C'est dans une salle comble du cinéma l'Omnia à Rouen, remplie d'anciens papetiers, que Marianne Lère Laffitte a présenté, jeudi 23 novembre, son dernier film en avant-première, "L'usine, le bon, la brute et le truand", attendu le 3 janvier prochain en salle. Le documentaire suit le parcours de trois anciens employés de la papeterie de Grand-Couronne Chapelle Darblay, fermée en 2019 après l'annonce de la mise en vente de l'usine par son propriétaire, le Finlandais UPM, mettant sur le carreau plus de 230 salariés. Le film évoque le combat de ces trois irréductibles Normands, qui sont parvenus à sauver leur outil de travail. Des premières assemblées générales jusqu'à la "merguez de la victoire", il synthétise plus de 1 000 jours de lutte acharnée jusqu'à l'annonce de la reprise du site par Veolia en 2022. Julien Sénécal, dit le bon, Cyril Briffault alias la brute, et Arnaud Dauxerre, le truand, forment le trio de cette fresque sociale aux allures de western. Les deux premiers sont délégués syndicaux à la CGT, le troisième est un représentant des cadres sans étiquette. Attachants, parfois drôles et tantôt en colère, les acteurs passent ainsi de réunion en réunion pour tenter de remettre sur pied l'usine qui, jusqu'ici, recyclait l'équivalent de près de 500 000 tonnes de papier par an, soit le résultat du tri de 24 millions d'habitants en France. "J'ai su dès la première rencontre que j'avais affaire à trois personnages admirables dans leur combat… C'était un peu une histoire à la David contre Goliath", explique Marianne Lère Laffitte qui a filmé, seule, ces trois acteurs pendant un an et demi. "J'ai montré trois hommes ordinaires à l'œuvre pour prendre en main leur destin."
"Chapelle Darblay, ça a fait vivre ma famille"
"C'est un film très émouvant", lâche Julien Sénécal, à la sortie du documentaire. Lui, encore plus que les autres, a des raisons de se battre pour l'usine. "Chapelle Darblay, ça a fait vivre ma famille. Mon grand-père, mon père, mon frère, mon oncle, on y a tous travaillé, et on n'a pas envie que ça s'arrête", affirme le délégué syndical. A côté de lui, Cyril Briffaut. "Quand je vois ce film, ça me rappelle beaucoup d'évènements, ce sont des tranches de vie, ce sont des émotions." Au casting également : l'usine elle-même, que la réalisatrice a voulu personnifier jusqu'à la faire figurer dans le titre du documentaire. "Tout au long du film elle ponctue l'action puisqu'on l'entend presque gémir… C'est un personnage dans le coma qui attend d'être réveillé", explique la cinéaste.
En plus des trois protagonistes, on peut aussi apercevoir Philippe Martinez, à l'époque secrétaire général de la CGT, qui s'était invité autour de la table des négociations. La papeterie de Grand-Couronne était déjà, en 1983, un enjeu pour le syndicat qui s'était mobilisé après l'annonce d'une fermeture du site. "C'est un dossier qui est devenu le cœur de l'économie circulaire", déclare de son côté Nicolas Mayer-Rossignol, lui aussi acteur du film, venu assister à l'avant-première et que l'on voit à plusieurs reprises, notamment au moment du rachat du terrain par la Métropole après son droit de préemption. Toute l'équipe du film espère un deuxième volet avec une fin heureuse, à savoir le redémarrage des machines, "avec un maximum de copains qui auront envie de revenir, ils seront les bienvenus lorsque le bureau des embauches sera ouvert", se projette Cyril Briffault.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.