Les militaires de la Marine nationale peuvent être appelés à servir en tout temps et en tout lieu en cas d'alerte. La plupart d'entre eux sont autorisés à prendre des congés pendant les fêtes de fin d'année pour retrouver leur famille. En général, la Marine nationale s'arrange pour que le bateau puisse accoster à Cherbourg au moment de Noël, la majeure partie des bâtiments étant à quai. Ce sont des périodes où il ne fait pas très beau, la mer ne permet pas de tout faire, comme des sorties ou des entraînements en mer par exemple.
Les sémaphores ou encore le Cross Jobourg (lire par ailleurs) sont mobilisés durant les fêtes avec des permanences et des astreintes assurées comme un dimanche. C'est également le cas dans différents services de la préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord. L'Enseigne de vaisseau (EV) Pierre, adjoint à la conduite des opérations depuis un an et demi à la préfecture maritime, installé dans la base navale de Cherbourg, est engagé depuis 14 ans dans la Marine nationale. Son poste consiste à seconder le chef de la conduite des opérations.
"C'est un large spectre, ce service rassemble les opérations de police des pêches et de l'environnement marin, de surveillance des approches maritimes, de l'aide et de l'assistance à des navires en détresse, le sauvetage en mer, ou encore la lutte contre la pollution en mer et le phénomène d'immigration illégale", ajoute-t-il.
Les 24 et 25 décembre,
considérés comme un dimanche
Pour les jours de Noël ou du Nouvel An, les militaires s'arrangent à l'amiable dans leurs services respectifs. "Celles et ceux qui travaillent le jour de Noël ne sont pas mobilisés le jour de l'An, sauf s'ils sont volontaires", précise l'Enseigne de vaisseau Pierre. Les 24, 25 et 31 décembre et le 1er janvier sont considérés comme un dimanche. "Ici, à l'état-major, dans la conduite des opérations, nous travaillons le 24 ou le 25 décembre, mais non les deux jours consécutifs. Nous travaillons de 9 heures à 9 heures pendant 24 heures, où nous sommes physiquement présents à l'état-major. Ici, j'ai choisi de faire le 25… Si vraiment on n'avait personne, un chef désigne."
En journée normale, une vingtaine de personnes sont présentes dans les bureaux. En temps normal, pour une soirée ou une journée de service comme un dimanche, six personnes sont mobilisées physiquement : un officier de permanence, un adjoint et une équipe de quatre autres marins qui assurent la surveillance. Pour les astreintes, "en cas d'alerte, il ne faut pas être trop loin de Cherbourg". De leur côté, les cuisiniers de la Marine s'arrangent pour proposer un repas amélioré à Noël. "Nous rapportons aussi des petites choses comme du foie gras pour que cette journée reste conviviale." Volontaire ce jour-là l'an dernier au sein de l'état-major, l'Enseigne de vaisseau Pierre n'a pas été confronté à une intervention marquante. "S'il y en a une, les marins s'en souviennent toujours. Ils se disent qu'ils étaient présents à Noël au service des autres. Nous veillons pour que d'autres puissent passer un bon moment."
Au Cross Jobourg, le personnel est prêt pour les fêtes
Du personnel du Cross Jobourg sera mobilisé pendant les fêtes de fin d'année afin d'assurer sa mission de service public.
Le Cross Jobourg, c'est quoi ?
Le Centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage (CROSS) remplit ses missions de coordination des opérations de sauvetage et d'assistance en mer et de surveillance du trafic maritime sept jours sur sept et 24 heures sur 24. Il est situé à Jobourg, dans La Hague, et compte un effectif de 48 personnes.
Engagement du mardi au mardi
Alban de la Presle, administrateur des affaires maritimes et coordonnateur des opérations - photo - depuis juin 2022 au Cross, précise que le personnel qui dort et vit sur place est mobilisé du mardi au mardi avec une relève assurée à 10h. Lui sera de service en tant qu'officier le week-end de Noël et le lundi 25 décembre. "Au Cross, il y a un accord entre chacun. Une année, on travaille soit à Noël, soit au Nouvel An, la deuxième année, on prend l'autre fête restante, et la troisième année, nous sommes au repos pour les fêtes."
