Toute conquête de l’ouest prend du temps. A Rouen, au pied du pont Flaubert, le centre commercial des Docks 76 s’est imposé dans le paysage urbain, mais attend toujours avec impatience l’éclosion du quartier Luciline et la finalisation du Palais des sports. Le bilan de ses deux ans d’existence ? Bien, mais peut mieux faire.
Une ville dans la ville
Dernièrement, le départ précipité de l’enseigne Monoprix, résignée à ne plus attendre davantage la construction (retardée) du futur ensemble Luciline, a prouvé que l’avenir et l’équilibre des Docks 76 dépendaient de son intégration dans un véritable quartier, mêlant habitations, services et activités économiques. Pour cela, il faudra encore patienter jusqu’à 2013. Mais Philippe Varin, le directeur des lieux - ainsi que du centre Saint-Sever, puisque les deux appartiennent au groupe français Unibail-Rodamco -, est du genre déterminé : “Ce que nous créons ici, c’est ce qui s’est passé en 1978 sur la rive gauche, à Saint-Sever”, rappelle-t-il. Les Docks 76, première construction majeure sur ces anciennes friches de l’ouest, se veulent être “une locomotive, un moteur, un acteur au cœur de la ville”.
En 2009 et 2010, le centre a attiré près de quatre millions de visiteurs annuels, loin toutefois de son objectif initial de 6,5 millions. “Je vous rassure, c’est toujours l’objectif. Quand nous aurons remplacé Monoprix par une autre enseigne alimentaire et que le Palais des sports et le quartier Luciline sortiront de terre,nous pourrons même viser les 10 millions de visiteurs”, affirme le directeur.
Il faut dire que les Docks 76, attirant bien au-delà de Rouen (65 % des visiteurs), ne manque pas d’atouts. Dans ce centre “de commerce et de loisirs”, tout est fait pour transformer les courses en moment agréable, ponctué de pauses dans des transats ou en terrasse. Ajoutez à cela un cinéma leader (Pathé), avec plus d’un million d’entrées en 2010, et vous saisissez l’immense potentiel des lieux.
Pour Bruno Bertheuil, conseiller général du canton et maire-adjoint de Rouen, les Docks 76 marquent avant tout “la première étape d’une extension de quartier et de densification, qui doit permettre de stopper l’étalement urbain”. L’élu rouennais a une analyse moins commerciale, évidemment. “Il ne faut pas oublier que tout cela doit s’intégrer dans un quartier plus vaste où vivent déjà 13 000 habitants”, rappelle-t-il. “Il faut que la greffe prenne. Nous, élus, devons aménager l’ensemble du quartier, jusqu’aux quais”.
Alors que les responsables des Docks 76 aimeraient que l’automobile ne soit pas la grande oubliée du projet, la municipalité développe un autre point de vue : “le TEOR dessert déjà cette zone et nous voulons développer les transports doux. Mais, en même temps, nous avons plusieurs équipements qui attireront une population de toute l’agglomération, voire plus”, et qui, sauf exception, viendra sûrement en voiture. Dans ce futur quartier où mixité sociale et économies d’énergies seront des maîtres mots, la place de l’auto risque encore d’alimenter bon nombre de débats.
Repères
Croissance. Chaque mois, la fréquentation augmente. “Nous sommes une locomotive pour Rouen, un frein face à l’évasion commerciale”, selon le directeur Pierre Varin.
Transports. Le boulevard de Lesseps est appelé à être “requalifié”. Des pistes cyclables devraient être créées, ainsi que des liens piétons entre les arrêts de TEOR et les quais.
Luciline. Début 2013, quatre premiers immeubles de l’éco-quartier verront le jour en face des Docks 76 : trois d’habitation, dont un de logements sociaux, et un de bureaux.
Commerce. Vendredi 6 mai, les Docks 76 et leurs 80 boutiques ont adhéré à la nouvelle Association des commerçants et artisans de Rouen (ACAR).
Thomas Blachère
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