Au moins 17 personnes avaient manifesté samedi 9 septembre à proximité du domicile de la mère d'Oumar N., suspect du viol et d'actes de barbarie sur une jeune femme de 29 ans début août à Cherbourg. Ce rassemblement non autorisé était organisé dans le quartier des Provinces, pour dénoncer l'inaction de l'État en matière de sécurité. Douze militants âgés de 18 à 28 ans, originaires de Lyon, Nantes, d'Ile-de-France ou encore du sud de la France avaient alors été interpellés par la police à l'issue de cette manifestation avant d'être placés en garde à vue. Ils étaient à bord de deux véhicules qui quittaient Cherbourg.
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Pourquoi sont-ils jugés ?
Relâchés lundi 11 septembre, les militants avaient été placés sous contrôle judiciaire pour préparer leur défense lundi 16 octobre. Lors de ce procès, trois d'entre eux étaient présents au tribunal de Cherbourg. Les prévenus étaient poursuivis pour provocation non suivie d'effet à commettre un crime ou un délit et deux d'entre eux l'étaient également pour détention d'une arme de catégorie D sans motif légitime.
Les réquisitions du procureur
Lors du rassemblement, les jeunes étaient munis de panneaux avec le prénom du suspect et la mention "violeur", et notamment cette phrase : "L'État ne te défend pas, prépare-toi." Le procureur, Pierre-Yves Marot, a considéré que les actions de ces militants d'Argos étaient des appels à la violence. Il a alors requis 90 jours-amendes de 5 euros pour 10 prévenus et 100 jours-amendes de 5 euros pour les deux qui détenaient en outre des armes.
L'avocat des douze prévenus, Me Pierre-Vincent Lambert, qui a demandé la relaxe, a estimé que le parquet "a tordu les faits", plaidant la liberté d'expression. L'autodéfense est souvent revenue dans les échanges. Est-elle une infraction ? : "Nous assimilons complètement l'autodéfense à la légitime défense, c'est un droit que tous les Français ont. On estime qu'ils sont désarmés pour faire face à ces situations stressantes [comme celle du viol à Cherbourg, ndlr]. C'est en ce sens-là que nous avons appelé les Français à l'autodéfense", confie l'un des membres d'Argos après la comparution.
L'autodéfense selon l'un des membres du collectif Argos
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Deux jeunes condamnés
Les douze prévenus sont relaxés dans l'affaire de provocation non suivie d'effet à commettre un crime ou un délit. En revanche, deux d'entre eux, pour lesquels des armes (couteaux et matraque télescopique) avaient été retrouvées dans les véhicules, sont condamnés à une amende de 200€ et à une peine complémentaire d'interdiction de détenir une arme pendant deux ans.
La réaction de l'avocat de la partie civile
Me Kian Barakat, avocate de la mère du suspect du viol, qui s'était portée partie civile, avait réclamé un euro symbolique de préjudice et le remboursement des frais de justice : "Ma cliente n'a pas vocation à porter le droit, elle était là pour porter, à travers moi qui suis son porte-parole, l'expression du caractère effrayant et inique de ce qui s'est passé, nous sommes venus souligner que c'était une excitation à la haine et potentiellement à la violence."
Me Kian Barakat
La "satisfaction" pour le collectif d'Argos
Le collectif est "satisfait" de la décision : "C'est une victoire pour notre collectif, salue le collectif Argos. Pour autant, cet épisode confirme de façon presque caricaturale notre mobilisation : alors que notre action soulignait la défaillance de l'Etat dans la protection des Français, la justice préfère abattre sa furie sur 12 militants pacifiques que sur les criminels qui remplissent les rues de notre pays."
Un des militants d'Argos s'exprime
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Il est en effet urgent d’agir fermement
Le droit d’asile doit être révisé de toute urgence
Joseph