Le château de Caen est en chantier, mais pas question de faire table rase sur près de 1 000 ans d'histoire. Au contraire. L'INRAP, Institut national de recherches archéologiques préventives, est sur le pont pour au préalable passer au peigne fin le secteur, et s'assurer qu'aucun pan de l'histoire ne soit détruit par des travaux, comme cela pouvait être le cas il y a des dizaines d'années. Et fort heureusement, puisque d'importants vestiges ont été découverts à côté du donjon.
La question de la sécurité du site remise en question
"Au début, j'ai aperçu un mur, j'étais déjà contente ! Puis on descend, on voit encore plusieurs assises… Nous sommes déjà motivés, mais alors là, pas de problème pour continuer à fouiller", s'amuse Bénédicte Guillot, travaillant régulièrement dans l'enceinte du château depuis 2005. Et alors, c'est quoi ces vestiges ? "C'est encore tôt pour le dire avec certitude", tempère Jean-Marie Levesque, directeur du Musée de Normandie et du site. Mais des suppositions quand même.
Un tas de pierres pour certains, une découverte incroyable pour d'autres.
Nous serions là sur une bâtisse datant de la fin du XIIe siècle, "disons à partir du milieu du siècle, pour ne pas trop s'aventurer", poursuit l'ancien archéologue. "D'après ce qu'on voit, on a une base de tour quadrangulaire, pas une tour maîtresse tout de même, qui était amenée à protéger une entrée du palais", explique Bénédicte Guillot. De quoi finalement repenser totalement la sécurité des lieux. "On pensait que le palais était en accès libre, et on voit bien maintenant qu'il fallait longer la tour pour y entrer, et qu'il y avait une vérification de qui ou de quelle marchandise pouvait entrer", poursuit l'archéologue.
Reportage au château de Caen
"Les fouilles nous apprennent que les ducs bénéficiaient d'un système de défense militaire, mais c'est aussi symbolique : la tour était synonyme de pouvoir", complète le directeur du site. Maintenant, tâche aux archéologues de poursuivre leurs recherches dans le secteur. Ils soupçonnent la présence d'un fossé et vont devoir creuser pour en apprendre plus. "Le déroulement du chantier va tenir compte de la présence de ces vestiges", assure Jean-Marie Levesque. Des canalisations devaient passer par ici, elles vont donc être déviées.
Que vont devenir ces vestiges ?
Deux options, soit elles sont mises en valeur à la vue de tous, option peu probable car les intempéries les abîmeraient en peu de temps, soit elles vont être recouvertes, afin d'être protégées. Et ainsi, les archéologues pourront revenir dessus dans le cadre de protocole de recherche. "On peut déjà se donner rendez-vous dans plusieurs années pour une exposition et la restitution de nos travaux, note Jean-Marie Levesque. Ce qui est sûr, c'est qu'avec cette découverte, on ouvre une nouvelle page de l'histoire et de l'archéologie de ce château."
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