![[Dossier]. Périphérique de Caen : quelle galère !](https://medias.tendanceouest.com/photos/1200/412205/)
"C'est une horreur, j'ai mis une heure pour aller au travail ce matin", lâche Jean-Baptiste Martin, tout juste arrivé à son bureau dans le quartier de Venoix à Caen, en provenance de Moult. Depuis la rentrée lundi 4 septembre, le périphérique de Caen est de nouveau saturé aux heures de pointe. Cet automobiliste régulier est pris dans les bouchons dès 8 h 15 sur la portion nord. Et chaque matin, c'est la même chanson. "Je mets trente minutes pour passer le Viaduc de Calix, c'est très compliqué, souffle-t-il, agacé. Sur l'ensemble du trajet, j'ai aussi vite fait d'aller au Havre, mon autre bureau, que de venir à Caen !" De l'autre côté, sur la portion sud du périphérique de Caen, ce n'est pas beaucoup mieux. Charline Frandemiche parcourt les 15 km entre la bretelle de Fleury-sur-Orne et la sortie du Chemin Vert en trente minutes, contre dix minutes quand il n'y a pas d'embouteillages. "En période de vacances, c'est toujours plus calme. Là, c'est la cata, on est quasi à l'arrêt !", soupire-t-elle, faisant remarquer que les mardis et jeudis restent les "pires journées". Elle admet que le soir, le trafic est moins chargé. Selon Jean-Baptiste Martin, c'est le même casse-tête tous les jours. "J'avais espoir que le mercredi soit moins chargé, mais ce n'est pas le cas. C'est frustrant."
Le casse-tête chinois
Des voies d'entrecroisement sont en cours d'installation entre la porte d'Angleterre et la Vallée des Jardins.
Et la majorité des automobilistes sont seuls dans leur voiture. Pourquoi ne pas opter pour le covoiturage ? "J'y ai déjà pensé, mais ce n'est pas toujours pratique car on n'a pas les mêmes horaires que nos collègues. On a aussi des loisirs personnels, nos enfants à récupérer", témoigne Charline, 40 ans. Parfois, elle opte pour le vélo de son domicile, près de Grimbosq, jusqu'à Caen. "Avec l'assistance électrique, c'est une heure de vélo porte-à-porte, soit autant qu'en voiture. Au moins, je ne pollue pas !" Pour Jean-Baptiste, amené à faire beaucoup de déplacements, la voiture est une nécessité professionnelle. L'option du train avait été envisagée, mais les horaires ne conviennent pas. "J'arrive à 19 heures chez moi si je prends le train. J'essaie d'optimiser le temps pour favoriser ma vie de famille", poursuit-il. Alors, pour contourner les ralentissements, il établit une véritable stratégie pour rentrer chez lui. Avant de quitter le travail en fin de journée, il regarde le GPS. "J'ai trois itinéraires possibles pour rentrer chez moi. Je peux passer par le centre-ville et les Rives de l'Orne, mais la situation dans Caen est aussi difficile. L'autre option, c'est de faire tout le tour du périphérique par le sud", ce qui implique de parcourir davantage de kilomètres. Pour éviter les bouchons, Caroline Jeanne, habitante d'une commune au sud de Caen, n'hésite pas à entrer et sortir plusieurs fois du périphérique pour rejoindre son lieu de travail à Hérouville-Saint-Clair. "Je regarde à l'avance l'état du périphérique. J'allonge sans doute la distance, mais je roule mieux", dit-elle. Elle emprunte l'anneau du périphérique quatre fois par semaine : elle a fait le choix d'être en télétravail le jeudi, sur l'une des journées les plus chargées. À l'avenir, elle envisage même de changer de travail "pour être du bon côté de l'agglomération".
Vitesse réduite à 70 km/h sur la partie nord
Des aménagements sur le périphérique nord ont débuté en 2019 et devraient s'achever au printemps 2024. Des voies d'entrecroisement ont été créées.
Les automobilistes qui empruntent régulièrement le périphérique nord de Caen voient bientôt la fin du tunnel. Après quatre ans de travaux, le vaste chantier entre la porte d'Angleterre et la Vallée des Jardins est bientôt terminé.
À quoi ça sert ?
Sur l'extérieur, les ouvriers devraient avoir terminé pour début novembre et, sur le périphérique intérieur, pour début 2024, bien qu'il reste l'enrobé à poser (lire plus loin). Il s'agissait de créer des voies d'entrecroisement, c'est-à-dire "des voies qui relient une bretelle d'entrée et de sortie et qui facilite les échanges avec le périphérique", expose Christophe Leclerc, en charge de la sécurisation du périphérique nord à la Direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement (Dreal). En clair, ces voies d'entrecroisement permettent de créer l'équivalent d'une troisième voie pour s'insérer et sortir plus facilement. Les voies de circulation ont été élargies à 3,50 m et une bande d'arrêt d'urgence de 2,50 m de large a été aménagée. "Cela facilite la mise sur le côté d'un véhicule en panne ou accidenté, mais aussi l'intervention des services de secours", explique Hélène Regnouard, responsable de la maîtrise d'ouvrage des projets routiers au sein de la Dreal. Bien que ces travaux perturbent actuellement la circulation, avec une vitesse réduite à 70 km/h, ils devraient permettre, d'ici l'été prochain, de fluidifier le trafic. Patience, patience…
Patience, des travaux sont encore à venir
De nombreux travaux à venir devraient encore perturber le trafic sur le périphérique de Caen. Par exemple, un an de chantier est prévu sur le Viaduc de Calix en 2026.
