Hervé Morin, président de la Région Normandie, a tapé du poing sur la table ce mardi 21 novembre. En déplacement à Rennes, il s'est agacé des dérives concernant la méthanisation des cultures de maïs. En effet, la Normandie s'est dotée d'un programme de développement de la méthanisation (transformation des matières organiques en biogaz par fermentation). Pour ce faire, elle a bénéficié de nombreux financements, régionaux et européens pour des montants atteignant plusieurs dizaines de millions d'euros.
La Normandie détient aujourd'hui 188 unités de méthanisation qui permettent de diversifier les sources d'énergie en développant le gaz renouvelable et d'offrir un complément de revenus aux agriculteurs sauf que de nombreuses dérives sont apparues. "De plus en plus de témoignages me parviennent d'acteurs locaux et d'agriculteurs sur des dérives dans l'usage fait des méthaniseurs", déclare Hervé Morin dans un communiqué adressé à l'AFP.
"Il apparaît que des surfaces agricoles, particulièrement de maïs, se trouvent détournées d'une destination de production alimentaire animale vers une destination énergétique, étant entendu que les méthaniseurs doivent valoriser avant tout les déjections animales. De nombreux producteurs de maïs nous signalent des propositions d'achat de la part d'exploitants de méthaniseur à des prix deux fois supérieurs au prix du marché agricole", souligne Hervé Morin.
A ce jour, le maïs est considéré par les experts comme l'une des cultures les plus productives en biogaz mais une directive de 2016 interdit aux méthaniseurs d'injecter plus de 15% par an de produits issus de ressources alimentaires cultivées à titre principal, c'est-à-dire maïs, orge, choux etc. "La production agricole doit d'abord être affectée" à "nourrir les hommes et les animaux. La méthanisation est au service de l'agriculture et non le contraire", insiste Hervé Morin.
Contrarié, le président de la région a saisi le préfet au sujet de ces dérives et a suspendu l'ensemble des subventions afin de procéder à des contrôles plus rigoureux de la part de l'Etat. "En attendant de connaître l'état exact des contrôles et le bilan qui en sera fait, j'ai décidé de suspendre toute instruction de dossier de financement de méthanisation", conclut-il.
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