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Cherbourg. Le port passe de "37 emplois en 2021 à une centaine aujourd'hui"

Port. Avec l'explosion de l'activité industrielle du trafic avec l'Irlande, le port de commerce de Cherbourg a vu le nombre de ses emplois bondir.

Cherbourg. Le port passe de "37 emplois en 2021 à une centaine aujourd'hui"
Les champs éoliens, nouvelle activité sur le port de commerce de Cherbourg.

Toyota levant l'ancre au début des années 2000 est désormais un lointain souvenir. Depuis 2022, l'activité industrielle sur le port de Cherbourg redémarre sur les chapeaux de roues grâce aux Énergies marines renouvelables (EMR).

Ce secteur entraîne une forte augmentation de la main-d'œuvre. "Jusqu'à fin 2020, il n'y avait pratiquement aucune activité conventionnelle sur le port de commerce de Cherbourg, explique Philippe Deiss, directeur général de Ports de Normandie. En 2018, nous avons vu passer 8 000 tonnes alors qu'en 2022, les 350 000 tonnes manutentionnées (359 857) ont été dépassées. Nous avons eu 4 450 % d'augmentation sur le tonnage entre 2018 et 2022." Ces excellents chiffres ont été possibles grâce à la mobilisation des collectivités favorables à l'agrandissement du port. Philippe Deiss et Yannick Millet, directeur des ports de Cherbourg, rappellent aussi que la montée en puissance du trafic passagers et fret avec l'Irlande (voir par ailleurs) est aussi l'une des raisons de cette hausse des emplois.

L'activité ne désemplit pas
avec les ferrys et les EMR

Les chantiers éoliens, qui ont mis du temps à démarrer, font aujourd'hui partie du paysage cherbourgeois. Le port travaille actuellement pour les champs éoliens de Courseulles-sur-Mer (Calvados), Fécamp (Seine-Maritime) et Saint-Brieuc (Côtes-d'Armor). "Nous avons entre autres assuré le forage des pieux de Saint-Brieuc, nous assurons en ce moment même l'assemblage complet du champ de Fécamp avec les mâts, les turbines et les pales", ajoute Philippe Deiss. La plateforme peut supporter jusqu'à 50 tonnes pour 50 m: "C'est la seule en France à ce jour capable de faire ça." Un appel à manifestation d'intérêt pour programmer ces terre-pleins jusqu'en 2027 a été lancé : "Nous avons eu une quinzaine de réponses. Rien que dans les éoliennes, on peut citer des champs anglais et irlandais ayant sollicité le port pour l'assemblage, mais il ne faut surtout pas crier victoire trop vite." Selon Yannick Millet, les équipes du port se préparent aussi à accueillir le champ éolien pour Le Tréport. Face à toutes ces demandes, l'effectif des dockers de la SPL Cherbourg, opérateur du port, a logiquement doublé, voire triplé. Ils ne fabriquent pas les éoliennes, ils sont chargés d'assurer leur manutention. "Il y a eu de très grosses embauches", précise Philippe Deiss, qui note aussi la difficulté, comme dans toute entreprise, pour trouver du personnel. Manque de chauffeurs de poids lourds, mécaniciens, électromécaniciens : "On est tous à courir après un certain type de métiers."

Les risques pris semblent enfin porter leurs fruits. Le commerce conventionnel et le trafic maritime avec l'Irlande explosent et permettent d'équilibrer l'emploi sur le port. "Le virage pris par les collectivités a été le bon, mais rien n'est gagné d'avance, car on n'est pas les seuls sur ce créneau, les champs éoliens sortent au compte-gouttes… Chaque jour est un nouveau combat pour satisfaire nos clients et aller chercher ceux de demain."

Le port de Cherbourg en chiffres.Le port de Cherbourg en chiffres.

Les services proposés par le port

Cherbourg. Les services proposés par le port
Des mâts d'éoliennes présents au port de Cherbourg.