Noël, un moment convivial
Comme ce sont les fêtes, pour que les marins assurent leur mission de service public comme l'oblige le statut de militaire tout en passant un moment "convivial" et "confortable" au Cross Jobourg, "on va avoir un repas amélioré et on va s'offrir des petits cadeaux, et nous allons continuer notre mission. Nous ne sommes pas à l'abri de nous retrouver avec une personne en difficulté et une mission de sauvetage".
A la vigie du Homet, ils veillent pour notre sécurité
La vigie du Homet à Cherbourg est un sémaphore permettant d'assurer la surveillance du trafic maritime et des entrées du port militaire. Reportage.
Le rendez-vous est donné à la vigie du Homet, à Cherbourg, à 42 mètres de hauteur après avoir monté les quelque 160 marches qui mènent à sa chambre de veille panoramique, où un poste de commandement est aménagé au dernier étage. Ce bâtiment ressemblant à une grande tour de couleur bleu et blanc se trouve dans le port militaire.
La surveillance du trafic maritime
et des entrées au port militaire
Maître Thibault, engagé en 2011 dans la Marine nationale en tant que guetteur sémaphorique, travaillait au Cross Jobourg (lire par ailleurs) avant d'intégrer les locaux de la vigie du Homet depuis deux ans : "C'est un sémaphore implanté dans la base navale de Cherbourg", explique Maître Thibault. Cette structure a des missions supplémentaires par rapport à un sémaphore classique. A ne pas confondre non plus avec le Cross. Ce dernier n'a pas vocation à regarder ou surveiller la mer, qui est la responsabilité du sémaphore ou de la vigie. "Le sémaphore surveille tout type de navire, le Cross, lui, est spécialisé dans la coordination des missions de sauvetage et d'assistance en mer, ainsi que dans la surveillance du trafic maritime, l'autoroute de la Manche. Avec la vigie, on va avoir en plus l'aspect protection du port militaire."
Cette grande tour se concentre sur la détection et la surveillance des navires militaires français et étrangers en escale à Cherbourg, ou bien la surveillance des chalutiers en mer dans son périmètre, c'est-à-dire de la pointe de Jardeheu dans La Hague jusqu'au Cap Lévi, avec le port, la petite et la grande rade de Cherbourg. "Nous détectons les bateaux s'ils se trouvent dans notre secteur et nous travaillons avec plusieurs unités de la Marine pour aider à la protection du port." Les outils à la disposition de la vigie sont les yeux avec les jumelles, et les oreilles. Il faut aussi avoir un certain niveau d'anglais pour entrer en contact avec les navires étrangers.
Dix personnes mobilisées par jour
Maître Thibault effectuera cette année son deuxième Noël à la vigie : "La plupart du temps, ce sont des soirées calmes." Que ce soit pour un sémaphore ou la vigie du Homet, dix personnes, en comptant le chef de poste qui s'occupera plutôt de la partie administrative, sont mobilisées chaque jour du mardi au mardi. "Neuf personnes vont se relayer à la surveillance, ajoute Maître Thibault. Nous restons toute la semaine au sémaphore - on y dort, on mange en bas de la vigie -, ou pour certains la journée." Une journée de service correspond à 24 heures. Une surveillance se compose de trois personnes, un chef de quart assurant la permanence, et deux opérateurs. Les autres marins sont au repos à la vigie. Le personnel se relaye toutes les quatre heures. Que ce soit le week-end ou un jour férié, le service est toujours le même. D'une manière générale, le marin travaillant à la vigie est mobilisé à Noël et non au Nouvel An. Pour les fêtes, chacun dispose d'un repas amélioré. "On sent que la quantité de travail est un peu réduite le jour de Noël, mais le travail reste exactement le même. Il peut y avoir des situations périlleuses à tout moment, on reste vigilant à chaque instant."
