Ils s'étaient introduits sur le chantier de l'EPR de Flamanville, le 31 mars 2022. Le procureur de la République de Cherbourg, Pierre-Yves Marot, a requis mardi 9 avril, 30 000 euros d'amende à l'encontre de la personne morale de Greenpeace France et demandé au tribunal judiciaire de Cherbourg de réfuter l'argument de la liberté d'expression, sans quoi ce sera, selon lui, "open bar" pour le blocage de toutes les centrales nucléaires. Il a également réclamé 800 euros d'amende contre les intrus, et 500 euros contre les bloqueurs, car "les normes communes de la société n'ont pas été respectées".
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Rappel des faits
Le 31 mars 2022, huit militants, porteurs de combinaisons blanches siglées "Greenpeace", avaient bloqué pendant plus de sept heures l'une des entrées de la centrale de Flamanville du côté du chantier du réacteur nucléaire EPR. Un groupe de sept personnes s'était introduit sur le site à l'aube, en sautant le grillage avec une échelle et en portant des banderoles.
Ils souhaitaient dénoncer "l'irresponsabilité" des candidats pro nucléaires à quelques mois de l'élection présidentielle. Mardi 9 avril devant le tribunal, le dernier prévenu à la barre a eu la même introduction que ses camarades : "J'y étais, j'ai participé volontairement à cette opération, je ne sais pas qui l'a organisée, mon but était de dénoncer l'absence de débat démocratique dans la relance du nucléaire français décidée par Emmanuel Macron seul." Seul le directeur Jean-François Julliard, jugé à la fois en tant qu'intrus et comme directeur de Greenpeace, a assumé être à l'origine de l'opération.
Le responsable associatif a déclaré avoir participé à cette action, car "entrer dans l'enceinte de cette centrale en prenant moi-même les risques, c'est un engagement personnel plus fort et convaincant". Deux ingénieurs, un designer-concepteur, un autoentrepreneur… Les prévenus ont tous qualifié cette opération médiatisée de "désobéissance civile pacifique".
Que réclamait EDF ?
EDF leur réclame près d'un million d'euros au titre du préjudice moral et des heures de travail perdues à cause du blocage. Thibault de Montbrial, l'avocat d'EDF, partie civile à ce procès, a demandé que Greenpeace "réponde de ses actes", car selon lui, les "infractions continueront s'il n'y a pas de condamnation". Il a déclaré en être à son quatrième dossier d'intrusion contre l'association. Cette action était intervenue quelques semaines après le discours de Belfort du président Emmanuel Macron, qui avait annoncé le 10 février 2022 la construction de six nouveaux réacteurs EPR. "Le discours de Belfort m'a beaucoup inquiétée, le nucléaire n'est pas encore prêt à répondre à l'urgence climatique", a déclaré l'une des prévenues à la barre. Son ambition était "d'alerter sur cette situation parce que personne ne le faisait", a-t-elle expliqué. Le délibéré est attendu le 14 mai prochain.
Avec l'AFP.
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