En matière de compostage, Emilie Provost est une championne. "Je ne sors qu'un sac-poubelle de 30 litres tous les neuf mois, tout le reste est valorisé", sourit cette habitante de Notre-Dame-du-Bec, en périphérie du Havre. Ancienne infirmière, elle est devenue maître composteur certifiée, après avoir suivi une formation spécifique validée par la mise en place d'un système de compostage collectif, un mémoire et une soutenance. La généralisation du tri des biodéchets, elle l'espérait plus rapide. "Pour moi, on allait forcément respecter la loi (votée en 2020, applicable le 1er janvier 2024, N.D.L.R.). Mais rien ne sera vraiment très concret avant 2025", déplore cette professionnelle, qui a créé Perma Miloche, une entreprise spécialisée dans le compostage et la permaculture.
A Montivilliers, les écoles équipées
Des établissements publics ont toutefois anticipé. "J'ai d'abord été sollicitée pour installer un composteur collectif au collège des Acacias, au Havre, puis le bouche à oreille m'a amenée au collège de Bléville, etc." Quatre collèges du secteur sont désormais équipés, ainsi qu'une entreprise, CPM Industries, à Saint-Romain-de-Colbosc, où les salariés sont invités à déposer leurs biodéchets. La commune de Montivilliers a aussi engagé dès juin 2022 l'installation de composteurs dans les écoles et à la cantine centrale. Chaque fois, Emilie Provost fabrique l'équipement et forme des référents de site à sa bonne utilisation. Un préalable pour éviter les déconvenues (odeurs, rongeurs…). Après six mois à un an d'accompagnement, les établissements sont autonomes dans l'entretien et la récolte de leur compost. "C'est qualitatif car les gens sont volontaires", constate la spécialiste.
Outre l'adhésion du public, le succès dépend aussi selon elle de la réutilisation du compost sur place, dans un potager ou les espaces verts. La maître composteur avance que "la collecte pour la méthanisation coûte cinq fois plus cher", même si elle peut être une solution pour l'hyper centre-ville, où les jardins sont rares. A grande échelle, "la collecte pour compostage est complexe car il existe différentes catégories de déchets, ceux du jour ou de la veille, de l'avant-veille et des jours précédents ou de l'équarrissage". La généralisation du tri passera d'abord par une communication efficace, selon Emilie Provost, "mais il ne faut pas l'imposer". Alors que la communauté urbaine du Havre a récemment voté l'harmonisation de la taxe d'ordures ménagères, la fondatrice de Perma Miloche regrette par ailleurs que les efforts de certains ne soient pas valorisés. "Taper dans le portefeuille, c'est aussi convaincre les gens de réduire leurs déchets".
Les règles d'un bon compost à la maison
Quelques conseils pour réussir le compostage des biodéchets.
De la matière sèche
"Pour faire un bon compost, c'est comme pour une recette de gâteau, il faut les bons ingrédients !", rappelle Emilie Provost, fondatrice de Perma Miloche, entreprise spécialisée dans la permaculture et le compostage (lire page 7). "L'ingrédient indispensable, c'est la matière sèche", poursuit cette spécialiste : feuilles mortes, carton, paille, broyat… "Il en faut autant que de déchets qui arrivent de la cuisine."
Mélanger régulièrement
Qui dit recette dit mélange : pour éviter les désagréments (mouches, rats…), il faut régulièrement (une fois par semaine) brasser le compost jusqu'en profondeur, pour apporter de l'oxygène. "Les mouches ne pondent que sur les épluchures que l'on trouve en surface, donc si on recouvre de matière sèche, il n'y a pas de problème."
Et en appartement ?
Les habitants en appartement peuvent opter pour le lombricompostage, qui consiste à recycler les déchets organiques grâce à l'action de vers de terre. Il ne s'agit pas des lombrics de nos jardins mais d'espèces spécifiques. Dans la cité Océane, l'association Havre de Vers propose des ateliers de fabrication de lombricomposteurs chaque premier mardi du mois, à prix libre, ouverts à tous. Il convient simplement de verser 15€ pour acquérir une souche de vers de terre. Là aussi, quelques règles : couper les biodéchets en petits morceaux, privilégier une température constante (on évite le balcon !), ne pas ouvrir trop souvent le lombricomposteur (utiliser un seau pour mettre de côté les déchets).
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