La température est glaciale ce soir. Le rendez-vous est pris juste avant 20 heures, dans la cour de l'école Henri-Brunet, à deux pas du port de Caen. Une queue est formée devant la grille de l'établissement, avec des jeunes, des plus âgés, des femmes, des enfants… Certains improvisent une bataille de boules de neige pour patienter. Neuf bénévoles de la Croix-Rouge s'occupent le soir de cette maraude. Christian Brotin, le référent du jour, m'accueille et m'explique. "Nous sommes partis vers 18h30 avec deux camions faire le tour d'une dizaine de boulangeries. Nous récupérons les invendus : sandwichs, pain, viennoiseries…". Ensuite, un tri s'impose, notamment pour différencier les casse-croûte contenant, ou non, du porc, viande interdite dans plusieurs religions.
De quoi se réchauffer
L'équipe installe ses tables pliantes et chacun est affecté à un poste de distribution. Christian me place aux côtés de Munir Noori, un Afghan bénévole depuis le mois de novembre. Nous sommes assignés aux boissons chaudes, alors que les femmes et enfants arrivent en premier. Positionnés en fin de chaîne, nous devons leur offrir de quoi boire et se réchauffer. La personne m'indique si elle souhaite un café, un chocolat ou une soupe, légumes ou tomate. Derrière moi, un bénévole est chargé de remplir de poudre les gobelets suivant mes commandes, puis je dois ajouter l'eau chaude, et servir. "On fait bouillir de l'eau au dépôt avant de partir", me glisse Christian Brotin. Les enfants n'oublient jamais les marques de politesse. Je suis frappé par leur sourire malgré les circonstances.
Tous ne sont pas sans-abri, mais vivent dans la précarité. Quentin Boulineau, 25 ans, est étudiant. Il est hébergé mais "parfois c'est compliqué, alors je viens manger ici". Bilal Lefèvre, 19 ans, est lui un habitué des maraudes depuis trois ans. Il possède maintenant un toit, après avec vécu deux ans dans la rue. "A force, on a l'habitude de venir", souffle-t-il. Ce soir, la quantité de nourriture n'est pas abondante, selon le référent de la Croix-Rouge. "Ça arrive, on ne se plaint pas, ce n'est pas de leur faute", tempère le jeune homme. Pour compenser, l'association distribue à certains des boîtes de thon, sardines ou maquereaux. Quelques-uns interpellent Christian Brotin pour demander des vêtements chauds ou des couvertures. "Je leur donne des fiches pour aller récupérer des affaires à notre stock boulevard Lyautey le lendemain", explique-t-il. Il est 20h35, et déjà l'heure de tout remballer dans les camions. A 21 heures, une seconde maraude a lieu sous le pont de la gare.
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