Et si la campagne remplaçait la mer et la montagne ? Elle peut faire office de destination de choix pour les vacanciers en quête de sport et de nature, d'autant plus avec le développement des voies vertes, réservées aux randonneurs, cavaliers et véhicules non motorisés. Le département de l'Orne en compte sept ainsi que trois véloroutes : la Vélo Francette de Caen à La Rochelle, la Vélobuissonière au départ d'Alençon vers les pays de la Loire et la Véloscénie, que l'on peut emprunter depuis Paris jusqu'au Mont-Saint-Michel.
Depuis la Covid-19, la fréquentation de la Véloscénie par les cyclotouristes a explosé : ils étaient +30% en 2021 par rapport à 2020 et encore +15% en 2022 par rapport à 2021. En 2023, le compteur de Lonrai a relevé une fréquentation stable, avec 62 891 passages dont 27 430 cyclistes. Par ailleurs, pour sa première année complète, la Vélo'Bocage entre Bagnoles-de-l'Orne et Briouze, inaugurée en mai 2022, a comptabilisé 47 164 passages en forêt d'Andaines.
L'utilisation de la voie verte au quotidien, dans l'Orne, se remarque dans les zones urbaines et périurbaines. Yann Boudéhent, en charge des voies vertes au Conseil départemental, constate tout de même "une petite baisse du cyclotourisme en milieu rural, notamment à cause de la mauvaise météo lors de l'été 2023." Cela ne freine cependant pas la volonté de la collectivité, qui souhaite poursuivre le développement de ses voies cyclables.
Plusieurs projets en cours
Les élus ont voté en faveur d'une nouvelle stratégie vélo en décembre 2023. L'objectif consiste à augmenter le nombre de kilomètres de voies cyclables sur le territoire, aujourd'hui établi à 160km. D'ici à 2028, cinq projets majeurs ont été retenus, dont quatre figurent sur le parcours d'une véloroute (notre infographie page 7). Dès cette année, une liaison doit être créée entre Rives d'Andaine et Bagnoles-de-l'Orne pour relier Alençon à la station thermale via la Véloscénie. En 2025, les cyclistes pourront bénéficier, sur cette véloroute, d'une nouvelle piste entre Bagnoles et Domfront. Le but est identique pour la Vélo Francette à Flers, avec l'aménagement d'une liaison sur 35km jusqu'à Pont d'Ouilly en 2028, en passant par Tinchebray.
Une voie de 15km est également attendue depuis Alençon vers Saint-Céneri-le-Gérei en 2027. Ces 15km représentent le départ de la Vélo Buissonière jusqu'à Saumur. Un dernier projet est prévu la même année dans le nord du département. Il s'agit de la création d'une nouvelle voie cyclable de 34km entre Vimoutiers et Sainte-Gauburge-Sainte-Colombe, en passant par Gacé, pour prolonger la voie verte réalisée dans le Calvados depuis le littoral.
Enfin, la voie verte de L'Aigle, inaugurée en juin 2023 et qui relie sur 4km la ville à Saint-Sulpice-sur-Risle, devrait être rallongée de l'autre côté, vers Rai, sur 3km environ. La ville d'Argentan, elle, ne dispose pas de voie ferrée désaffectée, ce qui freine la possibilité de construire une voie verte. Néanmoins, l'intercommunalité réfléchirait à une voie cyclable entre Argentan et Ecouché-les-Vallées.
Des voies vertes du quotidien pour les locaux
Avant d'être touristiques, les voies vertes sont des outils au quotidien pour les habitants riverains. Exemple sur celle qui traverse la commune de Damigny, près d'Alençon.
Il est 16h45, un mercredi en plein mois de mars. Quelques rayons de soleil transpercent les nuages, la température est agréable : la météo est idéale pour faire une sortie sur une voie verte. La piste de la Véloscénie à Damigny, qui remplace l'ancienne voie ferrée, est longée d'arbres et passe au-dessus de la Briante. Les oiseaux chantent par-dessus les clapotis de la rivière. Le bruit des voitures, lui, est lointain, voire inexistant.
Quelques passants empruntent le chemin. Tous sont habitants de la commune ou de celles autour. Ils sont à pied ou à vélo. Certains courent, d'autres promènent leur chien. Viviane Fléchard, elle, revient des courses. "C'est ma route pour aller au centre-ville", explique-t-elle. Environ 3km séparent sa maison du centre d'Alençon. Viviane utilise cette voie verte, inaugurée en octobre 2020, "depuis qu'elle a été faite" et sous différente forme : pour aller faire ses courses, donc, mais aussi pour se balader à vélo et à pied avec ses petits-enfants. "C'est très utile, très rassurant sans voiture. Ça permet de se déconnecter de la ville, témoigne-t-elle. On retrouve aussi la convivialité, tout le monde se dit bonjour et est chaleureux."
