Collège mort. Les deux mots installés devant le collège Gustave-Courbet de Gonfreville-l'Orcher, près du Havre, jeudi 15 février, résument bien la situation. Très peu d'élèves se sont déplacés, une grande partie de l'équipe enseignante s'étant déclarée gréviste. Dans le viseur de ces professeurs : le "choc des savoirs" voulu par le gouvernement, et notamment la création de groupes de niveau pour les cours de français et de mathématiques en 6e et 5e, dès septembre 2024.
Creuser les inégalités
"Sur le terrain, on se rend vite compte que ce qui fonctionne le mieux, ce sont des classes hétérogènes, avec des élèves très bons, qui maîtrisent les compétences attendues, et ceux qui ont encore des progrès à faire. C'est la dynamique d'une classe qui est importante pour faire progresser les élèves", estime François Léger, professeur de français, latin et grec. Dans ce collège classé en réseau éducation prioritaire, il redoute que cette réforme ne creuse davantage les inégalités.
Reportage à Gonfreville
Même si la réforme prévoit des effectifs réduits pour les jeunes les plus en difficulté, Aurélie Hauchecorne, enseignante en mathématiques, est dubitative : "Venir au collège est déjà difficile pour eux. Alors, leur demander d'avoir envie de faire mieux, sans voir quelqu'un à côté qui fait mieux qu'eux, c'est compliqué." D'autant qu'en 6e et 5e, la coopération fonctionne bien, selon sa collègue Elise Le Peutrec : "Dans ma classe, il y a une entraide entre ceux qui y arrivent bien et les élèves en difficulté. Et un élève en réussite ne reste pas là à attendre, on l'alimente, on sait faire." Les professeurs s'interrogent aussi sur la mise en œuvre concrète d'une telle mesure, alors que les effectifs d'enseignants sont déjà insuffisants dans certaines matières.
Atelier banderoles à Gonfreville où les profs avaient convié les parents d'élèves à une réunion publique, en fin de journée.
Outre Gonfreville, une opération collège mort était aussi organisée au collège Roncherolles de Bolbec, jeudi 15 février, avec la participation de parents d'élèves, fortement mobilisés. Seule une dizaine d'élèves sur 650 étaient en classe.
Les parents d'élèves ont été particulièrement mobilisés à Bolbec. - Le Courrier Cauchois
Des parents mobilisés également au collège André-Gide de Goderville, où ils dénoncent également une baisse de moyens. Au Havre, des actions ont également été organisées dans les collèges Irène-Joliot-Curie, Raoul-Dufy, Claude-Bernard, Théophile-Gautier ou encore Eugène-Varlin.
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