[Dossier]. Opération : redynamiser le rugby ornais

Les six clubs de rugby ornais étaient auparavant tous autonomes. Désormais, ceux de Sées et de Domfront n'existent plus. Les quatre restants ont formé des ententes sportives. L'objectif est de mettre en commun leurs effectifs, une démarche qui s'avère indispensable pour survivre et continuer la compétition.

Argentan avec L'Aigle, Flers entre Manche et Calvados

Sans équipe réserve et en manque de rugbymen, le CA Aiglon s'est naturellement rapproché d'Argentan. L'entente débute à partir de la catégorie des moins de 14 ans jusqu'à l'équipe séniors. Si le club d'Alençon ne partage pas les joueurs de son équipe première, il travaille également avec ses deux voisins du nord dans les catégories jeunes.

Pour les mêmes raisons, l'équipe séniors de Flers a fusionné avec celle de Vire, dans le Calvados, pour créer le RC Bocage. Les deux clubs sont en entente pour les catégories U14, U16 et U19 avec celui d'Avranches, dans la Manche.

Un RC Ornais envisageable ?

Dans les club-houses, l'idée d'un club unique dans l'Orne a traversé certains esprits. Mais pour le président du Comité départemental Stéphane Labaume (photo), une telle union serait néfaste. Cela signifierait de favoriser la performance et, par conséquent, voir partir les joueurs mis de côté. Quoi qu'il en soit, un RC Ornais n'est plus envisageable en séniors, du fait des diverses ententes en place.

Rares sont les clubs qui proposent une activité sportive accessible à partir de trois ans. Au rugby club d'Alençon, c'est possible grâce à la section "baby", lancée en 2021 et ouverte aux garçons comme aux filles.

À l'inverse des catégories supérieures, la saison du baby rugby n'est ponctuée d'aucun match. "C'est avant tout de la motricité et de l'éveil, auxquels on greffe le rugby, présente Stéphanie Faguier, la responsable. On parle avec les mots du rugby, on leur apprend les règles et on leur inculque la mentalité du sport."

"Le moment de la semaine pour se salir"

Sur le terrain de rugby par tous les temps (sauf météo extrême !), à l'entraînement, les enfants enchaînent les exercices ludiques et les parcours de motricité. "C'est le moment de la semaine où ils peuvent se salir", rigole l'entraîneuse. Côté éveil sensoriel, il y a bien sûr la manipulation du ballon, mais aussi un carré magique dont les côtés sont tous d'une couleur différente. Au "Top !" de la coach qui ressemble plutôt par exemple à "Essai sur le bleu !", les jeunes joueurs vont poser le ballon derrière la ligne de coupelles bleues. En ce qui concerne la motricité, Stéphanie Faguier installe un parcours d'obstacles avec, à l'issue, un choix à faire : faire une roulade ou un placage au coussin.

Son travail en tant qu'éducatrice diplômée est aussi de dédramatiser les chutes "parce que ce ne sera pas la dernière", sourit-elle. Primordial pour la pratique du rugby, il faut aussi comprendre que l'ovalie se joue à la main, ce qui n'est pas toujours une évidence… "Ils ont tendance à vouloir frapper dans le ballon au pied. L'idée, c'est de les faire marquer un essai et après leur faire tirer la transformation."

Côté parents, il est très fréquent qu'ils restent pour regarder leur enfant jouer. Alors, plutôt que d'attendre sur la touche, Stéphanie invite ceux qui le souhaitent à participer à l'entraînement. Cela peut simplement être pour accompagner ou aider leur enfant, ou parfois même sur un exercice, montrer l'exemple à toutes ces jeunes pousses.