"C'est très fréquenté,
surtout le week-end par
les familles à pied et à vélo"
De son côté, Jules Boulay rentre du collège. L'adolescent, qui habite à Lonrai, emprunte matin et soir les sentiers de la voie verte pour aller en cours, la majeure partie du temps à vélo. Cette route a comme un goût de liberté pour le jeune homme de 15 ans, indépendant de ses parents pour se déplacer. "J'avais cours ce matin et je suis resté à Alençon cet après-midi avec des amis", détaille-t-il. Sportif, Jules use également du chemin pour courir avec son chien, mais uniquement la semaine. "Je ne cours jamais le week-end car il y a trop de monde", souligne-t-il. Ce que confirme Lisa Ribeau. Cette habitante de Damigny, installée "juste à côté de la voie verte", le remarque : "Dès qu'il fait beau, tout le monde sort ! C'est très fréquenté, surtout le week-end par les familles à pied et à vélo."
Petite marche ou une grande randonnée
Même si elle a une vocation touristique, la voie verte est avant tout destinée aux locaux. "C'est pratique, je pourrais aller à mon travail à pied. Je n'en ai pas eu l'occasion mais c'est faisable, même à vélo. A tester", sourit Lisa. Jusqu'ici, elle l'utilise principalement pour promener quotidiennement son chien, Nesquick. Le chihuahua connaît le chemin "par cœur".
Annick et Bernard, eux aussi, connaissent bien la route. En partant de chez lui à Saint-Germain-du-Corbéis, le couple de retraités marche environ 10km au moins deux fois par semaine en empruntant la Véloscénie. "On va au maximum sur la voie verte et sinon des petites routes pour éviter les voitures", souffle Annick. "Il faut faire attention aux vélos quand même", glisse-t-elle. Ils prennent le deux-roues parfois pour aller jusqu'à Saint-Denis-sur-Sarthon.
Logements spéciaux pour cyclistes et randonneurs
Le camping de Domfront accueille les voyageurs itinérants à vélo ou à pied dans l'un de ses hébergements qui leur sont réservés. Au choix : la tente ou la cabane.
Domfront est le carrefour des deux axes cyclables majeurs de l'Orne : la Véloscénie et la Vélo Francette. Son camping, où un accès direct aux voies vertes est aménagé, est ainsi très prisé par les cyclotouristes et les randonneurs pour faire une halte. Fermé tout l'hiver, il rouvre ses portes en ce mois d'avril et avec lui ses logements spéciaux pour les voyageurs.
En cabane ou en tente
Le camping dispose en effet depuis 2021 de deux cabanes adaptées aux itinérants à pied ou à vélo. Composée d'un lit double superposé d'un lit simple, chaque cabane de 8m2 peut accueillir jusqu'à trois voyageurs. L'hébergement peut également abriter jusqu'à trois vélos. Des prises permettent d'y recharger les vélos à assistance électrique. En extérieur, une table de pique-nique et un point d'eau à proximité sont à disposition. La nuit coûte 30€ pour le premier voyageur et 5€ par personne supplémentaire.
Si vous préférez passer une nuit à la belle étoile, le camping est également équipé du dispositif VéloLéger, qui permet aux cyclotouristes de laisser leur tente à la maison grâce à des locations de matériel. Deux tentes pour deux personnes et une tente pour quatre voyageurs peuvent être louées.
La location se fait sur le site veloleger.fr. Le tarif est de 7€ pour une personne, 12€ pour deux et 4,50€ pour la personne supplémentaire.
A découvrir sur les voies vertes
Véloscénie, Vélo Francette, Vélo'Bocage… Les voies vertes du département regorgent de lieux à découvrir, autant pour leur beauté que pour leur originalité.
Tantôt pratiques, tantôt charmants, parfois les deux en même temps… De nombreux endroits sont à découvrir le long des différentes voies vertes.
La Halte Bu'verte
L'ancienne maison garde-barrière de Messei est un point de passage obligatoire sur la Vélo Francette, entre Flers et Domfront. Trois habitantes de la commune y ont lancé la Halte Bu'Verte, une buvette pour cyclistes et randonneurs. Elles s'y installent bénévolement tous les dimanches d'avril à octobre pour vendre aux passants crêpes et pâtisseries faites maison et rafraîchissements à consommer sur les tables de pique-nique à l'extérieur.
Le marais du Grand Hazé
En partant de Briouze vers Bagnoles-de-l'Orne sur la Vélo'Bocage, quelques centaines de mètres sont nécessaires avant d'arriver sur le site exceptionnel du marais du Grand Hazé. La plus grande zone marécageuse du département abrite une faune et une flore riches. Des fenêtres sont incrustées dans une palissade en bois afin d'observer quelques zones du marais depuis la voie verte.
Saint-Patrice-du-Désert
Le village charmant de Saint-Patrice-du-Désert, sur la voie alternative de la Véloscénie par Carrouges, ne possède aucun commerce. Pour autant, la commune a construit un lieu d'accueil des randonneurs avec un préau, une grande table de pique-nique, des toilettes, une cabine à livres et un mur d'expression où chacun peut accrocher un mot ou un dessin.
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Concernant les voies ferrées désaffectées, C’est vraiment dommage de constater que l’aménagement en voie verte envisagée de l’ancienne voie ferrée reliant L’Aigle à Randonnai a été abandonné…
Si cette voie avait été aménagée en piste cyclable, elle aurait donné accès à l’ensemble du domaine forestier de l’Étoile du Perche et du domaine de La Trappe, entre autres !