Chaque jour, la routine est la même. Les bénévoles de l'Autobus Samusocial se donnent rendez-vous au quartier général de l'association situé sur les Hauts de Rouen pour préparer les paniers repas : sandwich, laitage, fruit, soupe et café fournis par la Banque alimentaire. Aujourd'hui, ils sont cinq bénévoles à partir en maraude, encadrée par Kamel Jeanguyot, un des doyens de l'association, qui maraude généralement le mercredi. Ce n'est pas celui qui a le plus d'ancienneté, ici. Certains, parmi les 130 bénévoles de l'Autobus, sont investis depuis des dizaines d'années. "Nous avons une bénévole, Marie-France, qui est là depuis 30 ans", explique Kamel. L'équipe est prête.
Pour l'occasion, les bénévoles m'ont réservé une place dans le bus à l'avant. Nous discutons avec Kamel qui me présente le programme. "Nous passons d'abord à notre bagagerie, ensuite nous allons passer voir le boulanger pour récupérer ses invendus puis nous allons faire notre premier point fixe, qui est à l'hôtel de ville." L'Autobus répète ainsi l'exercice à la gare de Rouen puis au cours Clemenceau avant d'entamer une tournée dans la ville, au chevet des sans-abri isolés qui ne se déplacent pas lors des distributions. Le parcours peut ainsi s'éterniser jusque tard dans la nuit. Le froid n'arrange pas les choses. Ce qui explique aussi le manque de monde ce soir-là. D'après le décompte d'une des bénévoles, seules 22 personnes se sont présentées aux jardins de l'hôtel de ville. En cause, notamment, les places débloquées en gymnase par la préfecture avec le plan Grand Froid.
"Beaucoup de leçons de vie"
Tout de même quelques habitués se présentent à l'Autobus. Philippe Petit s'occupe de distribuer la soupe et le café. Il s'est engagé avec l'Autobus depuis 2017 et estime donner autant qu'il reçoit. "On reçoit beaucoup de reconnaissance déjà… On a aussi beaucoup de leçons de vie qui nous font réfléchir." Le professeur retraité n'était pourtant pas un habitué du contact avec la rue. "Pour être franc, c'était un public qui me mettait mal à l'aise quand je les croisais. Et je me suis dit 'on ne craint que ce que l'on ne connaît pas, donc le meilleur moyen de savoir c'est d'aller voir sur place'."
Parmi ce public, un ancien bénéficiaire vient saluer les bénévoles. Anonymement, il se confie sur son parcours semé d'embûches, entre la perte de son travail, la séparation avec sa femme et son arrivée dans la rue. Aujourd'hui, il a retrouvé un travail et est hébergé en sous-location. De son expérience, le jeune homme retient qu'à Rouen, "on peut mourir de froid mais on ne peut pas mourir de faim", grâce aux nombreuses associations qui se mobilisent pour les plus précaires.
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