Les fumées noires s'élèvent dans le ciel du Havre. Allumées par les travailleurs portuaires, elles sont le symbole du mécontentement de ces agents et de celui de leurs confrères dockers, en grève pour 24 heures. La Fédération Nationale Ports et Docks CGT ont en effet appelé les différents ports français à se mobiliser, du 5 au 9 février. Au Havre, Port 2 000 (où transitent les porte-conteneurs) mais aussi les terminaux nord, le terminal roulier, le centre multivrac et le terminal multimodal ont été inaccessibles pendant une partie de la matinée. A Rouen, c'est sur le quai Boisguilbert que les dockers étaient mobilisés.
La pénibilité du métier
Premier motif d'inquiétude pour les grévistes : la réforme des retraites. "Quand le président Macron est venu sur le port en avril 2022, il s'était engagé à trouver des solutions en termes de pénibilité pour notre profession, dont l'espérance de vie est inférieure de huit ans à la moyenne nationale" rembobine Johann Fortier, secrétaire général des dockers du Havre. Des promesses réitérées l'an dernier par Clément Beaune, alors ministre des Transports.
Le Havre compte 2 800 dockers actifs.
"Les navires accostent 24 heures sur 24, 365 jours par an. Quand on est docker, il faut être disponible tout le temps, on travaille dans le vent, la nuit, en horaires décalés" rappelle le docker havrais, qui évoque aussi les pathologies qui touchent les travailleurs. "Lombalgie, surdité… Et nous sommes des travailleurs de l'amiante, qui passe toujours par les ports français. Malgré les efforts en matière de prévention, la profession reste pénible et dangereuse".
Johann Fortier, secrétaire général des ouvriers dockers
"Monter crescendo"
L'autre revendication des grévistes est l'investissement dans les ports. Au Havre, près d'un milliard d'euros vont être investis par des acteurs privés. Mais la Fédération des Ports et Docks réclame de l'argent public. "Faire du port du Havre c'est bien, mais il n'y a aucun budget européen pour améliorer le transport en France !" déplore Johann Fortier, évoquant notamment le report multimodal (transport ferroviaire et fluvial).
Johann Fortier, secrétaire général des ouvriers dockers
Une assemblée générale nationale est prévue ce mercredi soir. "La balle est dans le camp du gouvernement" conclu le docker, qui laisse entendre que le mouvement pourrait "monter crescendo" selon les réponses de l'exécutif, avec par exemple des opérations port mort. Pour l'heure, aucun ministre des Transports n'a été nommé dans le gouvernement Attal I.
A l'écluse François Ier, un feu a été allumé. C'est l'œuvre des agents portuaires.
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