Médine était face à une salle comble, jeudi 24 août, au Carré des Docks du Havre. Un public qui n'était pas venu l'entendre chanter mais se faire - ou confirmer - une opinion sur le rappeur originaire de la cité océane, invité des Journées d'été des écologistes. Une "explication de textes" menée par Marine Tondelier, secrétaire nationale des Verts, venue clore trois semaines de polémiques sur fonds d'accusation d'antisémitisme.
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"Rescapée" : "Je n'avais pas mesuré la charge historique et émotionnelle de ce mot"
Dès les premières minutes de son intervention et dans un propos introductif, Médine est revenu sur le tweet jugé antisémite qu'il avait publié à l'encontre de l'essayiste Rachel Khan, petite-fille de déportés, associée au terme "resKHANpé". Une "maladresse" en réponse à une insulte, dit-il. "J'ai été qualifié de 'déchet à trier', j'ai surréagi. Je n'avais absolument pas mesuré la charge historique et la charge émotionnelle du mot 'rescapée'" assure Médine, affirmant ne pas avoir visé la famille de l'essayiste "ou qui que ce soit qui avait vécu la Shoah ou la déportation".
Médine sur le tweet controversé
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Sur la quenelle : "J'ai parasité mon discours"
Médine affirme ne pas regretter des paroles écrites par le passé, "car elles participent à une construction personnelle". Il rappelle néanmoins qu'il ne chante plus un couplet du morceau Grand Médine, qui cible ceux qui lui reprochaient d'avoir fait une quenelle, en 2014, un geste antisémite popularisé par le polémiste Dieudonné. "En pensant faire un geste antisystème, qui contestait une certaine vision de restriction de la liberté d'expression, j'ai parasité mon discours, parce que j'ai été trompé, comme d'autres artistes ou des sportifs", affirme Médine. Pourquoi, alors, a-t-il attendu cinq ans avant de s'excuser, interroge Marine Tondelier. "Je n'avais pas d'espace d'expression à ce moment-là pour le faire. Du coup, cela sonne comme ambigu, reconnaît le rappeur, c'est mon erreur, de ne pas avoir fait de vraies déclarations fermes à ce moment-là. Parce que je suis un artiste et pas un politique."
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Dont Laïk : "Une ode à la laïcité"
Interrogé sur le morceau Dont Laïk dans lequel Médine écrit "crucifions les laïcards comme à Golgotha", il pointe une mauvaise interprétation. Le texte est "une ode à la laïcité" qui dénonce "son utilisation déviée, une utilisation antireligieuse, qui vise à exclure une partie de la population". Le rappeur évoque toutefois le clip, lui aussi radical. "Mon erreur est d'avoir ajouté des images chocs à des paroles qui l'étaient déjà."
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"Les artistes sont terrorisés de prendre la parole"
Médine est revenu sur son engagement en tant qu'artiste. "J'ai décidé de militer, mais je ne veux pas incriminer, culpabiliser ceux qui se limitent" déclare le rappeur havrais, "c'est dangereux de prendre la parole, on s'expose publiquement à des répercussions". Et d'évoquer les trois dernières semaines de polémique : "Cette séquence, ce n'est pas sans répercussion sur ma santé mentale, sur ma famille, sur mes enfants. Tout le monde n'est pas prêt à encaisser ça."
Médine sur son engagement
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"Le maire n'est pas là, j'assure l'intérim"
Avant de conclure, Marine Tondelier interroge Médine sur une phrase du titre "Grenier à seum", dans lequel il se projette comme "maire de la cité" en 2026. "Pourquoi vous m'avez invité ? Le maire n'est pas là, j'assure l'intérim !", répond Médine, alors qu'Édouard Philippe a préféré décliner l'invitation d'EELV à se rendre aux Journées d'été.
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