Le jury international du 30e prix Bayeux des correspondants de guerre a mis à l'honneur, samedi 14 octobre des reportages portant notamment sur le conflit en Ukraine et les guerres civiles en Birmanie et Haïti, lors d'une cérémonie bousculée par l'embrasement au Proche-Orient. Les principaux prix ont été attribués au photographe indépendant italo-britannique Siegfried Modola (photo, freelance), au Britannique Anthony Loyd (presse écrite, The Times), à la Suissesse Maurine Mercier (radio, RTS - France Info) et à Nick Paton Walsh, Brice Lainé, Natalie Galloné et Etienne Dupont (TV, CNN) pour des reportages en Birmanie, Moyen-Orient, Ukraine et Haïti.
Siegfried Modola, entré clandestinement en Birmanie où les combats font rage depuis le putsch de février 2021, a suivi une milice pour son reportage Au cœur de la rébellion birmane, publié dans le Globe and Mail. En presse écrite, Anthony Loyd a été récompensé pour L'otage oublié, une enquête sur un otage du groupe Etat islamique dont on a perdu la trace, publiée dans The Times. Maurine Mercier, déjà récompensée par le prix du comité du débarquement en 2022, a été primée pour La double peine d'une mère victime de viols à Boutcha, en Ukraine. "Merci pour ce prix, moi qui manque tout le temps de courage vous me donnez un peu d'élan, a-t-elle réagi. Je travaille souvent loin des lignes de front parce que ça me fait horriblement peur et que j'ai envie de donner le temps aux témoins, mais je voudrais rendre hommage à tous ceux qui sont sur le front actuellement".
"A hauteur d'homme"
L'Ukraine a pour la deuxième année pris une place importante dans la soirée. Le trophée télévision grand format est revenu à Edward Kaprov, Daniel Fainberg, Eugene Titov (Magneto Presse pour Arte reportage, Ukraine : un photographe dans la guerre), le prix de l'image vidéo à Quentin Sommerville, Darren Conway (BBC NEWS - Sur l'Ukraine, ligne zéro).
Le prix jeune reporter, attribué à Francis Farrell (The Kyiv Independent - Dans l'enfer de Bakhmout : des mois d'une rare violence) et le prix du public photo pour Paula Bronstein (Getty images - The consequences of Ukraine war), racontaient eux aussi le conflit ukrainien. Nick Paton Walsh, Brice Lainé, Natalie Galloné et Etienne Dupont ont eux remporté le prix TV pour un reportage sur la guerre entre les gangs et la police haïtienne diffusé sur CNN. "Le passé colonial de la France a un rôle énorme dans ce qui se passe aujourd'hui en Haïti, ça me fait plaisir que notre reportage soit primé ici", a réagi Nick Paton Walsh.
Louis Rimbert, 2e prix en presse écrite pour Voyageurs à la porte égyptienne de Gaza dans Le Monde, a expliqué qu'il s'agit d'une "traversée de Gaza à pied du nord au sud, pour prendre conscience à hauteur d'homme de la folie d'une enclave".
"On ne parle de Gaza qu'en termes de chiffres, de tués, de déplacés, depuis une semaine et je trouve que la dimension humaine manque un peu", a-t-il regretté. Au début de la cérémonie, un hommage a été rendu au journaliste vidéo de Reuters Issam Abdallah, tué vendredi en couvrant la situation dans le sud du Liban, ainsi qu'à six autres journalistes de Reuters, Al-Jazeera, et l'Agence France-Presse, dont la photographe Christina Assi et son collègue journaliste vidéo, Dylan Collins ont été blessés. Une sélection de vidéos d'Arman Soldin, le vidéaste de l'AFP tué en Ukraine en juin, a également été diffusée.
Bertrand Deniaud, vice-président de la région Normandie, a enfin demandé d'applaudir "les enseignants, morts, blessés, ici, loin, ils sont la République, ils sont la liberté", au lendemain de l'assassinat à Arras de Dominique Bernard, un professeur de français âgé de 57 ans. Le jury du 30e prix Bayeux Normandie-Calvados était présidé cette année par une légende du photojournalisme, le Britannique Don McCullin.
Avec AFP
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