Plutôt que de la colère, c'est une forme de lassitude qui s'est exprimée, mardi 23 janvier, devant la Direction départementale des territoires et de la mer (DDTM) de Rouen et la sous-préfecture du Havre. A l'appel des syndicats agricoles FDSEA et Jeunes Agriculteurs, tracteurs, éleveurs et cultivateurs ont convergé vers les deux villes pour exprimer un ras-le-bol général et réclamer des simplifications administratives.
Bâches et terres déversées sur la chaussée, de quoi empêcher la circulation des automobilistes.
"Il faut un effet de masse"
"Il y a quinze jours, j'ai reçu un recommandé pour m'indiquer que je perdais une partie de mes aides au titre de la Politique agricole commune (PAC) car je ne suis pas assez diversifié. C'est une absurdité, car je cultive une quinzaine de variétés différentes. Mais chacune sur des trop petites surfaces pour rentrer dans les cases de la PAC", déplore Vincent Lecarpentier, maraîcher à Fontenay, près du Havre.
D'autres tracteurs sont arrivés en renfort. La sous-préfecture bâchée, quelques remorques déversées... #lehavre #agriencolere pic.twitter.com/HE1pdJ4Lc8
— Tendance Ouest 76 (@Tendanceouest76) January 23, 2024
Eleveuse de porcs près de Bolbec, Gaëlle Guyomard pointe également la complexité des aides. "Il y a des onglets, des sous-onglets, il faut avoir un Bac +50 pour ne pas faire d'erreur", ironise cette agricultrice, qui manifeste pour la première fois. "C'est important que cela bouge en Europe, qu'il y ait un effet de masse, pacifique", estime la Cauchoise, également mère de famille, qui estime passer trop de temps sur l'administratif, "la nuit, les week-ends", après les journées de travail. "Mon métier est une passion, mais aujourd'hui, je ne suis pas rémunérée à la hauteur du temps que j'y passe."
Au Havre, les agriculteurs sont invités à formuler trois propositions pour simplifier les normes administratives.
Des barrages filtrants annoncés
Les agriculteurs pointent aussi la baisse des aides sur le gazole non routier (GNR) ou l'obligation imposée par Bruxelles de conserver 4% de terres en jachère, c'est-à-dire non cultivées : "Je n'avais pas forcément prévu ça, je ne vais pas aller voir la banque et lui dire que je lui rembourse 4% en moins", pointe Luc Blondel, récemment installé à Saint-Antoine-la-Forêt.
Les tracteurs arrivent à Rouen au niveau de la Direction Départementale des Territoires et de la Mer #jeunesagriculteurs76 #FNSEA76 #agriculteurs pic.twitter.com/WOI6bn0gw6
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A Rouen et au Havre, des bennes de terre ont été déversées devant la DDTM et la sous-préfecture. A Rouen, les agriculteurs ont pu échanger avec le préfet, Jean-Benoît Albertini, venu à leur rencontre. Une minute de silence a également été respectée en mémoire de l'agricultrice tuée sur un point de blocage en Ariège. Les actions vont se poursuivre en Seine-Maritime. Des barrages filtrants au niveau des ponts de Brotonne et de Tancarville sont en préparation.
A Rouen, le préfet Jean-Benoît Albertini est allé à la rencontre des agriculteurs en colère.
Devant le pont Boieldieu de Rouen, cet agriculteur rappelle que la contestation avait débuté à l'automne par le retournement des panneaux en entrée de ville.
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