"Cela arrive souvent qu'il fasse des visites de ce genre ?" A la question posée par Guilène Duboc, agricultrice à Saint-Vincent-Cramesnil, la réponse est non. Il est relativement rare qu'Edouard Philippe s'invite dans l'actualité lorsque celle-ci s'emballe. Le maire du Havre et président du parti Horizons cultive une certaine discrétion. Ce vendredi 26 janvier, c'est entouré uniquement de la presse locale qu'il est venu visiter l'exploitation de cette agricultrice et de son frère. Une ferme typique du pays de Caux, où paissent 150 vaches laitières, entourées de cultures.
Agriculture… et sidérurgie
En jean et doudoune made in Le Havre, l'ancien Premier ministre a écouté les problématiques rencontrées par les exploitants, entouré de représentants des syndicats agricoles majoritaires, la FDSEA et les Jeunes Agriculteurs, avec qui il a d'abord pris soin d'échanger loin des micros et caméras. Haies, jachères, bien-être animal, normes, prix trop bas… Les points de crispation sont les mêmes que ceux exposés sur les routes ces derniers jours.
Seuls les journalistes locaux ont été conviés à cette visite.
"Ce que je retiens, c'est que les agriculteurs sont à la fois passionnés et inquiets, commente Edouard Philippe, qui salue plusieurs fois la qualité des échanges menés dans le calme - "parce que c'est le format que l'on a choisi" - avant d'oser une comparaison. "Il y a beaucoup de choses qui finissent par faire ressembler l'agriculture aujourd'hui à la sidérurgie des années 1970. Je ne veux pas que notre pays voie ce fleuron exceptionnel disparaître, écrasé par la concurrence." La concurrence, notamment, des pays européens transfrontaliers, moins exigeants que la France : "Il y a en France une tendance à surtransposer les réglementations européennes, c'est un défaut dont il faut se départir", prône l'élu.
"On sait qu'il est écouté nationalement"
"Les agriculteurs doivent vivre de leur travail, cela veut dire vivre avec un revenu et avec des prix fixés justement", estime également Edouard Philippe. Les lois Egalim votées pendant le premier quinquennat d'Emmanuel Macron "sont de bonnes lois, mais il faut qu'elles soient appliquées de façon transparente et générale".
A son départ, les propriétaires de la ferme ont le sentiment d'avoir été écoutés. "Au-delà des manifestations et mouvements nationaux, qui sont importants, cela permet d'expliquer concrètement ce que l'on vit aux responsables politiques", estime Guilène Duboc. "On sait qu'il est écouté nationalement. Un gars comme Edouard Philippe, quand il rencontre des gens de terrain, ce n'est pas anodin", espère Edouard, son frère. En attendant les annonces de Gabriel Attal en réponse à la crise, l'éleveur avance déjà une mesure prioritaire à ses yeux : la sortie des traités de libre-échange, pour ne plus importer "de la bouffe qu'on ne veut pas en France, et que l'on n'autorise d'ailleurs pas nos agriculteurs à faire. Il faut redynamiser l'économie de l'agriculture, et alors le changement sur l'environnement se fera naturellement."
Edouard Philippe à la rencontre d'agriculteurs
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