Le port de Cherbourg est géré par la SPL Cherbourg.

Qui gère le port
de Cherbourg ?

Depuis le 1er janvier 2022, la SPL (Société publique locale) Cherbourg Port exploite les installations portuaires dans le cadre d'un contrat de Délégation de service public (DSP) signé avec Ports de Normandie. Cet opérateur du port de commerce gère entre autres les flux transmanche avec les ferrys de passagers et de fret, notamment l'Irlande et la Grande-Bretagne, l'accueil des navires de croisière et la manutention.

Les activités

Le port de Cherbourg dispose entre autres d'un service de lamanage disponible sept jours sept avec un délai de prévenance (16 heures la veille et 16 heures le vendredi selon SPL Cherbourg pour une escale le week-end), sauf cas d'urgence. Le lamanage désigne des opérations d'assistance à l'amarrage, au largage des navires lors de leur arrivée, de leur départ ou également de leur mouvement à l'intérieur des ports. La maintenance des équipements et des outillages est gérée par SPL Cherbourg Port.

Les équipements

Le Quai de France est long de 600 mètres avec une profondeur jusqu'à 14 mètres. Il y a un accès direct à la gare transatlantique et au terminal croisières. Il dispose d'une passerelle flottante et polyvalente. Le Quai de Normandie, long de 500 mètres avec une profondeur de 11 mètres, dispose notamment de passerelles double pont.

À la découverte de deux métiers essentiels pour le port

Cherbourg. À la découverte de deux métiers essentiels pour le port
Kelvin Jean, responsable dockers, et Aymeric Lasne, responsable sûreté au port de Cherbourg.

Le port de Cherbourg a vu ses nombreux métiers se multiplier en raison de la forte activité.

Avec l'explosion de l'activité industrielle et du trafic de passagers et de fret entre l'Irlande et Cherbourg, une réorganisation au sein du port de commerce a dû être opérée. La responsabilité de l'exploitation et celle de la sûreté ne sont plus assurées par une seule et même personne, mais par deux. 

Aymeric Lasne,
Monsieur sécurité

Recruté il y a deux ans, Aymeric Lasne est depuis mai 2021 le coordinateur sécurité et sûreté, selon l'intitulé exact de poste. "Je viens de la gendarmerie maritime, où j'effectuais de la sûreté sur la façade maritime Manche - Mer du Nord", explique-t-il. Ses missions aujourd'hui sont d'assurer la protection des installations portuaires contre l'ensemble des atteintes de sûreté : terrorisme, dégradations, trafic illicite, contrebande d'armes et de produits stupéfiants, immigration clandestine, un sujet sabotage… "Par exemple, il y a des textes de loi qui nous obligent à des entraînements tous les trois mois ou des exercices annuels pour vérifier que les plans validés en préfecture soient bien respectés, précise le professionnel. En cas d'attaques et de problèmes de sûreté, tout le monde doit être en capacité de réagir." Aymeric coordonne également le suivi des accidents du travail avec le Comité social et économique (CSE), ainsi que la sécurité au niveau routier. L'immigration est devenue un véritable sujet. "Nous subissons des intrusions tous les jours, affirme Aymeric Lasne. Notre but est de contrer du mieux possible ces personnes pour éviter qu'elles arrivent dans les remorques. À partir du moment où vous triplez votre nombre de remorques, vous attirez l'attention des migrants en conséquence, les solutions pour traverser l'Angleterre et l'Irlande sont triplées."

Kelvin Jean, lui, est responsable dockers depuis trois ans : "Je suis rentré sur le port en 1996 et je suis passé titulaire en 2000 en tant que grutier puis chef d'équipe. En 2001, j'ai été nommé au poste de superviseur manutention, avant de devenir responsable dockers."

