Les sécheresses records et le dérèglement climatique le rappellent chaque jour un peu plus. L'eau est amenée à devenir une ressource de plus en plus précieuse et essentielle à sauvegarder. Parmi les pistes d'économie de cette ressource figure en bonne place l'eau qui est utilisée par les industriels. La laiterie Danone de Ferrières-en-Bray, la plus grande du groupe en France, a travaillé sur un projet baptisé ReUse (réutiliser en anglais), qui lui permettrait de réduire de 30 % sa consommation d'eau du réseau, soit 220 millions de litres par an, ou l'équivalent d'environ 70 piscines olympiques. "L'idée est de traiter l'eau sortie de notre station d'épuration pour qu'il n'y ait plus de bactéries et la réutiliser dans nos solutions de nettoyage", décrit Didier Faubel, responsable d'exploitation process de l'usine.
Réaliser des économies d'eau et mieux revaloriser les eaux usagées en levant les freins administratifs : j'ai accompagné @ChristopheBechu, @StanGuerini et @agnesfirmin en visite l'usine #Danone #PaysDeBray, lauréate d'un projet France expérimentation. pic.twitter.com/ThARNvDQo3
— Xavier Batut (@XavierBatut) August 28, 2023
Les machines qui produisent, puis conditionnent yaourts et autres produits laitiers de l'usine sont effectivement régulièrement nettoyées avec trois rinçages successifs. Les deux premiers utiliseraient cette eau retraitée, ce qui permettrait ainsi cette économie considérable.
Une évolution de la législation
Trois ministres, Stanislas Guerini, Christophe Béchu et Agnès Firmin Le Bodo, sont venus s'inspirer de l'expérimentation de Danone à Ferrières-en-Bray.
C'est ce que sont venus constater, lundi 28 août, pas moins de trois ministres du gouvernement : Christophe Béchu à la Transition écologique, Stanislas Guérini à la Transformation et Agnès Firmin le Bodo, qui représentait le ministère de la Santé. Car dans l'état de la législation actuelle, impossible pour Danone d'intégrer les eaux recyclées et retraitées, même de très bonne qualité, dans son processus de fabrication. C'est ce que le gouvernement entend changer dans le cadre de son plan sur l'eau. "En France, 0,8 % des eaux usées sont réutilisées contre environ 10 % en Italie", déplore le ministre de la Transition écologique. Dès la fin du mois d'août, des ajustements doivent être pris par décret pour assouplir cette législation dans l'industrie. Ce sera octobre pour l'industrie agroalimentaire, et donc potentiellement l'usine de Danone du pays de Bray.
4 millions d'euros d'investissement
Environ 4 millions d'euros seront nécessaires pour améliorer encore la qualité de l'eau de la station d'épuration du site et l'intégrer dans le processus de production. Un investissement pour lequel le directeur de la laiterie, Benoît Mauduyt, compte sur des aides de l'État. Car l'intérêt économique est mesuré pour l'entreprise. "Ce n'est pas le levier numéro 1. Le levier numéro 1, c'est comment on s'implante encore plus dans notre écosystème en réduisant notre empreinte et ça démarre par la consommation d'eau. On va avoir besoin des aides de l'État." Message passé auprès de trois ministres...
Plusieurs millions d'euros d'investissements seront nécessaires pour améliorer encore la qualité de l'eau à la sortie de la station d'épuration.
Le site de Ferrières-en-Bray a été montré en exemple. Sans évolution de la législation, il assure avoir déjà réduit de 20 % sa consommation d'eau, soit 100 millions de litres d'eau par an en moins, en améliorant ces process. "On trouve des compromis sur le temps de nettoyage ou les phases de nettoyage tout en ne prenant aucun risque pour le consommateur", précise Benoît Mauduyt. Si les planètes s'alignent, les investissements sur le site brayon pourraient être opérationnels à l'horizon 2025.
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