Bien caché dans les locaux de la police municipale, le cerveau de cette prouesse technique, le poste central de la régulation de trafic (PCRT), analyse, calcule et gère le flux routier à l’abri des regards.
Derrière un mur d’écrans transmettant en direct les images vidéo des carrefours stratégiques de la ville, plusieurs ordinateurs diffusent des statistiques en tous genres. Aux manettes, Michel Dorbais, le responsable du PCRT, est comme un poisson dans l’eau.
“En 2007, Rouen a décidé de rénover la totalité de ses carrefours à feux et de mettre en place un PCRT, comme cela se faisait déjà dans d’autres grandes villes où le trafic routier était problématique”, explique-t-il. “L’objectif initial était de réduire de 20 % le temps de parcours moyen d’un automobiliste aux heures de pointe. Aujourd’hui, nous en sommes entre 25 et 30%”.
Une seconde peut tout changer
Entre 2007 et 2009, 120 carrefours ont ainsi été rénovés, 440 boucles de comptage, sous la chaussée, ont été posées et une quinzaine de caméras installées. A cela, il faut ajouter l’installation de panneaux d’information (lire ci-dessous). “Nous sommes passés d’un système où les feux étaient programmés de manière rigide à une gestion dynamique et en temps réel, poursuit Michel Dorbais. Autrefois, pour changer la programmation d’un feu rouge, il fallait aller sur place faire les modifications !”
Aujourd’hui, la régulation est gérée à distance pour chaque carrefour (micro-régulation) et par grandes zones (macro-régulation). Selon les heures de la journée et l’état du trafic, un logiciel adapte la durée des feux tricolores en fonction des données envoyées par les boucles magnétiques de comptage.
“Il a fallu un immense travail d’analyse et de mise en place de plans de feux, confie le responsable de la structure. Il faut savoir qu’une seconde suffit pour tout changer. Aux heures de pointe, sur les boulevards, si vous roulez à 40 km/h, vous aurez tous les feux au vert. Ainsi, on améliore la fluidité”.
Le secret de la fluidité selon Michel Dorbais ? “Il faut toujours garder une portion de route vide entre deux feux tricolores, un sas”. Vérification sur l’écran : un carrefour bouche et les feux rouges changent instantanément de plan. La décongestion est lancée. Quelques secondes plus tard, l’axe est indiqué en “vert” sur l’ordinateur.
En cas d’urgence, derrière leurs écrans de contrôle, les responsables du poste central peuvent piloter eux-mêmes les feux. “Cela arrive, notamment au carrefour de la prison Bonne Nouvelle, mais c’est rare. Il existe aussi le “plan 20”, un plan d’urgence qui permet de décongestionner d’un seul coup tous les boulevards pendant vingt minutes”. Automobilistes, soyez-en sûrs : au moindre embouteillage, des ordinateurs et un homme agissent dans l’ombre pour vous sortir de là.
Thomas Blachère
Repères
Boucles. Les 440 boucles magnétiques de comptage, posées dans le bitume, mesurent la vitesse des véhicules, la densité du trafic et la proportion de poids lourds.
100 millions. Voté en 2007, le plan public-privé de Rouen comprend la modernisation de la régulation du trafic et de l’éclairage public. Il a coûté 100 millions d’euros.
Panne. Si une panne informatique venait à paralyser les serveurs du PCRT, un fonctionnement autonome du trafic routier se mettrait immédiatement en place.
“Au taquet”. Pourra-t-on réduire encore davantage le temps de parcours aux heures de pointe ? “Je ne pense pas, nous sommes au taquet”, estime Michel Dorbais.
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