Epluchures, marc de café, coquilles d'œufs… A partir du 1er janvier 2024, le tri de ces biodéchets va être généralisé. Il ne s'agit pas d'une obligation de composter, mais les collectivités en charge de la collecte des ordures devront proposer aux ménages des solutions pour pouvoir le faire, y compris s'ils n'ont pas de jardin. C'est ce que prévoit la loi antigaspillage, votée en 2020. Dans la pratique, les changements n'interviendront que très progressivement. La solution la plus simple est mise en œuvre depuis plusieurs années dans les intercommunalités de la pointe de Caux : la mise à disposition de composteurs individuels, pour les heureux propriétaires d'un terrain avec jardin.
Au Havre, un test cet automne
Sur la communauté urbaine (CU) du Havre, ils sont gratuits, sur demande. Plus de 20 000 ont déjà été distribués. Sur Caux Seine Agglo (qui regroupe notamment Bolbec, Lillebonne et Rives-en-Seine), où les composteurs sont proposés depuis dix ans, la gratuité instaurée en mars dernier a multiplié la demande par six : 600 composteurs ont été distribués depuis, 600 foyers sont en attente. "On estime que cette solution pourrait, à terme, répondre à 76 % des ménages, puisqu'ils vivent en pavillon avec jardin", précise Frédérick Denize, vice-président en charge de la rudologie (déchets). A Goderville et aux alentours, Campagne de Caux va réceptionner ce mois-ci 135 composteurs. Malgré les 20€ à débourser, 120 ménages sont déjà sur liste d'attente.
Dans certains quartiers du Havre et les communes de la proche périphérie (Harfleur, Gonfreville, Fontaine-la-Mallet…) où des bacs marron individuels sont déjà dédiés aux déchets verts, les foyers seront invités à y déposer également leurs biodéchets. Ils seront alors collectés à domicile. Quid des ménages en appartement, notamment en ville basse ? "Nous envisageons d'installer sur l'espace public des points d'apports volontaires (PAV), comme c'est le cas pour le verre et le recyclage. Un bac plus petit muni d'une trappe, installé dans un habitacle renforcé", indique Jean-Sébastien Chaboche, directeur général adjoint de la CU en charge des services aux usagers. Les habitants, équipés par la collectivité d'un bioseau pour stocker les restes dans leur appartement, devraient alors se déplacer régulièrement jusqu'au bac. La localisation de ces PAV n'est pas encore définie. "Une phase de test est prévue dès cet automne" sur la commune de Sainte-Adresse, "pour tester le mobilier utilisé, évaluer la distance raisonnable à pied." La CU table sur un déploiement général "courant 2024". Sur l'agglo du Havre, "on estime que 9 000 tonnes de biodéchets sont produites par an".
Caux Seine Agglo y va aussi très partiellement, "pour limiter les loupés", dixit Frédérick Denize. Sur ce territoire très contrasté, entre ville et campagne, deux communes qui représentent 18 % de la population seront ciblées, dans un premier temps. "Il faut faire comprendre aux habitants que c'est aussi une ressource."
Des composteurs collectifs en pied d'immeubles
Le tri des biodéchets sera généralisé au 1er janvier 2024.
Parmi les solutions pour trier les biodéchets à la source, il existe le compostage collectif. Comprenez : un bac installé au pied d'un immeuble, en libre accès. Caux Seine Agglo en a déjà installé une quinzaine, en collaboration avec les bailleurs.
Trouver des habitants moteurs
Au total, 120 seraient nécessaires sur ce territoire où 10 % de la population vit en immeuble. "Sur les nouveaux projets de construction, nous demandons à ce que soit prévu un emplacement dédié", affirme Frédérick Denize, vice-président en charge de la rudologie. Lors de l'installation du composteur, les habitants du quartier sont sensibilisés au fonctionnement du composteur par des animateurs prévention et tri des déchets. Ils reviennent une fois par trimestre sur le site, puis au bout d'un an, pour le "criblage", c'est-à-dire la récolte du compost, distribué aux habitants qui le souhaitent. "La difficulté est de trouver des habitants qui deviennent des référents de site, pour veiller aux bonnes pratiques, et 'recruter' leurs voisins dans le dispositif", poursuit Frédérick Denize, "l'une des clés c'est la communication." Aujourd'hui encore, un déchet sur quatre déposé dans le bac de tri sélectif n'a pas à y être. "Sur les biodéchets, on ne peut pas se permettre d'avoir des erreurs", poursuit l'élu, qui rappelle que le fruit de la collecte est dédié soit au compostage, "qui permet d'éviter l'appauvrissement des terres", soit à la production d'énergie via la méthanisation.
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