"J'avais déjà eu un engagement syndical mais là, c'est une autre dimension", réagit Sylvain Delye, après ses six premiers mois à la tête de la Fédération départementale des syndicats d'exploitants agricoles (FDSEA) de l'Orne.
Un parcours atypique
Le jeune Sylvain ne voyait pas son avenir dans la ferme familiale, lui qui, après une maîtrise de philosophie, a exercé en tant qu'enseignant à Paris. Mais en 2005, la maladie de son père le rappelle au Ménil-Broût. Il prend goût à la ferme, avec un élevage bovin sur une bonne centaine d'hectares.
Désormais quinquagénaire, depuis le début de l'été, Sylvain Delye préside la FDSEA de l'Orne. A ce titre, il vient, début décembre, de veiller à l'organisation des "Assises du lait" à Anova, à Alençon, pour le compte de la Fédération nationale des producteurs de lait. Au-delà de cet événement, le syndicalisme agricole est un énorme travail "avec toutes les normes françaises et européennes qui s'ajoutent les unes aux autres", sourit l'agriculteur. Et d'ajouter : “Au quotidien des agriculteurs qui ont des problèmes nous appellent, ils nous demandent un coup de main pour les résoudre. Le syndicat est aussi interrogé sur l'application concrète de telle ou telle nouvelle réglementation sur le territoire de l'Orne.”
"Le problème de l'Europe, c'est qu'ils ont trop d'idées, tous les cinq ans ils nous réinventent tout, il faut changer tous les logiciels : pour les aides de la Politique agricole commune (PAC), on est en plein dedans. Mais lorsqu'ils ont appuyé sur le bouton, ça n'a pas fonctionné correctement, certains agriculteurs n'ont toujours rien touché et c'est financièrement très compliqué, sans que personne ne soit en mesure de dire quand tout cela va se débloquer pour rassurer nos banquiers. Mon message à l'Union européenne, c'est : 'arrêtez d'avoir des idées, quand un système fonctionne bien, gardez-le'." Lors du précédent changement informatique, certains agriculteurs ont dû attendre deux ans avant d'être payés.
Noël à la ferme
On imagine son intérêt pour la religion, Sylvain Delye est coauteur d'un livre sur les parents de sainte Thérèse. "Avec ma femme, nous avons cinq enfants. Noël, c'est la crèche, le sapin, les cadeaux, un moment convivial, le repas en famille, mais pas dans la famille de ma femme qui vit à l'autre bout de la France. Ce sont eux qui viennent. Lorsqu'on est agriculteur il y a des contraintes. Même si j'ai une salariée, je suis seul à la tête de l'exploitation." Faut-il y voir des reliquats de ses études, Sylvain Delye prend la vie avec philosophie.
Le moral des agriculteurs
La situation des agriculteurs de l'Orne n'est pas aussi florissante qu'on pourrait l'imaginer.
Situation mitigée
"On dit que quand les paysans ne se plaignent pas, c'est que tout va très bien", sourit le président départemental de la FDSEA de l'Orne. "Dans l'Orne, la situation des agriculteurs est très variable selon les filières dans lesquelles ils produisent. Je pensais que la situation était bien meilleure qu'il y a deux ou trois ans. Mais quand on regarde les chiffres, ça n'est pas forcément le cas", déplore Sylvain Delye.
Successions compliquées
Le nombre d'agriculteurs de l'Orne qui sont en difficulté a doublé. "Certains vont bien et tant mieux pour eux, mais à l'heure où la moitié de nos agriculteurs atteignent l'âge de la retraite, pour que des jeunes prennent la suite, il faut que les fermes soient rentables et dégagent un revenu décent. Entre les cours mondiaux des matières premières et les charges qui augmentent, ça n'est pas gagné."
L'effondrement de la filière bio
"La filière bio souffre vraiment, elle avait fortement progressé pendant la Covid, mais tout est très vite retombé, le monde d'après est revenu comme celui d'avant.". Au moment de cette entrevue, Orne et Calvados préparaient conjointement une campagne de communication sur les marchés, pour inciter les consommateurs à consommer bio à l'occasion des fêtes de fin d'année.
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