"Il n'y a pas d'horaires fixes, nous avons des navires tous les jours"

L'activité a plus qu'explosé avec les Énergies marines renouvelables (EMR) : "Il y a quatre ans, il n'y avait aucune manutention, ajoute-t-il. C'est une sacrée organisation, il n'y a pas d'horaires fixes, nous avons des navires tous les jours, et l'activité peut varier." C'est le service exploitation qui met le personnel adéquat pour chaque mission. Les différents métiers du docker ? Conducteur d'engin, grutier, cariste ou encore manutentionnaire. "En tant que grutier, la formation prend du temps pour conduire nos gros portuaires, entre huit mois et un an avant de devenir autonome." Des personnes ayant le permis poids lourd sont notamment recherchées : "Nous avons triplé le nombre de conducteurs d'engins ou de manutentionnaires." Parmi les 56 dockers polyvalents, seulement une petite dizaine ne sont pas conducteurs. Selon Kelvin Jean, encore "quelques embauches sont à venir, mais on attend la validation de futurs parcs éoliens".

"Avec l'Irlande, nous sommes passés de 30 000 à 100 000 remorques"

Cherbourg. "Avec l'Irlande, nous sommes passés de 30 000 à 100 000 remorques"
Yannick Millet, directeur général des ports de commerce et de pêche de Cherbourg.

Yannick Millet, directeur général des ports de commerce et de pêche de Cherbourg, se confie sur cette augmentation d'activité.

Comment l'emploi a-t-il évolué sur le port ?

"Nous étions 37 personnes en 2021 sur le port de commerce, nous sommes passés à une centaine d'emplois aujourd'hui. En plus des emplois en CDI, nous avons aussi des dockers occasionnels. Il n'y a pas de nouveaux métiers, nous avions déjà toutes les structures. Nous avions auparavant un responsable partagé entre l'exploitation et la sûreté, mais aujourd'hui, nous avons décidé de créer le poste de responsable sûreté car cela nécessite un emploi à temps complet. Il y a eu également un renforcement de deux à quatre personnes au service exploitation, et d'un à trois agents aux ressources humaines. Chez les dockers, nous en avons une trentaine en plus."

Comment expliquez-vous
cette augmentation de la main-d'œuvre ?

"Cela vient de notre accroissement d'activité depuis 2021. Il y a l'impact du Brexit avec l'Irlande. Nous sommes passés de 30 000 à 100 000 remorques par an, dont 50 000 tractées contre 20 000. Il y a plus de tractions et donc plus de main-d'œuvre, et nous faisons aussi nous-mêmes notre maintenance. L'activité croisières marche également très bien. Il y a aussi l'arrivée des Énergies marines renouvelables (EMR), nous travaillons en hauteur et sur des méthodes de travail différentes, avec des gens qui parlent en anglais, c'est un pan supplémentaire dans l'activité."

Quels sont les différents métiers ?

"Nous avons développé le nombre de dockers (conducteurs d'engins, grutiers, caristes, nacellistes…). Nous avons des responsables de centre technique et de projet ferroutage, des ingénieurs."

L'Angleterre, chemin de croix pour les routiers irlandais

Avec la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne, les Irlandais ne passent plus par l'Angleterre pour rejoindre la France. Ils prennent désormais le ferry direction Cherbourg.

Le port de Cherbourg a vu débarquer plus d'Irlandais et moins de Britanniques depuis 2021. "Avant la Covid et surtout avant le Brexit, c'était très simple de relier l'Irlande à la France en passant par l'Angleterre : prendre un ferry à Dublin, traverser ensuite l'Angleterre avec son camion puis embarquer à Douvres et arriver à Calais", confie Philippe Deiss, directeur général de Ports de Normandie. Les contraintes administratives imposées depuis la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne ont changé la donne : "Quand vous sortez d'Irlande pour rentrer en Angleterre, vous sortez du territoire européen puis vous le retrouvez à nouveau à Calais, avec de nombreuses procédures douanières et taxes."

