Massif, tendu, Philippe Capdeville, âgé de 62 ans, engagé à la Société nationale de sauvetage en mer (SNSM) depuis 1986 et patron du canot de Ouistreham depuis 2008, a répondu mercredi 3 avril pendant trois heures aux magistrats après le naufrage du Breiz dont le patron et deux matelots avaient péri lors de l'opération de remorquage dans la nuit du 14 au 15 janvier 2021.
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Que s'est-il passé cette nuit-là ?
Cette nuit-là, le patron de la SNSM a expliqué avoir été alerté par le Centre régional opérationnel de secours et de sauvetage en mer (Cross) Jobourg. Il a précisé que le canot tous temps SNSM 091 a appareillé en quinze minutes. Le sauveteur a reconnu ne pas avoir eu connaissance de l'état du Breiz, un navire vieux de 40 ans, "vétuste" et "en surcharge avant même de commencer la pêche", selon le directeur d'enquête.
"Toutes les hypothèses sont possibles"
Le président a questionné le fait de ne pas avoir demandé aux pêcheurs de jeter à l'eau les caisses de coquilles sur le pont, ce qui aurait pu éviter la gîte et le naufrage. "Je vois mal un patron de pêche jeter sa pêche par-dessus bord", a répondu le patron du canot de sauvetage. Ce sauveteur très expérimenté - 900 missions - assure avoir réagi aux alertes lancées par l'équipage tracté, réduit la vitesse, changé de cap.
Pourquoi alors, à son avis, le bateau a-t-il coulé ? "Il n'est pas normal qu'un bateau se couche aussi vite. Toutes les hypothèses sont possibles", a-t-il estimé. Son idée ? "Une vague, on ne sait pas d'où ça vient", a-t-il dit. "Je n'ai pas l'impression d'avoir été négligent", s'est-il défendu. "On ne peut pas tout me mettre sur le dos. On a affaire à des professionnels ! ", a-t-il répliqué, évoquant les trois jeunes marins qui ont perdu la vie dans le naufrage.
"Pourquoi mentir quand tout est vérifiable ?"
Outre les poursuites pour "non-respect de la Convention sur le règlement international de 1972 pour prévenir les abordages en mer (Colreg) ou négligence du capitaine, chef de quart ou pilote ayant entraîné la mort", il lui est également reproché des "faux en écriture", qui concernent les horaires notés sur le journal de bord des opérations : l'arrivée sur zone, le début du remorquage… Ceux-ci discordent en effet avec ceux notés par l'enquêteur de la gendarmerie maritime. Le patron du canot a estimé que ces accusations relevaient du vocabulaire utilisé. "Pourquoi mentir quand tout est vérifiable ?", a-t-il rappelé. Le procès est prévu jusqu'à vendredi.
Avec l'AFP.
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