Deux groupes à la rentrée

Pour sa troisième saison, la section baby rugby du club d'Alençon opère du changement. Avec une quinzaine d'enfants, Stéphanie Faguier a décidé de scinder le groupe en deux pour avoir à la fois un effectif plus petit à gérer à l'entraînement et réduire la différence d'âge. "Il y a souvent une grosse différence physique, notamment motrice, entre les enfants de trois ans et les enfants de cinq ans", remarque la coach. Depuis cette année, il y a donc d'un côté le groupe des trois à quatre ans et de l'autre le groupe des cinq ans. Les plus vieux ont des entraînements axés davantage sur la pratique du rugby. Le but est d'amorcer la phase d'entrée en catégorie supérieure.

Qu'elle soit physique, rugbystique, au niveau de la timidité ou encore de l'attention, "l'évolution des enfants est vraiment visible à la fin de la saison", conclut-elle, très fière de diriger ses petits.

Pratique. Entraînement chaque samedi matin entre 10 heures et 12 heures à la Plaine des sports d'Alençon.

Qui a dit que le rugby est un sport de contact ? Oubliez les placages et les mêlées : au club de rugby d'Argentan, on pratique le rugby à cinq (R5), aussi appelé rugby à touches ou rugby loisir. Le but du jeu est le même qu'au rugby classique, à savoir marquer plus de points que l'équipe adverse en inscrivant des essais. Côté règles, la passe en arrière reste en vigueur. Le placage est lui remplacé par l'action de poser les deux mains en même temps entre les épaules et les hanches de l'attaquant pour arrêter l'action. L'équipe attaquante a le droit à cinq touchers avant de perdre la possession du ballon.

Un rugby sans peur du contact

Sportifs et non-sportifs, anciens rugbymen et novices… Cette version familiale du rugby est accessible à tous. Pablo Lafarge, ancien joueur de rugby à XV, a commencé le R5 après son opération du dos, il y a quelques années. "Je n'ai plus le droit aux phases de contact, donc c'est un bon compromis pour garder le contact avec le ballon ovale et le sport d'équipe", explique celui qui est aussi l'entraîneur du rugby à cinq à Argentan. L'effectif compte des hommes et des femmes de tout âge et de tout milieu. Le plus jeune de l'équipe a 14 ans, contre une soixantaine d'années pour le plus âgé.

"L'important est de donner la possibilité à n'importe quelle personne de jouer au rugby en se disant : ‘je n'ai pas peur d'aller me faire mal'", conclut Pablo Lafarge.

Le député LR de l'Orne joue dans l'équipe de rugby de l'Assemblée nationale.

D'où vous vient cette passion
pour le rugby ?

"Ça vient de ma région d'origine, l'Ardèche, où le sport local ce n'est pas le foot, mais c'est le rugby. Juste à côté d'où je suis né, c'est le club de La Voulte, ça a été un très grand club avec les frères Camberabero. Je n'ai jamais pratiqué le rugby en club, mais je suis au poste de trois quarts dans l'équipe de l'Assemblée nationale."

Vous y avez disputé une Coupe du monde ?

"C'est la seule équipe de sport à l'Assemblée qui fonctionne avec des entraînements toute l'année. Elle réunit des joueurs de toutes les tendances politiques et on affronte les Gallois, les Anglais, les Écossais. On suit aussi le calendrier de l'équipe de France. En 2019, on est allés disputer la Coupe du monde parlementaire au Japon et, en ce moment, on dispute notre Coupe du monde en France. Les règles sont adaptées, on ne pousse pas les mêlées, mais je m'entretiens physiquement en courant deux fois par semaine, dix à quinze kilomètres."

Votre regard sur l'équipe du XV de France ?

"Je pense qu'on n'a jamais eu une équipe de France aussi forte. Il y a un réservoir de joueurs énorme chez les jeunes qui viennent de remporter la Coupe du monde des moins de vingt ans. Le XV de France est arrivé à maturité, avec des joueurs qui, à leur poste, sont les meilleurs au monde. Toute la planète nous envie Antoine Dupont. On n'a jamais eu autant de chance de remporter cette Coupe du monde."