14h56, bienvenue à bord du train n°3313. François Letourneur est bien installé dans sa cabine, à l'avant du train Paris-Cherbourg. A l'arrêt à Caen, ce conducteur de train nous invite à suivre un voyage jusqu'à Carentan, pour 39 minutes de trajet. Grâce à six caméras, il contrôle que tous les passagers sont montés dans la rame avant d'enclencher la première grâce à un levier de vitesse.
En première ligne
Devant lui se trouve un gigantesque tableau de bord, sur lequel il y a un tas de boutons et d'écrans de contrôle. "Je ne me sers pas de tout. Sur la gauche du pupitre, il y a tout ce qui est confort et dépannage. Sur la droite, c'est le freinage et la vitesse", explique-t-il. Une tablette numérique permet d'afficher en temps réel le trajet du train. Car il faut être clair, son boulot, c'est d'être à l'heure. "Je dois gérer le temps et la sécurité. J'ai une montre très à la pointe", sourit François après 25 ans de métier. En cas d'incident sur la voie, chaque train à une marge de manœuvre. "Par exemple, sur le Paris-Cherbourg, je peux rattraper 20 minutes de retard." Le train atteint une vitesse de 200km/h sur 80 des 370km du parcours. Pour le reste, la vitesse moyenne est de 140km/h. Je suis surprise par la stabilité de la cabine, qui offre aussi une visibilité incroyable sur le paysage. Ce "poète du rail", comme il est surnommé dans le milieu, connaît le réseau normand comme sa poche. Il a un faible pour "le côté vallonné du pays d'Auge, la plaine de Caen et la traversée des marais de Carentan, surtout quand ils sont inondés. On a l'impression de glisser sur l'eau !, raconte-t-il, plein d'entrain sur sa Manche natale. On a le plus beau bureau de travail du monde !"
"Un métier de solitaire"
Tout au long du trajet, on croise de la signalétique. Des feux tricolores en passant par des panneaux de direction et de vitesse. Et parfois, il arrive de tomber sur des agents des voies. "On klaxonne toujours pour prévenir de notre arrivée !", me souffle François, qui vient d'activer le signal à la sortie de Bayeux. La particularité du métier ? Le conducteur est seul dans sa cabine. Il en oublie presque qu'il transporte 250 passagers ce jour-là. "On est dans une bulle. On doit être isolé et concentré, précise-t-il, les yeux rivés sur l'horizon. C'est un métier de solitaire, c'est sûr !" L'accès à la cabine est très réglementé. Mais pour garder le lien avec les clients, il peut s'adresser aux voyageurs grâce à un micro. "En général, je me présente au début du trajet pour leur souhaiter un bon voyage. Ça ajoute un côté humain supplémentaire." Et bien sûr, toujours avec le sourire…
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