Qui n'a pas remarqué une hausse du trafic sur le périphérique de Caen ? Depuis lundi 4 septembre, date de la rentrée scolaire, de nombreux embouteillages se forment aux heures de pointe, si bien que la Direction interdépartementale des routes nord-ouest (Dirno) constate une hausse du nombre de véhicules de 20 % par rapport à cet été. "On est arrivé presque à saturation au niveau du boulevard périphérique", admet Sébastien Lorin, responsable du centre d'ingénierie et de gestion du trafic. Et cela ne va pas aller en s'arrangeant. Si le chantier des voies d'entrecroisement touche bientôt à sa fin sur la partie nord (lire par ailleurs), de nombreux travaux sont à venir sur le périphérique. À commencer par le printemps 2024 : le nouvel enrobé sur cette partie nord sera posé, entre la bretelle Porte d'Angleterre et la Vallée des Jardins. "Il faut une météo clémente pour que la durée de chantier soit la plus courte possible", explique Christophe Leclerc, responsable de la sécurisation du boulevard périphérique nord à la Direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement (Dreal). Le périphérique devrait être partiellement fermé sur cette portion pendant quatre à cinq nuits. Le 31 juillet dernier, trois des quatre bretelles de l'échangeur des Pépinières qui permet de relier le quartier Koenig de Bretteville-sur-Odon au boulevard périphérique de Caen ont été ouvertes. La dernière bretelle, en provenance de l'échangeur de la Porte de Bretagne, sera mise en service cet automne, une fois les travaux de sécurisation de l'ouvrage terminés. Cette dernière phase mettra fin à un chantier débuté en juin 2022.
Un an de chantier sur
le Viaduc de Calix en 2026
En 2024, plusieurs panneaux de signalisation vont être remplacés. Puis, à la fin de cette même année, il restera à construire le mur anti-bruit de la rue Victor-Vinde, au niveau du quartier de la Pierre Heuzé. "L'impact sur la circulation du périphérique sera quasiment nul", assure Christophe Leclerc. Seulement des fermetures partielles de bretelles, de nuit, sont à prévoir. À plus long terme, un chantier colossal devrait débuter sur le Viaduc de Calix, d'ici 2026, afin de garantir sa sécurité. Il faut compter un an de travaux. S'il est difficile de prévoir l'impact sur la circulation pour le moment, il faut s'attendre à des neutralisations de voie et des restrictions pour les poids lourds mais "il n'y aura pas de fermeture totale", tient à rassurer Sébastien Lorin. D'où l'importance de débuter les travaux du nouveau pont de Colombelles en 2024, pour une mise en service à l'été 2025 afin de proposer un itinéraire bis aux nombreux automobilistes.
Sur le périphérique sud, on peut craindre l'arrivée de la plateforme logistique de Carrefour, prévue pour juin 2024 au niveau de la sortie Cormelles-le-Royal, qui pourraient entraîner la venue de nombreux poids lourds à proximité de l'A13. Quoi qu'il en soit, la communauté urbaine tient à favoriser le covoiturage avec de nombreux projets d'extension ou d'ouverture à l'étude. "Ça ne résout pas les problèmes, mais ce sont des actions concrètes afin de désengorger le trafic", expose Nicolas Joyau, vice-président en charge des mobilités à Caen la Mer.
"Il y a environ 80 000 véhicules par jour qui circulent sur le Viaduc de Calix"
Après deux années plus fluides en 2020 et 2021, liées à la Covid-19, le trafic est à nouveau dense sur le périphérique de Caen. Environ 80 000 véhicules par jour circulent sur le Viaduc de Calix par exemple.
Depuis la rentrée, avez-vous constaté que
le périphérique de Caen est plus chargé ?
"Oui, depuis une bonne semaine, on remarque une hausse du trafic avec environ 80 000 véhicules par jour sur le Viaduc de Calix par exemple, soit jusqu'à 4 000 véhicules par heure. Il y a beaucoup de bouchons, notamment entre la porte d'Espagne et le Viaduc de Calix, sur le sens extérieur, et entre la porte de Bretagne et le CHU dans le sens intérieur."
Quelles sont les périodes de la journée
les plus difficiles ?
"Ce sont les heures de pointe entre 7 h et 9 h 30 le matin puis de 16 h 30 à 18 h 30 le soir. Il y a des journées plus chargées que d'autres, comme le lundi, le mardi et le jeudi, avec un transport poids lourd plus important le jeudi. L'effet télétravail a peut-être un impact sur les autres journées."
Les accidents sont-ils fréquents ?
"On compte sept accidents (matériels et corporels) sur le boulevard périphérique de Caen depuis le début de l'année. Dans le détail des six dernières années, 24 accidents ont été comptabilisés en 2017, 18 en 2018, 24 en 2019, 5 en 2020, et 20 en 2022. L'année la plus accidentogène a été 2021, avec 31 accidents."
Que donnez-vous comme conseils
aux automobilistes du quotidien ?
"De regarder les panneaux lumineux qui indiquent les temps de parcours sur le périphérique afin d'adapter leur trajet. Sur le site Bison Futé, la circulation en temps réel est affichée sur une carte. Ils peuvent aussi différer leur trajet ou penser au covoiturage pour aller au travail."
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