Sur l'étiquette que Jean-Claude Bourdon édite chaque année pour la coller sur ses bouteilles de vin, figure immanquablement la photo d'un ou plusieurs de ses petits-fils, qui vivent à deux pas de chez lui. Il faut dire qu'ils ont grandi avec ce projet un peu fou, né dans la tête de leur grand-père à peine la retraite arrivée. L'homme avait pourtant derrière lui une vie bien remplie : un temps boucher, il est devenu chef d'entreprise en rachetant une cafétéria à Flers, puis une deuxième à La Ferté-Macé. Sans compter les dix-neuf années "passionnantes" à la tête de la mairie de Cerisy-Belle-Étoile en parallèle de son métier.
Une liane dans la rivière
Mais Jean-Claude Bourdon n'est pas du genre à rester sans rien faire : "Je crois que j'avais besoin de m'occuper…" Assis dans le canapé de sa maison de Cerisy, l'ancien maire se souvient, l'air mi-sérieux, mi-amusé, derrière son épaisse moustache grise : "C'était en 2009. Alors que je faisais des travaux dans la maison de ma fille, je suis allé prendre de l'eau en contrebas pour mon ciment." Jean-Claude Bourdon repère alors une sorte de liane. En suivant la plante qui a grimpé dans un arbre, le jeune retraité se rend compte qu'il s'agit d'un pied de vigne : "Ça faisait 70 ans que le voisin d'en face vivait là, et il n'avait jamais vu qu'une vigne poussait là ! "
"On m'a beaucoup traité
de farfelu"
L'homme à la personnalité discrète n'en est pas moins tenace. L'idée de planter des vignes sur un terrain hérité de ses parents, à 500 mètres de chez lui, fait son chemin, malgré les remarques étonnées : "Quand j'ai commencé à dire que j'allais planter de la vigne en Normandie, on m'a beaucoup traité de farfelu." Mais, "pour conforter [s]on idée", il se documente, et découvre que son projet n'est pas si incongru. "Jusqu'au XIIIe siècle, il n'y avait pas de pommes dans l'Orne, mais de la vigne !" Selon ses recherches, c'est un roi qui, pendant la guerre de 100 ans, fait abattre les pieds de vigne de la région, attaqués par le phylloxéra. Amusant, la terre sur laquelle est plantée sa vigne s'appelle d'ailleurs : La Vignonnière.
Fort des conseils avisés d'un viticulteur bordelais, gendre d'une habitante de Cerisy, le retraité a choisi et planté 160 pieds de pinot noir et 40 de chardonnay. Année après année, il a appris à se prémunir des maladies comme le mildiou et l'oïdium, à tailler sa vigne et à la traiter le plus sainement possible, avec seulement du soufre et de la bouillie bordelaise, à égrapper le raisin, à le presser dans une pièce aménagée dans son jardin. Puis à laisser macérer en mélangeant régulièrement, en attendant que le mélange atteigne 1 000° de sucre, avant de le laisser vieillir dans une cuve. "Ces deux ou trois dernières années, le climat d'ailleurs s'est avéré tout à fait propice", affirme le vigneron amateur.
Un climat propice
Mais "tout ça, c'est pour mon plaisir". Loin de rechercher la performance, il n'aime rien tant que le chaleureux après-midi annuel de vendanges qui se tient chaque année vers le début du mois d'octobre, suivi d'un grand repas convivial, que ne manquent jamais ses voisins de petits-enfants. Le nom choisi pour son vin leur rend d'ailleurs hommage, puisqu'il porte le nom de l'aîné des trois : "Clos Martin de la Vignonnière".
Ambassadeur de l'Orne auprès des anciens maires
Jean-Claude Bourdon a accueilli en 2018 le congrès bisannuel des anciens maires de France, à Bagnoles-de-l'Orne.
Peu après avoir raccroché son écharpe de maire, Jean-Claude Bourdon arrive, en 2011, à la présidence de l'Association des anciens maires et adjoints de l'Orne, dont il est encore aujourd'hui le vice-président. Il se souvient d'avoir accueilli le congrès bisannuel de l'association nationale à Bagnoles-de-l'Orne. "On dit toujours que notre département n'est pas connu : je voulais vendre l'Orne !"
300 anciens édiles
Après un travail d'organisation intense, la ville thermale a ainsi vu séjourner pendant quatre jours 300 anciens édiles et leurs conjoints, pour une découverte de la région : Carrouges, musée de Flers, biscuiterie de Lonlay-L'Abbaye, vallon de Mont-Ormel, Haras du Pin : "Lors du congrès suivant, j'ai revu plein de personnes enchantées. Elle est belle notre région !"
"Ma priorité, c'était d'être à l'écoute des habitants"
Jean-Claude Bourdon a fait de l'écoute des habitants la priorité de son mandat de maire à Cerisy-Belle-Étoile.
Jean-Claude Bourdon ne se serait sans doute jamais lancé en politique sans cette idée de son voisin : "Il voulait absolument qu'on fasse une liste. Finalement, je suis passé, et pas lui !" Après six ans comme conseiller municipal, il se présente à la mairie de cette commune d'alors 800 habitants. Il y restera 19 ans, dont il garde un souvenir très fort. "Ma priorité, c'était d'être à l'écoute des habitants. Ils savaient qu'ils pouvaient me joindre à toute heure."
Réalisations
L'ancien maire compte aussi quelques réalisations à son actif, comme la scène aménagée pour la traditionnelle Fête des rhodos, l'événement local, aujourd'hui remplacé par le Festival des Bichoiseries. Une mission qui l'a rendu très heureux, qu'il a toujours considérée comme un service, ne se versant que la moitié de l'indemnité.
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