De plus en plus de verdure habille les rues de Caen. C'est le constat de l'Observatoire des villes vertes de France, qui place la cité de Guillaume le Conquérant à la 7e place de son classement national établi tous les trois ans. "On ne peut pas juste s'en satisfaire, nous devons poursuivre nos efforts", tempère Julie Calberg-Ellen, adjointe au maire en charge de la transition écologique, pas contrariée par la nouvelle pour autant. Alors que les coups de chaud se font plus nombreux, ces espaces verts permettent de respirer. "Ils contribuent à améliorer la qualité de vie", remarque Olivier Cantat, géographe, qui note aussi "un effet pervers", car ils contribuent à l'augmentation du prix du logement, provoquant "de la ségrégation sociale".
Un sujet au cœur des préoccupations
La question du végétal domine les débats au sein de la municipalité caennaise. "Pour chaque projet d'aménagement, les questions du végétal et des mobilités douces sont désormais systématiquement prises en compte", affirme Julie Calberg-Ellen. Et notamment une intention phare, dont Caen est l'une des précurseurs à l'échelle nationale : la débitumisation. Depuis 2020, plus de 40 000m2 de bitume se sont transformés en espaces verts. Les cours d'école sont aussi concernées, l'objectif affiché étant d'avoir au moins 25 % de végétal au sein de chacune d'ici 2030. Pour le moment, seules les écoles Victor-Lesage et Lyautey ont bénéficié de travaux. Elu de l'opposition, Rudy L'Orphelin souhaite aller encore plus loin. "Ces cours d'école qui deviennent des espaces verts pourraient être ouvertes les week-ends ou pendant les vacances, que les habitants se les approprient", propose-t-il.
Des projets et de l'entretien
Les espaces à "décroûter", comme vulgarise Julie Calberg-Ellen, se font plus rares. "Les secteurs les plus faciles et évidents ont été faits. Maintenant, on s'attaque au plus difficile." Le chantier est lancé au sein de l'enceinte du château, tout comme sur la place Foch. D'autres projets pourraient voir le jour, et des réflexions sont déjà menées concernant "la place du théâtre, la place Bouchard, l'esplanade du Cargö, et même plus globalement le secteur du port, avec la place Courtonne". Toutefois, l'élue explique qu'il est "compliqué de végétaliser en plein cœur de ville, où beaucoup de services sont présents", arguant que si "on pouvait le faire, on l'aurait déjà fait !".
Mettre du vert c'est bien, mais il faut aussi préserver les espaces déjà existants. Environ 43 % de la surface de la ville sont des espaces verts. La Prairie en est évidemment l'ambassadeur, alors qu'un budget d'un million d'euros a été alloué pour la réaménager, l'entretenir et observer avec surprise que "des espaces végétales disparues se sont réinstallées", apprécie Aurélien Régné, directeur des espaces verts. La vallée de l'Orne et de l'Odon est aussi concernée, avec un projet de renaturation. Des arbres inadaptés, voraces en eau, sont abattus et remplacés.
Au sein des parcs et jardins, "il y a un vrai engouement d'après-Covid", glisse Aude Wisniewski, responsable du service botanique à Caen la Mer. La Colline aux Oiseaux attire chaque année plus de 400 000 visiteurs, le Jardin des plantes plus de 300 000… Un engouement tel que le thème de la nature aura son mot à dire lors des célébrations du Millénaire de Caen en 2025. Par exemple, le Conservatoire botanique national normand viendra s'installer au Jardin des plantes.
De la végétalisation pour créer des îlots de fraîcheur en ville
Olivier Cantat étudie les variations de températures dans le centre-ville de Caen à l'aide de seize stations météo. De quoi mettre en évidence des écarts absolument surprenants.
Un constat simple d'Olivier Cantat, géographe et climatologue à l'université de Caen : "Les canicules et nuits tropicales seront de plus en plus fréquentes et intenses." Dans la ville, il a disposé seize stations météo qui captent en temps réel la température. La Prairie sert d'espace vert de référence et, à quelques centaines de mètre de distance, de grands écarts sont visibles. "Si, la journée, les températures sont similaires, la nuit, on peut avoir entre 4 et 6 degrés de plus dans le cœur de ville, note l'enseignant-chercheur. La pierre et le goudron emmagasinent l'énergie solaire et, sans brassage du vent, la chaleur reste."
Avec son étude, il prouve que de petits îlots de verdure apportent localement de la fraîcheur. "La question maintenant, c'est comment faire pour qu'elle se propage ?" Par exemple, quand le vent souffle dans le bon sens, l'air frais de la Prairie peut faire baisser la température dans la ville. "Lutter contre les îlots de chaleur, c'est aussi éviter la surmortalité en période de canicule", commente Olivier Cantat.
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