La famille Jouanneau n'aurait jamais imaginé être confrontée à un tel événement. Depuis la disparition de Mathis en septembre 2011, les parents de Sylvain Jouanneau (le père de Mathis) sont toujours restés discrets.
Jean-Pierre, 80 ans, travaillait dans la banque. Marie-Elisabeth, 77 ans, était enseignante à Caen. Le couple est aujourd'hui retraité. Originaires de la Sarthe, ils se sont installés en Normandie pendant leurs études et ont eu trois enfants "qui s'entendaient bien" : Pascaline, l'aînée de 53 ans qui vit en Suisse, Sylvain, 49 ans, et Florent, le petit dernier âgé de 40 ans qui habite au Canada. Une famille "heureuse" et "unie" qui aimait partir camper sur la Côte d'Azur "pour offrir aux enfants les meilleures vacances possibles" et au ski lors des vacances d'hiver.
Douze ans que le mystère demeure
Le 4 septembre 2011, un événement vient bousculer le cercle familial. Alors que Sylvain Jouanneau, doit ramener son fils de 8 ans chez sa mère, dont il est séparé, ils disparaissent tous les deux dans la nature. Un avis de recherche est lancé. Une enquête ouverte. Les grands-parents, parmi les premiers auditionnés, sont déboussolés. "Au début, on n'y croit pas. Ce n'est pas possible que notre fils fasse une chose pareille, souffle Marie-Elisabeth, toujours très émue à l'évocation des faits. Mathis était la réussite de sa vie, il l'aimait énormément." Sylvain Jouanneau avait été interpellé en décembre 2011, à Villeneuve-lès-Avignon (Gard), sans Mathis.
Depuis, il s'est enfermé dans un monstrueux silence qui plonge la famille maternelle et paternelle de l'enfant dans une incompréhension totale. "Un gâchis", selon les parents de Sylvain Jouanneau, condamné le 4 juin 2015 à 20 ans de prison pour enlèvement et séquestration. Les deux autres enfants de Jean-Pierre et Marie-Elisabeth, "révoltés" contre leur frère, "ne comprennent pas que l'on cherche à garder contact avec lui", poursuit la maman qui, pas plus que son mari, n'a pas vu son fils depuis quatre ans. Il "refuse toute relation depuis juin 2019", depuis son transfert d'établissement carcéral en Dordogne. Ils décrivent des échanges parfois "tendus" au parloir lorsque Sylvain était encore à la prison de Val-de-Reuil (Eure). "Il ne voulait pas entendre parler de Mathis, ni de la famille. Il nous reprochait de ne pas l'avoir soutenu au procès, regrette le père. Il ne nous racontait pas plus ses conditions de détention." "Je suis allée le voir 45 fois à la maison d'arrêt pour essayer de le faire parler", poursuit sa femme. En vain. Personne n'est jamais parvenu à lui faire dire où était Mathis. "Cela fait douze ans qu'il ne veut pas lâcher le morceau", ajoute-t-elle. Pour les grands-parents, la douleur est immense. "C'est la double peine. Faire disparaître son fils, notre petit-fils, et semer la zizanie dans notre famille, c'est la pire des choses. On s'est souvent demandé 'qu'est-ce qu'on a fait pour mériter cela ?'", lâche Marie-Elisabeth, au bord des larmes.
"Je n'arrive pas à imaginer
que Sylvain ait tué son fils"
Peuvent-ils lui pardonner ? "C'est très difficile, il reste mon fils. Il aurait voulu qu'on l'aide, ce n'était pas possible. On ne peut pas pardonner." Le combat pour essayer de connaître la vérité continue pour Jean-Pierre et Marie-Elisabeth Jouanneau. Ils veulent y croire. "Je n'arrive pas à imaginer que Sylvain ait tué son fils. Je suis sûre que Mathis est en vie. On ne l'oublie pas. Mathis est avec nous tous les jours", confie la grand-mère.
Une enquête pour meurtre est toujours en cours. Plusieurs portraits vieillis de Mathis ont été édités pour tenter de faire avancer les recherches. En 2020, la police avait relancé un appel à témoins à l'occasion de la Journée internationale des enfants disparus. Il y a deux ans, l'émission Appel à témoins diffusée sur M6 avait redonné de l'élan à l'enquête en avançant l'éventuelle présence de Mathis dans la ville d'Avignon. Depuis, aucune piste sérieuse n'a permis d'en savoir plus. Il aurait aujourd'hui 20 ans.
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