L'accès aux soins autour de Caen relève parfois du parcours du combattant. Depuis vendredi 1er mars et pour une durée "indéterminée", le service des urgences de nuit de la Polyclinique du Parc est fermé. Aucun patient ne peut donc être pris en charge entre 20h et 8h du matin, 7 jours sur 7. Ils sont invités à appeler le 15 ou sont réorientés vers un autre centre hospitalier ou un médecin généraliste. Or, le 14 février, s'était ajoutée une grève de l'hôpital Saint-Martin, qui a pris fin vendredi 15 mars (lire plus loin). Leurs revendications : une augmentation de salaire.
Jusqu'à 175 patients par jour au CHU
Conséquence, les 274 000 habitants de Caen et son agglomération n'ont que très peu de solutions pour être pris en charge aux urgences. La clinique de la Miséricorde, située sur les Fossés Saint-Julien, est ouverte uniquement de jour, du lundi au dimanche de 8h à 20h. "Ce service d'urgence a été transformé en centre de soins non programmés en 2019", précise Myriam Krikorian, directrice de l'établissement depuis plus de dix ans. Quelle est la différence ? "Nous ne prenons pas en charge des pathologies lourdes comme un AVC par exemple. Mais on a un plateau technique (radiologie, biologie…) qui permet d'aller plus loin qu'un médecin généraliste de ville". Comme dans un service d'urgences à l'hôpital public, les patients peuvent se présenter sans rendez-vous. En février 2023, l'hôpital a enregistré une hausse de son activité aux urgences de 26 % par rapport à février 2022, avec en moyenne 48 patients par jour. Sa fréquentation a également augmenté au mois de février, période corrélée à la fermeture de la Polyclinique du Parc et la grève à Saint-Martin. "On a subi la grève de Saint-Martin car l'hôpital est proche du nôtre, avec les mêmes horaires d'ouverture", précise la directrice, constatant notamment un pic d'activité sur la journée du lundi, avec plus de soixante patients par jour. De son côté, le CHU de Caen a aussi connu un léger rebond d'activité d'environ 10 %. L'établissement a enregistré deux journées à 175 patients, contre 140 par jour en moyenne, à la mi-février. "C'est une situation absorbable. On a fait appel à des renforts médicaux et paramédicaux", assure le plus grand hôpital public de Normandie. Quatre personnes sur dix qui arrivent aux urgences du CHU sont hospitalisées alors que 47 % des patients hospitalisés en médecine, chirurgie et obstétrique recommandent le CHU, dans un classement de la Haute Autorité de santé dévoilé en début d'année. Chaque semaine, les établissements du territoire se réunissent pour "dialoguer sur la gestion des urgences et la régulation des accueils", poursuit le CHU. Dans le public ou dans le privé, le fond du problème concerne en partie le nombre de lits disponibles, accentué depuis la crise Covid. Selon une étude de la Fédération hospitalière de France (FHF), en 2023, 17 % des hôpitaux qui ont participé à l'étude ont fermé des lits aux urgences. Faut-il craindre les mois à venir à Caen ? "On a une pénurie de médecins sur les urgences caennaises. Il y a aussi beaucoup de travail à faire auprès des patients qui viennent aux urgences avant de passer par le 15", affirme Myriam Krikorian. Toujours selon l'étude de la FHF, en 2024, 54% des Français disent s'être déjà rendus aux urgences pour des raisons qui ne relevaient pas d'une urgence médicale. Contactée pour un bilan du côté du SAMU, la direction du CHU n'a pas souhaité s'exprimer.
Des négociations attendues en septembre à l'hôpital Saint-Martin
Après plus d'un mois de grève à l'hôpital Saint-Martin à Caen, les syndicats et la direction ont trouvé un accord. Des négociations vont avoir lieu en septembre, pour espérer un avenir pérenne.
Un mois et un jour. C'est la durée de la grève la plus longue de l'histoire de l'hôpital privé Saint-Martin de Caen, propriété du groupe Ramsay santé. Ce mouvement social, commencé à la mi-février, a pris fin vendredi 15 mars. Les syndicats ont finalement trouvé un accord avec la direction du centre hospitalier. Seule la CGT ne l'a pas signé. Une prime de partage de la valeur de 250€ a été accordée. En revanche, les salaires, cause principale de leurs revendications, n'ont pas été augmentés. Dans cet accord, la direction s'est engagée à ouvrir des négociations à partir de septembre pour un avenir pérenne. "Les salariés en attendent beaucoup. On ne sort pas d'un mouvement de grève du jour au lendemain", explique Cédric Leseney, secrétaire départemental de la CFDT Santé Sociaux. Une première réunion aura lieu en juin. Dans un communiqué, la direction de l'établissement "présente ses excuses aux patients pour les déprogrammations qu'ils ont eu à subir". Contactée, elle n'a pas souhaité répondre à nos sollicitations.
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