Rien ne prédestinait Xavier Ruelle à devenir sous-marinier dans la Marine nationale. Cet ancien officier de 50 ans, qui a quitté la vie active il y a deux ans, a découvert ce milieu grâce à la science. "J'ai découvert le nucléaire à l'âge de 14 ans, en cours de physique au collège, et je voulais travailler pour EDF", explique celui qui est originaire de l'est de la France, loin de la mer. Il poursuit : "A Noël, mon père m'a offert un livre, Octobre Rouge, et, du coup, je suis tombé dans les sous-marins étant petit, et je n'ai pas changé de voie."
Il n'avait vu la mer qu'une seule fois
Après une prépa, il a intégré l'Ecole navale de Brest. "C'est fou, je me suis engagé, je n'avais vu la mer qu'une seule fois. Et encore, c'était dans le sud de la France. La seule expérience de navigation que j'avais, c'était sur un lac dans les Vosges", raconte-t-il. Quand il a commencé à vire avec au quotidien, son rapport à la mer a évolué. "Ce n'était pas un coup de foudre, mais je me suis rendu compte avec le temps que je ne pourrais plus vivre loin de la mer. Je suis originaire d'un pays de montagne : la neige ne me manque pas, la mer me manquerait", assure Xavier Ruelle. S'il ne navigue pas, à part pour surfer, il a besoin de sentir le vent du large et les embruns.
Il a une connaissance de la mer complètement différente des marins de surface. "En tant que sous-marinier, j'ai vécu dedans. C'est un lien ambivalent avec la mer car c'est notre milieu : on vit de la mer. Avec l'eau de mer, on fabrique de l'eau et avec cette eau, on fabrique de l'oxygène. Si on arrive à vivre sous l'eau, c'est grâce à la mer. Et, en même temps, elle cherche à entrer dans le sous-marin et à nous détruire, c'est la pression", analyse-t-il. La mer représente tout autant la vie que le danger pour lui.
Garder le lien
La Marine garde néanmoins un rôle important pour celui qui a quitté le service actif. "On reste sous-marinier toute notre vie", affirme Xavier Ruelle. Il garde des liens avec les sous-marins grâce à la réserve, mais aussi par son rôle de président d'Ondine (lire par ailleurs), la section cherbourgeoise de l'Association générale des sous-mariniers. Ce lien est extrêmement important pour lui. "La solidarité qu'il y a forcément dans le bateau, ça crée des liens qui sont intergénérationnels et qui sont particuliers", décrypte-t-il. Et qui ne le quitteront donc jamais. Aujourd'hui, il retrouve, dans une certaine mesure, ce type de liens par son engagement dans de nombreuses associations. "On va dire que je suis bénévole à temps plein", conclut-il.
Une vie sous l'eau
Xavier Ruelle a passé sa carrière sous l'eau, dans les sous-marins de la Marine nationale.
20 000
Non pas lieues sous les mers, mais heures passées sous l'eau en service pour la France, soit plus de deux ans. Il n'est pas capable de dire combien de fois il a fait le tour de la Terre ou combien de kilomètres il a parcouru, car il n'était au courant ni de la destination, ni du trajet lorsqu'il était en mission. Sur ses 27 ans de carrière, Xavier Ruelle en a passé 25 dans les sous-marins.
Ondine
Xavier Ruelle préside la section cherbourgeoise de l'Association générale des sous-mariniers. Elle conserve le lien entre sous-mariniers, organise des cérémonies en mémoire des sous-marins disparus au large du Cotentin. Elle fait rayonner le métier de sous-marinier. Par exemple, ils font régulièrement visiter le Redoutable, en y racontant leurs expériences sous-marines.
La vie de famille
Lors des visites, il raconte des anecdotes de sa vie dans la Marine. "Pour la vie de famille, c'est un peu compliqué, et on s'en rend à peine compte. Quand je suis parti en patrouille sur l'Inflexible pour la première fois, on a plongé et on a disparu pendant plusieurs mois, deux jours après la naissance de ma fille. Ça ne m'a même pas paru anormal. Avec le recul, c'est vrai que c'est un peu bizarre."
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