Ces phénomènes se sont multipliés depuis l'automne 2023 : des dizaines de fausses alertes à la bombe ont provoqué l'évacuation d'établissements scolaires, de cinémas, de la mairie de Rouen ou de médias. Des milliers de personnes ont été concernées par les évacuations. Le phénomène n'est pas pris à la légère par la préfecture qui alerte sur la question.
Comment expliquez-vous ce phénomène de fausses alertes à la bombe ?
Il faudra en faire une analyse nationale. Mais sur les cas ici, quand on voit les personnes qui ont été interpellées, ce sont des vieux mineurs ou des jeunes majeurs, des adolescents parfois. Ces personnes cherchent très concrètement à déranger, s'amuser, sans avoir aucune conscience des difficultés dans lesquelles elles mettent l'ensemble des structures ni, je le crains, de leur responsabilité.
Quel dispositif est mis en place à chaque alerte ?
Les premiers informés, ce sont les établissements concernés qui reçoivent la menace, souvent d'un attentat à la bombe. Tout de suite, un contact est pris avec la police puis les services de la préfecture et enfin, les équipes du centre de déminage qui est basé à Caen. Ces experts peuvent donner leur analyse à distance ou se déplacer. A chaque fois, il faut évacuer en sécurité les établissements. Et il faut, surtout pour les établissements scolaires, s'assurer des conditions d'accueil sur la voie publique et de l'impact sur la circulation.
Vient alors la levée de doute…
Il s'agit d'une vérification avec quelqu'un qui connaît bien les lieux. Il va vérifier avec les policiers toutes les pièces pour voir s'il y a des éléments suspects. Depuis l'automne, il n'y a jamais eu de cas qui a mis en avant un risque particulier. Les services de renseignement qui travaillent sur le risque terroriste n'ont jamais détecté ce type de menace. Et un nombre non négligeable de ces mails de menace paraissaient immédiatement du même type, parfois mal rédigés ou peu sérieux et parfois avec des menaces fantasques.
Avec parfois 15 établissements menacés en même temps, quelles conséquences cela a sur le fonctionnement des forces de l'ordre ?
C'est le point majeur ! Pendant ce temps-là, personne ne fait autre chose… C'est le cas des infrastructures concernées. Par exemple, pas de cours au collège. Et puis la police nationale, police municipale, parfois les pompiers, sont détournés de leur mission et ne peuvent pas être occupés à autre chose. Ce sont des milliers d'heures de travail ! Il faut ajouter qu'à chaque fois, une enquête est ouverte. Et ce sont encore des heures de travail des enquêteurs, puis des magistrats, qui sont ponctionnés pour de fausses alertes… C'est un délit ! Il est puni de deux ans d'emprisonnement et de 30 000 euros d'amende. Et ce n'est pas pour rien !
Car tout ça coûte de l'argent…
Ce sont aussi des coûts indirects. Des établissements ont perdu des repas à la cantine qui ont dû être jetés, par exemple. Nous avons systématiquement facturé et déposé plainte pour présenter ce que ça a coûté au contribuable. Je pense aux auteurs et aux parents des auteurs. Car quand ils sont mineurs, la responsabilité civile des parents est engagée. La question n'est pas de savoir si les auteurs seront interpellés, mais quand ils seront interpellés. Et la facture leur sera présentée. Les faits ne demeurent pas impunis.
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