"Nous sommes des marins au service des navires, 24h sur 24, 365 jours par an", détaille Ludovic Perrouelle, président de la Société coopérative lamanage des ports du Havre et Antifer. "Nous mettons en place les amarres des bateaux, quelle que soit la taille de l'embarcation, des plus petites unités de 30 à 50m jusqu'aux géants de plus de 400m qui accostent actuellement à Port 2000." Pour ce natif d'Harfleur, âgé de 52 ans, ce métier est un rêve d'enfant devenu réalité. "Comme Obélix, je suis tombé dedans quand j'étais petit !"
"Dans ma famille, nous sommes des travailleurs portuaires depuis quatre générations, avec des pilotes, des dockers. Dès mon plus jeune âge, j'ai eu l'occasion de me balader sur les quais avec mon père, qui était lamaneur. Et pour moi, c'était une évidence de me retrouver sur l'eau et d'amarrer les navires." Ludovic Perrouelle étudie au lycée maritime Anita Conti (N.D.L.R. : alors encore au Havre à l'époque). Après quelques années d'attente et une formation in situ de 36 mois, il entre dans la profession en 1998.
Son premier souvenir est marquant : "C'était pour un pétrolier à la CIM, avec des amarres en fil d'acier, très lourds. Mais j'étais en doublure et mon tuteur m'a aidé à vaincre ma peur de ne pas y arriver." Le danger, dans ce métier, est présent en permanence, et dépend notamment de la taille du bateau. "Le premier risque est de tomber à l'eau. Mais cela arrive très rarement." Il y a aussi le risque d'écrasement, pour les vedettes des lamaneurs, entre le quai et la coque du navire. "La communication permanente entre tous les intervenants, le pilote du bateau, les remorqueurs et nous, est vitale. Et la routine est le plus grand danger. Il faut toujours rester vigilant."
Des solutions à trouver
face au gigantisme des navires
Ludovic Perrouelle est le président de la Scop Lamanage des ports du Havre et Antifer depuis 2015. Il entame son troisième mandat à la tête de cette institution, fondée en 1937. Au fil du temps, la profession a dû s'adapter à l'évolution de la taille des embarcations, toujours plus impressionnantes. "Et les amarres sont de plus en plus lourdes et plus solides. D'où la nécessité, au sol, d'utiliser des camions vire-amarres. Comme cela ne suffisait pas, un système dynamique d'amarrage fixé sur les quais s'est développé sur le port néerlandais de Rotterdam (qui a un trafic cinq fois supérieur au Havre), pour notamment réduire le risque de casse des amarres." Ce qui peut arriver en cas de tempête, par exemple. Ici, le dispositif a été testé avec succès de septembre 2021 à mars 2023. Le lamanage du Havre le commercialise depuis bientôt un an.
Une soixantaine de lamaneurs sur le port
Le métier de lamaneurs est spécifique.
Le port de la cité océane compte 62 lamaneurs, sur le pont 24h sur 24 et sept jours sur sept. Cette mobilisation permanente, notamment avec leurs 17 vedettes (de 7 à 17m) réparties sur l'ensemble des dix hectares du port, permet aux professionnels de remplir de nombreuses missions stratégiques. "En plus des amarres, explique Ludovic Perrouelle, les lamaneurs du Havre ont une convention avec Haropa pour intervenir en cas de pollution intraportuaire et déployer des barrages antipollution." Ils veillent aussi, entre autres, pour alerter les autorités de tout problème de sécurité ou de délinquance sur le port ou dans la rade.
Une liste d'attente pour postuler
Le métier vous tente ? "Déjà, il faut être marin", insiste Ludovic Perrouelle. Le diplôme requis est celui de Capitaine 200 qui s'obtient en lycée maritime, comme à Anita Conti à Fécamp. "Ensuite, les candidats postulent chez nous et il y a une liste d'attente. Ils suivent une formation de 36 mois avec un tuteur. Au Havre, c'est un système de compagnonnage." Côté salaire, "un lamaneur débutant commence à 2 000 euros net par mois (primes comprises, pour le travail de nuit notamment)". Une fois le grade de patron de vedette atteint, le salaire s'établit "entre 3 000 et 3 500 euros".
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