nous serons pragmatiques, nous nous adapterons à la montée en cadence de Futerro", indique Olivier Leducq.
De son côté, Futerro va investir 500 millions d'euros pour s'implanter en bord de Seine, avec 250 emplois à la clé dans la zone industrielle de Port-Jérôme.
"Opérer une usine pétrochimique et une usine de chimie verte, c'est la même chose"
Hasard du calendrier, le partenariat entre Tereos et Futerro a été rendu public jeudi 11 avril, alors que ExxonMobil, géant historique de la pétrochimie, annonçait la suppression de 647 postes sur son site de Port-Jérôme.
"Je ne vais pas adapter mon discours, mais vous verrez que c'est un peu le sens de l'histoire", a réagi Frédéric Van Gansberghe, P.-D.G. de Futerro, devant l'assemblée composée notamment d'élus locaux. "Ce n'est plus possible de faire de la pétrochimie en Europe, c'est beaucoup trop cher, la pétrochimie européenne est condamnée", a-t-il estimé par la suite, devant la presse. Interrogé sur la possibilité pour les travailleurs d'ExxonMobil de se reconvertir chez Futerro, Frédéric Van Gansberghe dit espérer "en récupérer une partie", si le calendrier le permet. "Opérer une usine pétrochimique ou une usine de chimie verte, c'est globalement la même chose. A part l'étape de la fermentation qui demande des compétences spécifiques que nous amèneront dans notre valise, le reste des opérateurs et ingénieurs ce sont exactement les mêmes profils que ceux que la pétrochimie utilise aujourd'hui."
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Futerro devrait poser la première pierre de son usine en 2025, pour une mise en service en 2027.
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