"L'ambiance sur un bateau un soir de Noël,c'est très particulier"
Benoit-Xavier Huet, chef d'état-major de la préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord à Cherbourg, raconte ces moments particuliers vécus au travail lors des fêtes de fin d'année.
Pouvez-vous vous présenter ?
"Je suis le Capitaine de frégate (CF) Huet Benoît-Xavier, chef d'état-major chargé de la gestion des effectifs et des astreintes d'officiers de permanence au centre opérationnel de la Marine nationale depuis l'été 2022. Auparavant, j'ai travaillé pendant trois ans aux Etats-Unis, dans la lutte contre le trafic de drogue en Floride. Juste avant, j'ai aussi effectué six ans à Paris, à l'état-major des armées. Je suis entré dans la Marine nationale en 1990, j'ai donc fait quelques Noël en mer."
Qu'est-ce qui change un soir de Noël ?
"L'ambiance sur un bateau un soir de Noël ou de Nouvel An, c'est très particulier. C'est souvent difficile à vivre car c'est une fête familiale. Il y a un peu de nostalgie, on se sert les coudes. Nous avons des repas améliorés. La nourriture joue beaucoup sur le moral des marins. Je me souviens d'une intervention lors d'un réveillon pour escorter un sous-marin nucléaire, ce n'était pas prévu."
Comment sont organisées les fêtes ?
"Il n'y a pas beaucoup de changement entre un jour lambda et les fêtes. Les équipes sont en permanence actives 24 heures sur 24, 365 jours par an, pour assurer les fonctions de l'amiral. Que ce soit à Noël, un dimanche ou en semaine, vous aurez toujours le même nombre de personnes, avec également des gens d'astreinte pour venir en renfort en cas d'alerte. Nous faisons appel aux volontaires pour Noël. Pour ma part, je serai présent à Cherbourg mais je ne serai pas à la base navale. J'aurai mon téléphone et je serai prêt à intervenir en cas d'urgence."
A Noël, "le commerce mondial ne s'arrête pas"
Le trafic des navires de commerce reste inchangé pour les fêtes de fin d'année dans la Manche. En revanche, les pêcheurs et les plaisanciers se font plus rares.
Lors des fêtes de fin d'année et surtout pour le jour de Noël et du Nouvel An, les bateaux de pêche et de plaisance se font plus rares. "C'est très cohérent", réagit le Capitaine de frégate (CF) Benoit-Xavier Huet, chef d'état-major à la préfecture maritime à Cherbourg. "En revanche, le commerce mondial ne s'arrête pas. Un soir de Noël, le trafic maritime très important en Manche mer du Nord reste le même. Ces bateaux partent souvent plusieurs semaines ou mois pour livrer leurs marchandises."
Les services doivent donc rester en alerte sur le trafic maritime. "Il faut rester présent pour un bâtiment qui s'est mis à dériver ou ayant rompu son mouillage par exemple, un navire de commerce, porte-conteneurs ou pétrolier ayant eu une avarie…", précise l'Enseigne de vaisseau (EV) Pierre, adjoint à la conduite des opérations à la préfecture maritime à Cherbourg. "Plus la météo est mauvaise, plus le risque d'avarie est possible." L'Abeille Liberté et tout autre moyen sont prêts à intervenir à tout moment. L'an dernier, entre les fêtes, le 27 décembre, le "HSL Nike", un cargo de 210 mètres de long, avait subi une panne sur son moteur principal dans le détroit du Pas-de-Calais. Le porte-conteneurs avait dû être remorqué dans la soirée à Dunkerque. La préfecture maritime reste aussi mobilisée pour les fêtes sur le phénomène migratoire dans le Pas-de-Calais et la présence de bateaux militaires. Rien ne change, la surveillance reste de mise 365 jours sur 365 et 24 heures sur 24.
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