Lire aussi. [Photos + vidéos] Tourisme. Quand l'Irlande pose ses valises à Cherbourg

Les transporteurs irlandais se sont donc rabattus massivement sur des liaisons directes, Dublin ou Rosslare - Cherbourg, ou Rosslare - Dunkerque. En moyenne, un départ chaque jour pour l'Irlande est proposé depuis Cherbourg, devenu premier port français du pays du trèfle : "En 2021, on voyait passer 30 000 poids lourds par an entre l'Irlande et Cherbourg, on en traite aujourd'hui plus de 100 000. L'Angleterre était devenue un chemin de croix pour les transporteurs irlandais." Un retour à la normale avec la Grande-Bretagne est annoncé : "Nous revenons petit à petit sur des statistiques qui sont celles de 2019." Cette baisse du trafic anglais, compensée "largement par l'Irlande", pourrait donc être "passagère". Avec le projet de ferroutage à Cherbourg, tout devrait s'arranger (page 7).

De Cherbourg à Bayonne, un terminal ferroviaire source d'emplois

Manche. De Cherbourg à Bayonne, un terminal ferroviaire source d'emplois
Un projet de ferroutage entre le port de Cherbourg et Bayonne verra le jour après l'été 2024.

Un terminal de ferroutage sera créé au sein de l'enceinte du port de Cherbourg, avec de nouveaux emplois à la clé.

L'installation d'un terminal ferroviaire au port de Cherbourg va permettre un retour à la normale du trafic maritime de passagers et de fret en provenance ou vers le Royaume-Uni. L'Irlande, la France ainsi que l'Espagne vont pouvoir également profiter de ce nouveau service qui reliera la péninsule ibérique au port manchois. Cherbourg, de par sa proximité avec la gare, est le seul port français de la Manche à pouvoir être associé à ce projet ferroviaire. Celui-ci n'était pas possible à Dieppe (Seine-Maritime), à Ouistreham (Calvados) ou encore en Bretagne. La première pierre - ou plutôt le premier rail - du terminal multimodal du port a été posée le mardi 29 août. L'objectif est de transporter sur cette ligne ferroviaire 20 000 remorques par an depuis et vers le port cherbourgeois. De nouveaux emplois pourront encore être créés sur le port avec ce projet.

Le calendrier des travaux

La compagnie maritime Brittany Ferries avait remporté en 2020 l'appel à manifestation d'intérêt lancé par le syndicat mixte Ports de Normandie. Elle sera donc à la tête de ce projet de ferroutage entre la cité portuaire et Mouguerre, près de Bayonne. Pour commencer, un aller et un retour par jour devraient être assurés. Le trajet long de 950 kilomètres propose une capacité de transport de 42 remorques dans chaque sens, avec des trains composés de 22 wagons, soit 750 mètres au total. Une première livraison - ce qui ne signifie pas mise en route du projet - de 22 wagons est attendue le 15 décembre 2023. 25 autres arriveront le 31 mai 2024.

Le chantier a débuté en septembre. Suivront, d'octobre 2023 à mars 2024, des travaux de génie civil de la fosse du terminal. Dans le même temps, la voie ferrée entre le port et la gare sera aussi en chantier. C'est en avril 2024 que la pose des équipements aura lieu. Des travaux de voirie sont aussi prévus de février à mai 2024. Les élus et Brittany Ferries espèrent une fin du chantier pour juillet.

Projet de ferroutage : qui paye ?

Brittany Ferries va investir 30 millions d'euros dans ce premier service d'autoroute ferroviaire Atlantique, tandis que Ports de Normandie prend en charge 13 millions d'euros, financés par la Région Normandie (1,7 million d'euros), le Département de la Manche (850 000 euros), l'agglomération du Cotentin (285 000 euros), une part d'autofinancement (8,7 millions d'euros) et l'Europe (1,4 million d'euros). Pour sa part, la SPL Cherbourg Port prévoit d'investir quatre millions d'euros pour la création de bâtiments techniques et l'installation de clôtures.

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