Il sourit un peu. "Mieux vaut, dit-il, prendre cela avec philosophie." Elle, peine à retenir ses larmes, encore choquée par ce qu'elle a vécu. "J'ai du mal à réaliser." Tous deux se tiennent la main pour la photo, devant ce qu'il reste de leur maison dévastée. Le toit est en lambeaux. Au-dessus du garage, il s'est ouvert en deux. C'était la semaine dernière, dimanche 18 juin, dans le pays de Caux, à deux pas de la gare de Motteville. La commune proche d'Yvetot compte à peine un millier d'habitants. Au centre-bourg, la mairie, l'église et un bistrot-restaurant épicerie. Tout à côté, les entrepôts Le Picard, de stockage agricole, et la gare ferroviaire.
Sur le coup de 15 heures, le vent s'est mis à souffler et la tornade qui s'est formée au-dessus du village a tout dévasté sur son passage : un couloir de quelques mètres qui a emprunté, depuis l'arrière de la gare, la zone pavillonnaire, à deux pas du centre-bourg.
Julia, maman de deux enfants de 12 et 14 ans, vit dans le quartier. Elle a tout vu et a échappé au pire. "En fait, la tornade s'est déplacée à quelques mètres de chez nous. Ça volait un peu partout dans le ciel autour de nous. Des branches, du plastique… Comme s'ils étaient pris dans une espèce de tourbillon." La scène a été filmée autour du stade de foot. Ce dimanche, s'y déroulait un tournoi, les joueurs et le public ont vite cherché des abris pour se protéger.
Victimes d'un déluge, ils ont déménagé
il y a 30 ans pour fuir les intempéries
Bruno et Valérie Dubuc, 52 et 54 ans, eux, vivent à l'endroit même où la tornade s'est déplacée. Ils n'avaient jamais connu cela, jamais connu pareille tempête au-dessus de leur tête. Le hasard fait mal les choses : s'ils se sont installés dans ce village tranquille, c'était pour échapper, il y a une trentaine d'années, à ce qu'ils avaient connu à l'époque. Bruno et Valérie Dubuc furent victimes à leur ancienne adresse du déluge emportant sous les flots une partie de leurs biens, leur maison d'alors s'étant retrouvée sous plus d'un mètre cinquante d'eau. "C'est pour cela qu'on a déménagé."
Le destin est cruel et l'histoire se répète : dimanche 18 juin, en pleine journée de la fête des pères, c'est le vent qui s'est invité au repas d'anniversaire. "Je m'en serais bien passée, vous parlez d'un cadeau", dit Valérie. Elle revoit la scène, cela n'a pas duré plus d'une minute, mais c'était une éternité. "Nous déjeunions sur la terrasse de la maison, tous ensemble, avec nos enfants, Annaïs, Matthieu et Pierre, et nos petits-enfants, Lana et Sacha, quand on a senti le vent monter. Mon mari, aidé d'un de nos garçons, a rangé les tôles qui servaient de toit au barbecue. C'est à ce moment-là que tout s'est précipité. Juste au moment où je servais le camembert !"
Une poutre dans le pare-brise
On connaît la suite : le gros nuage noir s'est transformé en tornade et il n'y avait plus rien à faire, sauf à s'en protéger tant bien que mal. La tonnelle de la terrasse s'est pliée en quatre, le toit a volé en éclats, une partie du bâtiment principal s'est envolée comme un fétu de pailles.
Bruno et Valérie Dubuc ont pourtant l'habitude des sinistres - elle est ambulancière et lui travaille comme patrouilleur sur les autoroutes, il est aussi pompier volontaire à Yerville, la commune d'à côté - mais la scène les a tout de même impressionnés.
La 206 de Pierre, leur fils, en sait quelque chose : stationnée tout près des bâtiments, sa voiture noire a été victime collatérale de la tornade : une poutre s'est figée dans le pare-brise !
Valérie se souviendra longtemps de cet anniversaire très agité. Ses enfants lui avaient fait un joli petit cadeau : passer une nuit de rêve tout en haut d'une cabane perchée dans les arbres !
Elle préfère en sourire et prévenir : "Avant d'en profiter, je consulterai la météo pour vérifier qu'il n'y ait pas de vent !"
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