Il se nomme Assane Diop, vit au XXIe siècle et est incarné par Omar Sy, sans haut-de-forme ni monocle. Pourtant, ce protagoniste de la série Lupin, dont la troisième saison paraîtra le jeudi 5 octobre sur Netflix, a apporté un regain d'intérêt pour l'œuvre originale de Maurice Leblanc, dont il est très librement inspiré. "À chaque fois que l'on ressort le personnage, il y a un effet immédiat dans les librairies. Cela avait déjà été le cas avec le film de 2004, dans lequel jouait Romain Duris", note l'Étretatais Pierre-Antoine Dumarquez, membre de l'Association des amis d'Arsène Lupin (AAAL), dont il fut longtemps le président. La différence, cette fois, c'est que l'engouement perdure… Et qu'il est planétaire ! La première saison de la série a été visionnée par 76 millions de foyers à travers le monde sur la plateforme de vidéos à la demande.
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Un rajeunissement des lecteurs
Le Clos Lupin, la maison de l'écrivain, située à Étretat, est aux premières loges pour constater cet impact.
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Il enregistre 25 000 visiteurs par an, en moyenne. Après la parution de la série, il a totalisé jusqu'à 300 entrées par jour. Un score exceptionnel quand, il y a une dizaine d'années, le record s'établissait rarement à 150 visiteurs quotidiens. La directrice du site, Maryse Alix, ne compte plus le nombre d'articles consacrés au sujet et renvoie désormais les journalistes vers la mairie pour toute demande de reportage. "Ce n'est pas du filtrage, nous sommes bien dans l'optique d'en parler, c'est l'ADN culturel d'Étretat", affirme cependant Estelle Serafin, adjointe au maire en charge du tourisme, qui évalue la hausse de fréquentation à 20 % l'année dernière. "C'était très dense, trop dense… Comme dans le reste du village et dans les autres stations balnéaires, à Honfleur ou Deauville." Si cet été fut davantage conforme aux habitudes, Netflix a cependant fait évoluer la sociologie des visiteurs. Alors que la clientèle était majoritaire francophone, les étrangers visitent désormais eux aussi la maison d'écrivain, notamment les Allemands. "On constate aussi un rajeunissement drastique de la clientèle. Je remercie Omar Sy, poursuit Estelle Serafin. Il a permis de dédiaboliser la littérature classique auprès des jeunes." L'adaptation de L'Aiguille Creuse en manga fait partie des meilleures ventes de la boutique.
Le gentleman cambrioleur se décline aussi en BD classiques, en jeux vidéo, en escape game… "C'est une petite industrie", constate Pierre-Antoine Dumarquez. Alors que l'œuvre de Maurice Leblanc est tombée dans le domaine public en 2012, l'association dont il est membre constitue une sorte de gardien du temple. Elle est en lien régulier avec Florence Boespflug-Leblanc, petite-fille et unique héritière de Maurice Leblanc, qui conserve un droit moral sur les écrits de l'auteur. Avec son Lupin voyou, la version Duris n'avait pas du tout plu à l'AAAL. Sur Netflix, Omar Sy incarne "un émule d'Arsène Lupin plutôt que Lupin lui-même", remarque le passionné, qui apprécie cependant "des tas de clins d'œil à l'œuvre originale que le grand public ne repère pas". Objet culturel ou touristique, Arsène Lupin demeure toujours aussi populaire.
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