[Reportage]. Une rentrée dans la plus petite école de Caen 

Amandine Francois-Goguillon, deuxième adjointe en charge de l'éducation, l'égalité des chances, la famille et la petite enfance à la Ville de Caen.

Pourquoi les écoles du Duc Rollon
et Bicoquet vont-elles fusionner
à la rentrée 2025 ?

"Ces deux écoles sont séparées mais travaillent ensemble. Il y a deux classes sur l'école maternelle du Duc Rollon et quatre sur l'école primaire de Bicoquet. Il était judicieux de conserver une école sur ce quartier historique du centre-ville avec des bâtiments rénovés (restauration, salle polyvalente…) tout en gardant le charme de l'école du Duc Rollon."

Sans ce regroupement, l'une de ces écoles aurait pu disparaître ?

"On ne le souhaitait pas, mais il est vrai que la démographie dans le secteur n'est pas facilitante. À Caen, on a la chance d'avoir des écoles à taille humaine. Celle du Duc Rollon restera une petite école implantée dans un quartier qui ressemble à un village."

C'est un chantier qui a pris du retard…

"Oui, il fallait que l'on soit attentif avec l'architecte des Bâtiments de France compte tenu de l'emplacement de cette école, proche du palais Ducal et de l'hôtel de ville. Les travaux devraient se lancer dès l'été 2024. Les enfants seront transférés à l'école Lemière pour l'année scolaire 2024-2025."

Que va devenir l'école Bicoquet ?

"Une structure petite enfance de la Ville devrait être transférée dans cette école. "

En ce lundi matin, 4 septembre, il y a des sourires, de l'excitation, du stress, et quelques pleurs devant la porte de l'école. 8 h 25, les familles entrent dans la cour pour la rentrée des bambins, accompagnées d'une douce mélodie de flûte traversière, jouée par une jeune musicienne prévue pour l'occasion. L'école met les petits plats dans les grands. Les petits nouveaux découvrent un nouvel univers, tandis que les plus âgés retrouvent très rapidement leurs repères dans la plus petite école de Caen. "C'est une super école de quartier !", clame Camille Meyronnet, maman d'une petite fille qui fait sa première rentrée. Mais elle n'en est pas à son galop d'essai à l'école du Duc Rollon. Son aînée, qui fait sa rentrée en CP à l'école Bicoquet, à quelques mètres de là, a fait toutes ses classes de maternelle ici. Elle vante les atouts de cette école, qui compte seulement une cinquantaine d'enfants. "En petite section, ils sont huit enfants à se connaître alors qu'ils n'étaient pas à la crèche ensemble."

Tous parlent d'une "école de village", d'une "école de campagne en pleine ville", dans un cadre "exceptionnel" où il fait bon vivre. Florie Kegler, maman de Louison qui entre en grande section, se sent chanceuse "d'avoir un écrin comme ça au milieu de la ville", avec une vue sur les bâtiments historiques de l'hôtel de ville. Cette école rassemble en majorité des habitants du coin, qui se déplacent à pied ou à vélo. Le nombre restreint d'élèves rassure Annelouise Braase, main dans la main avec son neveu, André, qui entre en moyenne section. "C'est rassurant d'être dans une petite école. Les classes moins denses permettent de mieux apprendre car les institutrices ont plus de temps avec les enfants." Plus de proximité, plus de liens et une ambiance particulière qui se dégage entre les familles. Cette école rassemble. "C'est hyperconvivial, on rencontre et connaît vite les autres parents", poursuit Florie Kegler.

Solidarité et entraide

Un constat que partage sans hésiter Camille Meyronnet. "L'ambiance entre les parents est géniale. Par exemple, dimanche, on avait organisé un pique-nique avec plusieurs familles. On se connaît tous !" "On y trouve un esprit de famille", se réjouit Emmanuel Meyer, habitant du quartier. Et les petits nouveaux n'ont pas besoin de temps pour s'adapter, à l'image de Marie Bernard, fraîchement arrivée de Paris. "On n'a eu que de bons échos de cette école, notamment par un ami qui a fait son enfance ici." Ici, la solidarité est de mise. Les parents confient facilement leurs enfants à d'autres parents. "Quand un parent a une difficulté pour récupérer son enfant ou l'emmener sur les activités extra-scolaires, on se rend service", assure Pauline Meyer, qui a deux enfants scolarisés dans cette école. D'ailleurs, un groupe WhatsApp a été créé entre les parents de l'école pour s'informer des événements ou nouvelles de l'école. Et l'association des parents d'élèves "Les petits Duc" est très dynamique. Chaque vendredi, toute l'année, des goûters sont organisés par les familles. Pour rien au monde, Camille Meyronnet ne changerait d'école pour ses enfants. "La preuve, on déménage à La Folie Couvrechef, mais on a fait le choix de laisser nos enfants dans cette école."

Cela fait plus de douze ans que Lilou Huchet a quitté l'école maternelle. Étudiante en deuxième année de DUT Techniques de Commercialisation, la jeune femme de 19 ans aujourd'hui garde un très bon souvenir de son enfance à l'école du Duc Rollon. "On habitait tous à côté. Il y avait une ambiance de quartier, dit-elle, nostalgique. On ressemblait à une famille." Si bien qu'à l'époque, elle a noué un lien d'attachement avec une professeure remplaçante. "J'avais pleuré lors de son départ. Elle m'a offert un livre que j'ai toujours dans ma bibliothèque !" Difficile de couper le cordon. Il lui arrive même de remettre les pieds dans l'école. "Rien n'a bougé. Il y a toujours le même dortoir et le même bac à sable, plaisante cette ancienne élève. Je participe encore à la fête de l'école avec des copines, ça nous rappelle de bons souvenirs."

Des élèves privilégiés

Des souvenirs partagés par Clémence Steiner, 19 ans, amie d'enfance de Lilou depuis la petite section. "On jouait tous ensemble", retient-elle. Elle se sent privilégié d'avoir grandi dans cet environnement calme en plein cœur de centre-ville. Bien que les souvenirs soient lointains, elle adorait aller à l'école. "Papa et maman m'emmenaient à pied. On prenait le goûter à la boulangerie juste à côté, puis on allait au parc. S'il fallait que je choisisse une école pour mes enfants, ce serait celle-là !" Cela ne fait pas de doute, il fait bon vivre à l'école du Duc Rollon.