À 19 ans, Hugo Dutrait est ce qu'on pourrait appeler un rescapé. Victime de harcèlement scolaire durant ses premières années au collège, l'étudiant en première année de droit à Rouen tente d'aller de l'avant. Un travail cathartique qu'il essaye de mener, aujourd'hui, à travers la conception d'un documentaire consacré au fléau du harcèlement scolaire, intitulé "L'école de la peur", dont la sortie est envisagée le 9 novembre, journée nationale de lutte contre le harcèlement. Un titre qui fait écho, étonnamment, aux propres mots du ministre de l'Éducation nationale Gabriel Attal, "il faut que la peur change de camp", lors de la présentation, dernièrement, du plan anti harcèlement du gouvernement.
"C'est un moyen pour moi de tourner la page", explique le jeune Rouennais. Plutôt réservé au moment de son entrée au collège, il a été rapidement la cible de harceleurs. "Je n'étais pas quelqu'un qui allait vers les autres, donc forcément j'avais l'étiquette de celui qui était facile à embêter, se rappelle Hugo. C'étaient très souvent des insultes, parfois des coups. Surtout, c'était quotidien, il n'y avait pas de bouton on/off où je pouvais un peu souffler." Une première insulte en entraînant une autre, d'après Hugo, le harcèlement, du fait de quelques élèves, peut prendre parfois des proportions bien plus grandes. "Quand on a tendance à se faire harceler une première fois, les autres le voient aussi et, à cet âge-là, au lieu d'être bienveillant, on a tendance à s'y mettre aussi."
"À aucun moment on ne m'a écouté"
Ce calvaire, il l'a vécu de sa sixième jusqu'au milieu de sa cinquième, avant de "menacer d'attenter à sa vie" puis finalement de changer d'établissement. Ses mots, d'après le jeune homme, n'ont pas trouvé d'oreilles attentives parmi les responsables éducatifs. "À aucun moment on ne m'a écouté", déplore-t-il. Après cette épreuve, le jeune homme a été déscolarisé pendant un an et a vécu une longue année de dépression avant de se relever. Aujourd'hui apaisé, il a "pardonné" à ces harceleurs, mais il en veut toujours au système éducatif de ne pas l'avoir entendu. "J'ai alerté pourtant, je n'avais pas de mal à dire les choses."
Voilà maintenant huit mois qu'il sillonne la France à la recherche de témoignages pour nourrir son enquête et alerter sur les manquements de l'Éducation nationale en la matière. Il en a récolté plusieurs dizaines. Et à chaque fois, les réponses sont les mêmes. "Beaucoup de victimes m'ont parlé d'omerta dans la gestion de leur cas de harcèlement." Aujourd'hui, s'il affirme avoir pris du recul sur son passé, le jeune homme dit souffrir encore d'une forme de phobie scolaire.
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