Le parquet a requis dix ans de prison, jeudi 14 septembre, à l'encontre de deux hommes jugés à Lille pour association de malfaiteurs. Ils sont soupçonnés d'avoir participé à l'enlèvement d'Allan Affagard, docker de la zone portuaire du Havre, retrouvé mort en juin 2020, quelques heures après avoir été embarqué par plusieurs hommes à son domicile. Le parquet a par ailleurs demandé l'incarcération immédiate des deux hommes après le jugement et une interdiction pour eux de séjourner en Seine-Maritime.
Délibéré le 12 octobre
Pour savoir si le tribunal correctionnel suit ces réquisitions, la famille du docker devra toutefois patienter jusqu'au jeudi 12 octobre, quand sera rendu le délibéré. Elle s'est présentée à l'audience avec un grand portrait d'Allan. Lui-même avait été mis en examen en 2018 pour association de malfaiteurs dans le cadre d'une vaste enquête pour trafic de stupéfiants sur le port. "Il était devenu une source inscrite au bureau central des sources et communiquait des informations", a indiqué la procureure de la Juridiction interrégionale spécialisée (Jirs) Virginie Girard, lors de l'audience.
Lors de son réquisitoire, elle a rappelé les appels et messages insistants reçus depuis mars 2020 par le docker, lui demandant de faciliter une sortie de cocaïne du port du Havre, dans un contexte d'"augmentation exponentielle" d'importation de cette drogue. "Nous ne pouvons caractériser positivement la participation" des deux prévenus aux faits d'enlèvement et séquestration, mais "pour autant, personne ne peut aujourd'hui affirmer que ce ne sont pas eux qui ont commis les faits car ils ne disposent d'aucun alibi solide", a soulevé la procureure. Elle souligne que ces deux trentenaires de la région havraise ont "contribué à tendre la toile autour de la victime".
Ce qu'on leur reproche
L'un d'eux, déjà condamné à dix-sept reprises, est soupçonné d'avoir fourni des cartes SIM à d'autres protagonistes du dossier. Il a joué le "rôle d'un logisticien, d'un fournisseur de moyens et d'une nourrice", estime le parquet. Au second prévenu, déjà condamné pour enlèvement, il est entre autres reproché le "stockage" d'un véhicule et la possession d'un téléphone utilisés pour les faits, a indiqué la seconde procureure, Lorène Delsaut.
"Devant le chagrin de la famille, on veut faire passer, je ne dirais pas des lampistes, mais des gens qui soi-disant ont un certain rôle dans le dossier, pour des criminels aguerris qui ont commis les faits", a déploré auprès de l'Agence France Presse l'avocat d'un des prévenus, Me Fabien Picchiottino. Ce dernier a plaidé la relaxe, estimant qu'on ne peut pas condamner son client à dix ans de prison "pour avoir eu un moment entre les mains un routeur et des cartes SIM (…) sans qu'on vienne nous démontrer un début de preuve".
L'avocate du second prévenu, Claire-Marie Pépin, a quant à elle insisté sur les pistes restées selon elle non explorées, les principaux protagonistes n'ayant pas été retrouvés.
"La question du pourquoi demeure, a estimé Mirya Le Petit, avocate des proches d'Allan Affagard, à l'issue du procès. La famille entend bien continuer à tout faire pour avoir un jour le fin mot de cette histoire."
Dans ce volet de l'affaire, un troisième prévenu sera jugé le lundi 9 octobre, son avocat ayant été souffrant cette semaine.
Avec AFP
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