"On ne sait pas grand-chose, juste que l'on va perdre notre boulot." Cet opérateur croisé à l'entrée de l'usine pétrochimique de Port-Jérôme-sur-Seine, jeudi 11 avril, se veut fataliste. Dans la matinée, il a appris, comme ses collègues, l'arrêt définitif du vapocraqueur et de plusieurs unités chimiques de la plateforme ExxonMobil, pour des raisons économiques. Au total, 677 emplois sont sacrifiés, dont 647 sur le site cauchois.
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"On prend ça en pleine tête, poursuit ce salarié embauché il y a 30 ans, qui a connu plusieurs rachats du site, mais ne s'attendait pas à une fermeture de cette ampleur. Jusqu'ici, en chimie, ils fermaient à droite, à gauche, mais ils reclassaient les gens. Là, 700 personnes à reclasser… Tout le monde ne restera pas." Même inquiétude pour cette cariste, employée dans une entreprise sous-traitante. "On se sent tous concernés, évidemment. C'est un choc pour tout le canton. Sans cette plateforme, on n'a pas de travail."
Les commerçants inquiets
Annoncée aux représentants du personnel tôt dans la matinée, la nouvelle s'est très vite répandue à Port-Jérôme, où ExxonMobil emploie 1 900 personnes, en pétrochimie et raffinerie, auxquelles s'ajoutent presque autant de salariés d'entreprises sous-traitantes. "Cela va forcément impacter le commerce, il y a beaucoup d'intervenants autour d'Exxon", redoute Angélique Bellet, qui a repris il y a deux ans La Brasserie des Halles. Elle estime à 40% la part de clients en lien avec la plateforme. "Quand il y a des annonces comme ça, c'est un chamboulement, confirme Nathalie Lerosey, de la boulangerie Aux Délices de Gravenchon. On reçoit beaucoup d'ouvriers le midi pour des formules sandwichs." Emue, Nancy Prince, chez Le A Studio Coiffure, tente de positiver : "De nouvelles usines vont bientôt s'implanter avec des créations de postes. Mais dans l'intervalle, il risque d'y avoir du grabuge."
A Port-Jérôme, le choc après l'annonce d'ExxonMobil
Virginie Carolo-Lutrot : "Ça va secouer"
L'annonce d'ExxonMobil est sans précédent, sur Port-Jérôme-sur-Seine.
"Ce sont des choses que le territoire anticipe depuis des années, malgré tout c'est un choc, ça va secouer", réagit Virginie Carolo-Lutrot. Maire de Port-Jérôme et présidente de Caux Seine Agglo, elle a appris la nouvelle aux premières heures de la matinée, à l'occasion d'un rendez-vous chez ExxonMobil. "Je pense aux hommes et aux femmes concernés, les 677 emplois directs mais, au-delà, à l'écosystème que l'on construit depuis 80 ans autour de cette entreprise."
L'impact fiscal
Malgré l'anticipation, l'élue évoque un "timing compliqué". Les projets de chimie verte portés par Eastman ou Futerro ne verront le jour qu'à horizon 2026-2027, sur le territoire, et avec un nombre d'emplois qui ne suffira pas à compenser les fermetures. "L'impératif, c'est l'emploi et de retrouver du foncier industriel pour continuer notre programme en matière de réindustrialisation. Ça ne change pas notre stratégie, ça la secoue", poursuit Virginie Carolo-Lutrot. Elle devrait rencontrer les syndicats de l'entreprise lundi 15 avril.
L'élue a aussi demandé un rendez-vous au Premier ministre, pour avoir le soutien de l'Etat. Les fermetures impacteront les recettes fiscales des communes où est implanté ExxonMobil et de Caux Seine Agglo. "Cela fait dix ans que le budget constitue des réserves pour les projets, mais aussi pour amortir ce choc. Mais il y aura des choix à faire."
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