Un circuit court, de la cuisine au jardin : c'est l'avantage écologique indéniable du tri des biodéchets. L'intérêt est aussi économique pour les collectivités avec, à terme, une réduction du stockage et de la combustion des déchets. A grande échelle, il existe aujourd'hui deux orientations possibles : le compostage et la méthanisation. A Saint-Vigor-d'Ymonville, dans la zone industrielle du Havre, une plateforme de compostage est pilotée par Veolia. Elle réceptionne chaque année 20 000 tonnes de déchets verts issus des déchetteries (herbe coupée, branchages…), 10 000 tonnes de boues de stations d'épuration et des biodéchets : 400 tonnes de coquilles Saint-Jacques issues du petit port du Havre, 2 000 tonnes de coquilles d'œuf d'un industriel et une centaine de tonnes de moules. "Un déchet vert qui entre ici deviendra du compost après environ six mois", précise Cédric Cosson, directeur de ce site de 35 hectares, où s'étendent d'immenses tas, appelés andains. La première étape est la fermentation, pour faire monter en température le mélange boues-déchets verts-biodéchets et éliminer les éléments pathogènes. "C'est un processus naturel, accéléré avec des ventilateurs pour apporter de l'oxygène", poursuit Cédric Cosson. Cette phase de vingt-huit jours est suivie de trois phases de maturation, qui consistent à retourner régulièrement les andains, comme on mélange son compost à la maison.
"On est encore loin de l'obligation"
Après une dernière phase mécanique, on obtient du compost revendu aux agriculteurs et paysagistes. Ce site ne reçoit pas, aujourd'hui, de biodéchets issus des ménages, pour lesquels la problématique des erreurs de tri demeure. "Un sac dans le broyeur, c'est une centaine de petits morceaux à extraire", pointe Cédric Cosson.
La méthanisation pourrait aussi être plébiscitée par les collectivités. A la Ferme du Mont aux Roux, près d'Yvetot, l'agriculteur Mathieu Deschamps s'est lancé dès 2011 pour produire de l'électricité et de la chaleur grâce aux effluents d'élevage et résidus de culture. Une seconde unité permet aujourd'hui de produire du biogaz, grâce notamment à des biodéchets issus de la restauration, de l'industrie agroalimentaire ou des supermarchés. L'agriculteur travaille en partenariat avec la société havraise BinHappy, spécialisée dans la collecte de ces biodéchets. Avant juin dernier, les collectivités locales ne s'étaient pas manifestées, à l'exception de la métropole de Rouen, avec laquelle une expérimentation pour le traitement de biodéchets a été menée. "Depuis, nous sommes sollicités par les collectivités de façon plus ou moins officielle, sous forme de mails ou d'appels d'offres", note Mathieu Deschamps. S'il se dit prêt à réceptionner des biodéchets des ménages, Mathieu Deschamps ne s'attend pas à un bouleversement avec des flux importants : "Les volumes arriveront au fil du temps, car nous sommes encore très loin de l'obligation de tri chez les particuliers." Il reconnaît par ailleurs que d'un point de vue écologique, "le compostage dans le jardin, c'est imbattable".
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